Fermer la jungle du Darién aux migrants, la promesse “impossible” du président du Panama

C’est l’une des propositions chocs du nouveau président conservateur du Panama, José Raúl Mulino, élu lundi 6 mai, qui a particulièrement retenu l’attention de la Colombie voisine : celle de “fermer l’accès” à la dangereuse jungle du Darién que traversent chaque année des centaines de milliers de migrants à la recherche du rêve américain.

Une promesse “impossible” à tenir, selon l’ex-ministre des Affaires étrangères colombien Julio Londoño, interrogé par le quotidien El Espectador, qui a le mérite de mettre en lumière ce qui se passe dans cette immense forêt qui sépare l’Amérique du Sud de l’Amérique centrale et où pullulent les groupes criminels.

Selon les chiffres officiels, en 2023, les passeurs qui y opèrent auraient fait traverser plus d’un demi-million de personnes, en tout premier lieu des Vénézuéliens – environ 328 000 – qui fuient leur pays en crise économique et politique.

Bajo Chiquito Bouchon du Darien Panama. Courrier International
Bajo Chiquito Bouchon du Darien Panama. Courrier International

Itinéraires secondaires

Mais si l’ex-président des États-Unis Donald Trump “n’a pas été en mesure de fermer la frontière entre les États-Unis et le Mexique […], je pense que fermer la passe du Darién relève de la science-fiction”, insiste Julio Londoño.

C’est “complètement irréel”, surenchéri Caitlyn Yates, chercheuse au centre Robert Strauss pour la sécurité et le droit international. Non seulement parce que c’est une frontière mal définie et avec une présence très limitée des pouvoirs publics, mais aussi parce que “même si les principales routes empruntées actuellement par les migrants devaient être fermées, il existe d’autres itinéraires à travers la jungle”, ou en “un transport maritime” le long des côtes colombiennes et panaméennes.

Les deux derniers gouvernements panaméens ont mis en place une politique dite de “flux contrôlé”, qui ne renvoie pas les migrants vers leur point de départ, mais qui ne leur permet pas non plus de demander asile ou de rester sur le territoire national.

Selon Caitlyn Yates, ce que pourrait plus vraisemblablement organiser José Raúl Mulino, élu avec 34 % des voix jusqu’en 2029, serait une “meilleure coopération et un meilleur échange d’information avec les autres pays de la région”, et en tout premier lieu avec la Colombie, avec laquelle elle partage une frontière de 266 kilomètres. “Pas seulement en ce qui concerne les migrants, mais aussi le trafic de drogue, l’exploitation minière illégale et la déforestation.”

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