Une femme mordue par une chauve-souris: un cas plutôt rare mais qu'il ne faut pas prendre à la légère
Dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 janvier, en sortant récupérer son chargeur de téléphone dans sa voiture, une habitante des Côtes-d’Armor a fait une rare rencontre. Dans le noir, elle a senti quelque chose percuter sa joue et a porté ma main vers son visage.
"En entendant ses cris stridents très caractéristiques, j'ai compris que c'était une chauve-souris et j'ai paniqué. Avec mon bras, je l'avais bloquée involontairement contre moi et elle s'est agrippée", raconte la jeune femme de 21 ans auprès de Ouest-France.
Rapidement débarrassée de l'animal, elle découvre sa joue en sang, avec "comme des traces de griffures et de morsures". Deux jours plus tard, sa blessure prend un mauvais aspect et un médecin lui conseille de se rendre aux urgences.
Là, elle subit une série de tests, une injection contre la rage et le tétanos et des immunoglobulines pour booster ses défenses immunitaires. Plus tard, elle est même hospitalisée deux jours au service d'infectiologie pour observation.
Guidage par ultrasons
Faut-il craindre d'être attaqué par une chauve-souris, notamment avec le retour prochain des beaux jours? Comme le rappelle la Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM), les contacts fortuits sont rares. "Son vol est très précis et son système de guidage par ultrasons (écholocalisation) permet de détecter des objets d'une grande finesse", indique-t-elle.
"La légende est tenace mais jamais une chauve-souris ne se prendra dans vos cheveux", ajoute la SFEPM.
En outre, elle précise que les chauves-souris peuvent "chasser jusqu'à 3.000 insectes par nuit". "De quoi réguler durablement les populations d'insectes et ménager une certaine quiétude sur votre terrasse les soirs d'été", écrit la SFEPM.
Toutefois, en raison des activités humaines et du dérèglement climatique, les chiroptères sont de plus en plus menacés et leur population est en baisse. Selon l'Observatoire national de la biodiversité, 43% des chauves-souris ont disparu en France entre 2006 et 2021.
Peuvent être porteuses du virus de la rage
Si vous trouvez une chauve-souris blessée ou affaiblie ou bien qu'elle s'est invitée chez vous, il est très important de ne pas la toucher et d'appeler un spécialiste et, en dernier recours, de la manipuler avec des gants épais. "Elle ne mordra que si on tente de la manipuler", précise la SFEPM.
Si les griffures ou morsures sont rares, les chauves-souris peuvent toutefois être porteuses du virus de la rage, le lyssavirus EBLV-1 sur le territoire métropolitain. Seules deux espèces de chauve-souris sur les 36 connues en France peuvent le porter.
"Les lyssavirus sont transmis à l'homme par la salive d'un animal atteint de rage soit lors d'une morsure, soit lors d’une griffure ou d’un léchage sur une blessure, une lésion cutanée récente ou une muqueuse", explique ainsi l'Anses, qui précise qu'il peut parfois ne pas y avoir de plaie visible sur la peau, ce qui ne signifie pas l'absence de morsure ou griffure.
"Il faut savoir qu'une chauve-souris contaminée n'est généralement pas agressive, elle sera tout au plus apathique et affaiblie", complète la SFEPM.
Un traitement préventif efficace
L'organisme préconise de "nettoyer soigneusement la plaie au savon, puis de rincer abondamment et d’appliquer une solution antiseptique". Ensuite, il convient de contacter un médecin, qui pourra rediriger vers un centre antirabique (CAR).
En 2022, l'institut Pasteur a recensé 461 patients ayant reçu une prophylaxie post-exposition, c'est-à-dire un traitement préventif, après un contact avec une chauve-souris dont 93 en Guyane et 17 à l'étranger.
Le traitement, s’il est nécessaire, pourra associer vaccin et immunoglobulines, et nécessitera plusieurs injections. "Son efficacité lorsqu’il est conduit jusqu’à la fin des injections est totale", assure l'Anses.
Toutefois, les cas de transmission de rage à l'humain par une chauve-souris sont rares. En août 2019, un cas de rage a provoqué le décès d'un patient en Nouvelle-Aquitaine. C'était le premier cas autochtone en métropole depuis 1924.