"Il faut qu'il retire son texte": après la venue de Macron en Nouvelle-Calédonie, des indépendantistes toujours mobilisés

Des dizaines d'heures d'avion et un coup d'épée dans l'eau pour Emmanuel Macron? En Nouvelle-Calédonie ce jeudi 23 mai, le président de la République s'est engagé à ce que la réforme pour dégeler le corps électoral "ne passe pas en force" tout en demandant la reprise du dialogue entre indépendantistes et loyalistes en "vue d'un accord global" ainsi que la levée "de manière immédiate" de "tous les blocages" et des "points de violence".

Un appel qui semblait rester lettre morte ce vendredi. Vers 15h15, heure locale, un homme de 48 ans a été tué à Dumbéa par un policier qui avait été "pris à partie physiquement" par des manifestants, a annoncé le procureur de Nouméa. Ce décès porte à sept le nombre de morts depuis le début de émeutes en Nouvelle-Calédonie.

Et dans le quartier de Rivière Salée, au nord de Nouméa, le retour à la normale n'est pas à l'ordre du jour, comme l'ont constaté nos journalistes sur place. Outre les banderoles toujours déployées pour notamment dire "non au dégel du corps électoral", des barrages étaient encore en place pour filtrer l'accès à cette partie de la ville. Avec des militants indépendantistes montant la garde, machette à la main.

L'un d'eux, Dareawa Dianou, explique que la venue et les propos du chef de l'État n'ont en rien changé la donne. Ce militant indépendantiste attend toujours un retrait pur et simple de la réforme du corps électoral. "Pour nous, il faut qu'il retire son texte, c'est tout", explique-t-il à BFMTV.

"Il enlève le texte, automatiquement les barrages se lèvent", ajoute Dareawa Dianou. "Le corps électoral a été gelé, il restera gelé, c'est tout. Il n'y a pas de négociations là-dessus.

Les loyalistes ne sont pas plus rassurés

Dans le quartier de Rivière Salée, les habitants interrogés par BFMTV n'ont pas fait davantage cas de la visite et des prises de parole présidentielles. N'en attendant rien pour la plupart, ils n'y ont même pas jeté un oeil.

Au sud de Nouméa, la venue d'Emmanuel Macron n'a pas non plus rassuré des habitants loyalistes, qui estiment plus sûrs de continuer à monter la garde pour protéger leur rue. Et leurs craintes vont bien au-dela de la crise actuelle, qui dure depuis une dizaine de jours.

L'un d'eux, préférant rester anonyme, s'interroge ainsi sur l'ambiance qui règnera dans les établissements scolaires et entre les élèves une fois la crise résolue. "Il y a de la mixité dans ces classes, il y a toutes les ethnies onfondues", souligne cet homme. "Comment maintenant vont se regarder nos enfants de tous âges, de la maternelle jusqu'au lycée? On va avoir des regards différents. Ça va être assez compliqué ces temps à venir."

Article original publié sur BFMTV.com