Nos favoris 2018 côté pop…

Dix albums pour raconter l’année musicale telle qu’on l’a vécue à «Libé» sur le continent des musiques populaires.

A force de prophétiser sa refondation par le streaming et les réseaux, on en avait presque oublié que l’album n’avait en fait jamais trouvé sa forme ni son format, et demeurait encore, soixante-dix ans après son avènement, un vaste champ d’expérimentation. C’est peut-être le seul trait commun à ces dix propositions de musique polyglottes et polyfacétiques aux durées très diverses (de vingt-quatre minutes à huit heures), chargées d’ambitions aussi variées qu’il est possible de l’envisager. Quelques-unes n’aspirent à rien d’autre que la confession intime ; d’autres à tout retourner, de l’art de la danse à la grande valse de nos identités ; certaines, enfin, visant à tout cela à la fois.

Des émissions de radio pirate dont il dit s’être inspiré pour composer ce monstre de huit heures, le grand duo électronique a surtout retenu le plaisir de surprendre son auditoire. Un énième accomplissement en trente ans de carrière, qui aboutit à l’une des œuvres les plus nourrissantes et stimulantes de l’exercice.

Précipité d’un désarroi amoureux et d’un demi-siècle de musiques graves et légères do Brasil, ce premier album qu’emballent enjôleusement cuivres, cordes et boiseries accomplit le prodige de méditer sur l’éternité des cycles, en art comme en politique, en histoire comme en amour, à la lumière jamais étroite d’une peine de cœur. Un chef-d’œuvre inespéré, signé d’un néobaladin tropical de 26 ans découvert au printemps, dont l’amère lucidité ne se réverbère que plus cruellement à l’heure du retour du fascisme à la tête de son pays.

D’aucuns diront que couronner disque si court, obsessionnel et écorché l’année des pimpants blockbusters Astroworld (de Travis Scott) ou SR3MM (de Rae Sremmurd) serait un poil chichiteux. La faute en revient à la musique formidable du kid californien, rappeur actuel le plus universel dans son extravagance et sa singularité.

Révélation (...)

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