Faut-il craindre la chute d'un débris de l'espace sur Terre ?

Les débris d'une fusée chinoise repêchés par les gardes-côtes au large des Philippines, le 2 août 2022 / (Philippine Coast Guard via AP)
Les débris d'une fusée chinoise repêchés par les gardes-côtes au large des Philippines, le 2 août 2022 / (Philippine Coast Guard via AP)

La question se pose alors que plusieurs aéroports en Espagne ont fermé leur espace aérien en raison de la chute prévue de débris d'une fusée chinoise.

Le ciel peut-il nous tomber sur la tête ? Dans l'Est de l'Espagne ce vendredi, le danger vient du ciel puisque les autorités s'inquiètent de la trajectoire des débris d'une fusée chinoise, et ont préventivement fermé l'espace aérien autour de plusieurs aéroports : Barcelone, Ibiza, Tarragone et Reus.

En juillet dernier, c'était une autre fusée chinoise, Long March 5B, dont la trajectoire des débris avait inquiété les Philippines, avant finalement de tomber dans l'océan Indien, loin de toute habitation.

Plusieurs cas de débris retrouvés sur Terre

Inquiétude similaire en mai 2021 avec une fusée chinoise, Long March 5B, un modèle servant à propulser des modules pour la future station spatiale chinoise. Les débris de près de 18 tonnes se sont finalement désintégrés dans l’océan Indien, près des Maldives.

En Australie, des pièces de la mission Space X Crew-1 ont été retrouvées dans la région de la Nouvelle-Galles du Sud. En 2020, c'étaient les débris d'une fusée chinoise qui s'écrasaient sur des villages de Côte d'Ivoire, sans faire de blessés.

Seule une personne blessée

Si les fusées chinoises Long March 5B sont si souvent impliquées, c'est parce qu'elles ne sont pas conçues pour contrôler leur retour sur Terre. Une prise de risque qui indigne fréquemment la Nasa. "Toutes les nations menant des activités spatiales devraient respecter des pratiques exemplaires" car la chute d'objets de cette taille "présente des risques importants de provoquer des pertes humaines ou matérielles", tweetait en août dernier le patron de la Nasa, Bill Nelson.

Jusqu'à présent, seul un cas de personne touchée par un débris spatial a été recensé : en 1997, Lottie Williams, une habitante de Tulsa, dans l'Oklahoma (États-Unis), a été touchée à l'épaule par un débris. Il faisait à peu près la taille de sa main, rapporte TF1. "Le poids était comparable à une canette de soda vide. Ça ressemblait à un morceau de tissu, sauf que, quand on le tapotait, ça sonnait comme quelque chose de métallique", expliquait-elle à la Fox.

Un risque quasi-inexistant d'être touché

De nombreuses estimations ont été réalisées sur les risques qu'un humain soit touché par ces débris, et elles sont plutôt rassurantes. La probabilité qu'une personne soit touchée n'importe où dans le monde est de une sur 10 000. Si l'on s'intéresse à la probabilité qu'une personne donnée, comme vous ou moi, soit touchée, la probabilité grimpe à une chance sur mille milliards, rapporte la BBC.

Si le risque humain semble faible, le risque de dommage matériel est beaucoup plus élevé, estimé à 1% pour la fusée Long March 5B, qui s'était finalement désintégrée dans l'océan Indien.

Pour arriver à ces calculs, les experts se sont intéressés au temps que la fusée Long March 5B passait, lorsqu'elle est en orbite, au dessus de la Terre, soit 20%. En intégrant ensuite au calcul le fait qu'environ 20% des terres sont habitées, la probabilité que la rentrée atmosphérique de la fusée Long March 5B se produise au-dessus d'une zone habitée s'élève donc à 4%. Un chiffre ensuite largement relativisé par la place occupée par les humains sur ces terres habitées.

Mais si le risque d'être touché par un débris spatial est infime, la multiplication de l'envoi d'objets et de satellites dans l'espace augmente leur nombre, et donc mathématiquement le risque d'être touché par l'un d'eux. De quoi poser la question de la gestion des débris dans l'espace.

VIDÉO - L'espace est-il en train de devenir une poubelle ?