"Il faut prendre des mesures en urgence": des magistrats mexicains mettent la France en garde sur les narcotrafics

La France prend-elle le chemin du Mexique? Lors d'une visite qui s'est tenue jeudi 16 mai passé au parquet de Paris, une délégation de magistrats mexicains a rencontré la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) pour, selon Franceinfo, évoquer la lutte contre le narcotrafic.

Et la délégation mexicaine a tiré le signal d'alarme. Au cours de ce déplacement, qui s'est déroulé deux jours après l'attaque meurtrière d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure, qui a permis l'évasion de Mohamed Amra, les visiteurs ont "passé un message d'alarme à l'attention de leurs homologues français" et appelé à "prendre des mesures en urgence", apprend-on dans un compte-rendu publié sur LinkedIn par le parquet de Paris.

"Selon ces professionnels, la France est à un seuil pour prendre des mesures et ne pas commettre les mêmes erreurs" que celles qui ont amené à la situation mexicaine, est-il écrit. Comme le rappelle le média national, les violences liées aux cartels de drogue ont fait 450.000 morts dans le pays d'Amérique latine en l'espace de 20 ans.

"Faire très attention"

Sur BFMTV ce mercredi 29 mai, Jérôme Durain, sénateur PS et président de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic, est revenu sur les conseils prodigués par les magistrats mexicains, mais aussi sur la situation actuelle en France.

"Ce qui m'inquiète le plus, c'est l'évolution des codes criminels, ils comparent la nouvelle génération en France avec les sicarios (une jeune recrue des cartels, ndlr). L'épisode de l'attaque du fourgon montre une forme de violence décompléxée, sans codes, dans les quartiers, villes et villages et avec des armes lourdes", dit-il.

Toutefois, selon lui, il convient "de ne pas se faire peur et de ne pas en rajouter" mais "de faire très attention." "L'eau monte par le bas, il y a de la corruption et de la menace sur les acteurs de terrain, il faut prendre ça au sérieux. On dit qu’il faut changer d'approche et avoir une approche globale", ajoute le sénateur.

Plusieurs mesures proposées

Pour sa part, toujours sur BFMTV, Valérie Dervieux, magistrate à la cour d’appel de Paris et déléguée régionale Unité magistrats, estime qu'il "n'est pas trop tard", mais que la France "a perdu du temps."

"Tout le monde est conscient du danger, il y a une prise de conscience qui se fait. Est-ce un épiphénomène ou une bascule, on se pose tous la question", interroge-t-elle. "Il fait être objectif, prendre en considération le menace telle qu’elle existe et telle qu’elle peut évoluer", martèle-t-elle.

Parmi les prérogatives avancées par la délégation de magistrats mexicains, les membres de cette dernière proposent à la France "des modifications législatives" qui permettraient de "donner plus de pouvoir aux parquets, à la police et aux juges pour intervenir de manière efficace." Il est également conseillé l'instauration de "peines plus fortes."

"Il faut prendre en compte la question des armes également. Il faut un contrôle des armes à un niveau européen", concluent-ils.

Article original publié sur BFMTV.com