Ferghane Azihari – Travailler moins en vivant plus… Et maintenant ?

Face aux interrogations sur l'âge légal de départ à la retraite, ne serait-il pas préférable de penser à un changement de modèle de financement ?
Face aux interrogations sur l'âge légal de départ à la retraite, ne serait-il pas préférable de penser à un changement de modèle de financement ?

Doit-on travailler plus vieux au motif qu'on vit plus longtemps ? La réponse est moins évidente qu'il n'y paraît. Depuis deux siècles, l'histoire du travail en Occident est celle de sa réduction, conformément à un idéal exprimé depuis des temps immémoriaux. En 1516, le penseur Thomas More imagine dans son utopie un monde où six heures de travail par jour « produisent abondamment toutes les nécessités et commodités de la vie ».

Le progrès industriel ringardise cette utopie. Les gains de productivité générés par les innovations, le machinisme et le commerce ont libéré les enfants de la vie laborieuse. Ils ont réduit le temps de travail annuel de l'ouvrier français, qui passe de 3 000 à 1 500 heures entre le XIXe siècle et aujourd'hui, soit 4 heures par jour. Dans le même temps, l'espérance de vie croît tandis que la figure du retraité s'installe.

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Les institutions de prévoyance et les caisses d'épargne – dont le rôle fut décisif dans l'industrialisation du pays – prennent leur essor au XIXe siècle à mesure que la probabilité de vivre vieux augmente en même temps que le pouvoir d'achat. Encore que la capacité à se projeter dans le grand âge fut longtemps un luxe.

C'est pourquoi les syndicats luttèrent dans un premier temps contre l'assurance-retraite obligatoire. La loi sur les retraites ouvrières et paysannes de 1910 fut dénoncée comme une duperie, une « retraite des morts ». L'obli [...] Lire la suite