Il faut sauver le soldat cinéma après un été « pas terrible » - DOSSIER

Photo d'illustration prise le 14 mars 2021 dans un cinéma de Nantes, lors d'une action pour la réouverture des salles
LOIC VENANCE via AFP Photo d'illustration prise le 14 mars 2021 dans un cinéma de Nantes, lors d'une action pour la réouverture des salles

LOIC VENANCE via AFP

Photo d'illustration prise le 14 mars 2021 dans un cinéma de Nantes, lors d'une action pour la réouverture des salles

CINEMA - « On est préoccupé chaque mois depuis notre réouverture », nous confiait un exploitant. Les chiffres de fréquentation des salles cet été ne vont malheureusement pas rassurer le monde du cinéma. Avec un bilan estimé à 14,06 millions d’entrées en juillet et 10,66 millions d’entrées en août, les compteurs sont toujours inférieurs de 25 % à 30 % par rapport à l’année 2019 qui précède la pandémie.

L’été avait pourtant commencé sur une note d’espoir avec le carton plein de la Fête du cinéma, qui enregistrait tout début juillet son record de fréquentation sur les cinq dernières années. Mais deux mois plus tard, force est de constater que pour les salles la courbe ne repart toujours pas à la hausse. Moins « catastrophique » que « certains le prédisaient », le bilan de l’été n’est « pas terrible », concède au Parisien Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF).

« L’été n’a pas été bon », souffle au quotidien Éric Marti, directeur de Comscore et spécialiste de l’analyse du box-office, qui souligne qu’il y a « un million d’entrées en moins » par rapport à « l’été 2021, pourtant difficile à cause des mesures sanitaires ». Un chiffre confirmé par l’étude du CNC, publiée ce mardi 6 septembre. Le Centre du cinéma et de l’image animée estime la baisse à 1,4 % par rapport à juillet 2021, et même 5,6 % de spectateurs en moins par rapport à août 2021 alors que le pass sanitaire était en vigueur.

Tout au long de l’été, Le HuffPost s’est penché sur les raisons qui expliquent ce désintérêt des Français, les nouvelles réalités auxquelles les salles doivent faire face et aussi les solutions qu’elles tentent de mettre en place. Parce que derrière les paillettes que nous mettent dans les yeux les prestigieux festivals de la Mostra de Venise et de Deauville qui se tiennent ces jours-ci à grand renfort de stars, il va bientôt devenir urgent de sauver le soldat cinéma.

Cinéma, télé, streaming… Où les Français préfèrent regarder les films

Selon un sondage Yougov réalisé pour Le HuffPost début juillet, 43 % des Français interrogés disent ne pas être allés au cinéma depuis mai 2021, mois qui marquait la levée des restrictions dans les lieux de culture. Si les plus jeunes (18-24 ans) sont ceux qui sont retournés le plus dans les salles obscures, la proportion de ceux qui les boudent dépasse les 50 % chez les plus de 55 ans.

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38 % des Français confirment avoir modifié leurs habitudes depuis la crise du Covid, allant moins ou plus du tout au cinéma. Les films, c’est désormais à la télévision qu’ils préfèrent les regarder pour 38 % d’entre eux - proportion qui avoisine les 50 % pour les plus des 55 ans. Un autre tiers (32 %) opte plutôt pour une (ou plusieurs) plateformes de streaming.

Les plateformes de streaming n’attirent pas que les jeunes

Et contrairement aux idées reçues, ces changements d’habitude concernent toutes les tranches d’âge de la population. Netflix, Disney +, Amazon Prime, Apple Tv +, ou encore MyCanal… L’utilisation des plateformes de streaming s’est largement démocratisée en France auprès de toutes les cibles.

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Suite à notre appel à témoignages, des lecteurs de plus de 50 ans ont expliqué au HuffPost les raisons pour lesquelles ils préfèrent les petits écrans aux grands. Tous mentionnent d’abord des places de cinéma trop chères, avant d’évoquer la richesse des catalogues - avec l’avantage d’alterner formats courts et longs métrages.

L’absence de blockbuster en août va-t-elle aggraver la donne pour les salles ?

Les sorties de blockbusters ont fait office de bouées de sauvetage des salles françaises depuis le début de l’année 2022. Les succès de films comme Top Gun ou encore Jurassic World leur ont permis jusque-là de ne pas sombrer. Et ce sont ces mêmes longs-métrages qui ont fait marcher les salles tout l’été, puisque Top Gun, Les Minions 2 et Jurassic World forment le top 3 des entrées.

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Et tandis que les blockbusters font le plein, les productions françaises sont à la peine à l’image de L’Année du requin et ses 120 000 entrées, ou Joyeuse Retraite 2 avec moins de 350 000 entrées (contre 1,2 million pour le premier volet). « Cela ressemble à ce que l’on observe depuis octobre de l’année dernière : un mouvement de stop-and-go, avec des films qui marchent, puis un ralentissement, par vagues, sans continuité réelle », complète le directeur de ComScore au Parisien.

Ce vieux film est-il l’exemple à suivre pour faire revenir les gens au cinéma ?

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. La maman et la putain de Jean Eustache, classique du cinéma français ressorti en salles, a dépassé les 30 000 entrées après un mois d’exploitation. La société des Films du Losange, à qui l’on doit la restauration de cette œuvre apparue pour la première fois sur les écrans en 1973, s’en félicite. « C’est vraiment l’une des ressorties les plus importantes des dix dernières années », nous assure l’un de ses producteurs, Charles Gillibert.

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Une solution pour faire revenir les spectateurs qui ont délaissé les salles ou attirer une autre cible de cinéphiles ? Pourquoi pas. « Si les ressorties de films de patrimoine génèrent autant d’entrées, ça va donner quelque chose », anticipe Chloé Delaporte, enseignante-chercheuse en socioéconomie du cinéma et de l’audiovisuel. « Ça peut faire revenir les cinéphiles, conforter celles et ceux qui continuent d’y aller et, peut-être, grâce à ce marketing différent, attirer des gens dans les salles qui ne s’y rendent pas habituellement pour voir des classiques. »

À voir également sur Le HuffPost : A Rome, une partie des studios de cinéma Cinecitta détruit par les flammes

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