Faut-il renoncer à baptiser une station de métro en hommage à Serge Gainsbourg ?

Dans le cadre des travaux du Grand Paris Express, la ligne 11 du métro parisien va être progressivement prolongée. Elle devrait s’étendre vers l’est jusqu’à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, d’ici à 2025. L’une des nouvelles stations, qui devrait ouvrir dans la ville des Lilas au printemps 2024, est pressentie pour porter le nom de Serge Gainsbourg. Un clin d’œil à l’un des titres phares du chanteur, Le Poinçonneur des Lilas, sorti en 1958. Mais cette décision fait polémique.

Une pétition en ligne appelant à changer le nom de la future station a été lancée le 26 novembre. Au mercredi 13 décembre, elle avait déjà recueilli plus de 4 000 signatures. Cette initiative est motivée par les “affirmations selon lesquelles l’artiste aurait été un misogyne violent, qui de surcroît a chanté les louanges de l’inceste”, explique The Daily Telegraph. La pétition s’accompagne d’un texte qui dénonce “les violences envers les femmes et les tendances pédocriminelles, voire incestueuses de Serge Gainsbourg”. Le choix de nommer une station en hommage au chanteur est qualifié de “crachat à la figure des victimes”.

“Ses détracteurs s’offusquent, en particulier, de son succès de 1984, Lemon Incest, un duo avec sa fille Charlotte, qui n’avait alors que 13 ans”, poursuit le quotidien britannique. “Dans la vidéo, ils sont tous les deux affalés dans un lit double, lui torse nu, elle seulement vêtue d’une chemise et d’une petite culotte.” L’intéressée a toujours nié la connotation incestueuse de la chanson, la qualifiant de “pure”.

Le récit de Jane Birkin

Le texte de la pétition met également en avant les violences conjugales subies par son épouse, l’artiste franco-britannique Jane Birkin. Dans son livre Munkey Diaries, paru en 2018, elle rapporte “des insultes et des bagarres” et explique avoir été “traînée par terre” par le chanteur.

“Gainsbourg, mort en 1991, est revenu sous les feux de la rampe après que sa fille a ouvert au public l’appartement parisien où il habitait”, observe le Daily Telegraph. Malgré les allégations qui visent le chanteur, il bénéficie toujours d’une grande sympathie en France. La billetterie pour visiter sa maison et le musée qui lui est consacré est complète jusqu’en mai 2024. Pour le journal britannique, “même si c’était un provocateur notoire qui a fini emporté par son alcoolisme, Gainsbourg est salué en France et ailleurs comme un auteur-compositeur et un poète de grand talent”.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :