"Elle fermait tout le temps à clé": séquestrée pendant 3 ans par sa mère et sa sœur, Gaëlle raconte son calvaire

Gaëlle Boulestin s'est échappée d'une maison dans laquelle elle dit avoir été retenue de force pendant trois ans par sa mère et sa sœur. Elle est désormais aidée financièrement par une association pour vivre dans un hôtel avant de trouver un appartement.

"Maintenant que je suis sortie de cette maison, je n’y retournerai pas." Après trois années passées enfermée de force dans une bâtisse délabrée de Bignay, en Charente-Maritime, Gaëlle Boulestin entrevoit enfin la fin du calvaire. Dans la nuit du 24 au 25 août, elle a réussi à échapper à la vigilance de sa mère et de sa sœur qui la séquestraient depuis tout ce temps, dit-elle. Toutes deux ont été mises en examen pour "séquestration de nature criminelle" et écrouées.

Après son évasion, Gaëlle Boulestin, 25 ans, a été ballottée de foyer en hôtel pour atterrir aujourd’hui dans un logement financé par une association. "Le bien, c’est d’avoir quitté cette maison", sourit Gaëlle, soulagée par la fin de cette parenthèse tragique. Rien ne laissait pourtant présager d’un tel repli de sa famille.

"Mon enfance s’est bien passée. Je m’entendais bien avec ma grande sœur et ma mère", raconte la jeune femme interrogée par BFMTV.

"Elle fermait tout le temps à clé"

Après avoir réussi sa première année de capacité en droit, une formation qui donne la possibilité aux non-bacheliers de s'inscrire dans l'enseignement supérieur, Gaëlle compte poursuivre ses études. Mais, du jour au lendemain, sa mère refuse de continuer de l’emmener à la faculté de Bordeaux, située à plus de 150 km de l’endroit où elles résident.

"Elle a commencé à ne nous autoriser à sortir que pour faire des courses, elle fermait tout le temps à clé. Quand ma mère quittait la maison, elle essayait de le faire sans qu’on s’en rende compte et elle verrouillait tout", dépeint la jeune femme aux cheveux ébouriffés.

Peu à peu, le piège se referme sur Gaëlle. Il lui est même interdit de sortir dans le jardin de la maison. Son quotidien se résume donc à vivoter dans une bâtisse "délabrée", où "les conditions ne sont pas propices pour vivre", décrit-elle pudiquement.

"Pas d'électricité, pas d'eau courante"

"Il y avait des fuites, quand il pleuvait, de l’eau tombait du toit. Il n’y avait pas d'électricité, pas d’eau courante, pas de téléphone. Ma mère avait installé des planches de bois sur les fenêtres pour nous barricader à cause des disputes", explique Gaëlle, précisant que sa soeur s'est rendue "complice" de cette séquestration.

La sphère privée de la jeune femme est contenue dans une pièce du premier étage, dans laquelle elle dort sur un matelas gonflable crevé. Elle y passe la majeure partie de ses journées, à l’exception des repas. "Pour manger je descendais dans la pseudo-cuisine mais je n’y allais pas avec ma mère et ma soeur parce que je ne voulais pas".

"On mangeait grâce à la pension alimentaire de mon père mais il ne la donnait pas tous les mois donc parfois, on avait un peu faim, mais en général on mangeait normalement", assure-t-elle.

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Régulièrement, Gaëlle dit à sa mère qu’elle ne veut "plus vivre là" mais "ça déclenchait des disputes avec beaucoup de cris. Ma mère me frappait aussi pendant ces disputes". Alors, le 24 août vers minuit, elle tente encore de s’enfuir. Après une nouvelle effusion de voix au cours de laquelle une fenêtre est cassée à l’étage, Gaëlle profite que sa mère tente de la réparer pour se faufiler par une fenêtre du rez-de-chaussée. Elle court se réfugier chez une voisine, qui prévient les gendarmes. Elle est enfin libérée de son calvaire.

Depuis, Gaëlle Boulestin a déposé plainte contre sa mère mais pas contre sa sœur, qui est toutefois mise en examen dans le cadre de l’enquête. En garde à vue, sa mère a contesté les dénonciations de sa fille. Sa sœur n'a pas souhaité s'exprimer. Elles affichent chacune un casier judiciaire vierge de toute condamnation. Aujourd’hui, Gaëlle dit espérer "trouver un appartement, même dans une autre région", pour commencer une nouvelle vie et laisser ces trois années derrière elle.

Article original publié sur BFMTV.com

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