Faut-il réveiller les dodos ?

Non, vous ne rêvez pas, c’est bien aux dodos que nous avons choisi de consacrer notre une cette semaine, et cela n’a rien de fantaisiste : le dodo, ce volatile souvent décrit comme pataud qui a disparu de l’île Maurice après l’arrivée, au XVIe siècle, des premiers Occidentaux. Est-ce parce qu’il a été ensuite immortalisé par Lewis Carroll dans Alice au pays des merveilles qu’il nous fascine autant ? Pas seulement. “Aucun autre animal n’est aussi inexorablement lié à l’extinction que le dodo”, rappelle CNN.

C’est ce que raconte très bien l’article passionnant de CNET qui structure notre dossier de couverture. Le site américain, spécialisé dans les nouvelles technologies, a longuement enquêté sur Colossal, une start-up texane qui a récemment levé 150 millions de dollars auprès de différents investisseurs pour tenter de faire revivre le dodo.

Colossal s’était déjà fait connaître pour ses travaux du même type sur le mammouth et le thylacine. Et cette fois encore, la société crée la polémique avec son projet de désextinction. “L’entreprise espère pouvoir un jour réintroduire un dodo ‘fonctionnel’ dans son habitat naturel sur l’île Maurice, explique CNET, en créant une espèce analogue adaptée aux environnements d’aujourd’hui”, selon Beth Shapiro, la paléontologue qui supervise les recherches.

Et c’est là que le bât blesse. Jackson Ryan, l’auteur de l’article de Cnet, cite un autre paléontologue, Leon Claessens, de l’université de Maastricht. “L’île Maurice d’aujourd’hui est fondamentalement différente de l’île Maurice telle qu’elle était en 1598”, dit-il. “Et si les dodos ne parvenaient pas à s’adapter à leur nouvel environnement ? “s’interroge le site.

“Il serait terrible de [les] condamner une seconde fois simplement parce qu’on n’a pas appris de nos erreurs.”

L’affaire ne se résume pas à une guerre entre paléontologues digne de Jurassic Park. Outre les aspects scientifiques, qui sont loin d’être résolus, une question éthique évidente se pose. Alors que la sixième extinction est en cours, pourquoi ne pas d’abord tout faire pour sauver les espèces actuellement en péril plutôt que de tenter de ranimer des espèces disparues dont on ignore si elles se réadapteront, se demandent les détracteurs du projet.

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