Faut-il être ami avec ses voisins ? « C’est le meilleur moyen d’éviter les conflits »

De voisins à amis, il n’y a parfois qu’un pas.
De voisins à amis, il n’y a parfois qu’un pas.

AMITIÉ - Les voisins, c’est comme la famille… On ne les choisit pas. Et on se passerait volontiers de celui qui passe l’aspirateur le dimanche soir, ou de cette colocation qui enchaîne les soirées. Mais il y a aussi beaucoup d’avantages à entretenir de bonnes relations avec eux. À l’occasion de la fête des voisins, ce vendredi 2 juin 2023, Le HuffPost a recueilli les histoires de voisinage de plusieurs personnes. Qu’ils soient amis avec leurs voisins ou pas.

« Je n’y vois que du positif », affirme Romain, dithyrambique. Ce Toulousain de 25 ans, qui vit dans un appartement avec sa copine, souligne le côté pratique : « Quand il nous manque quelque chose pour faire la cuisine, pour garder notre chat ou arroser nos plantes… On peut demander à nos voisins. En échange, on leur laisse un accès à notre terrasse. »

Mais, surtout, il estime qu’entretenir de bonnes relations avec ses voisins est « le meilleur moyen d’éviter les conflits » : « Par exemple, on leur demande quel week-end ils ne sont pas là pour organiser une soirée. Ce n’est pas propre au voisinage : plus on se parle, plus il y a de lien social, moins on a de problèmes. »

Il n’est pas le seul à entretenir de bonnes relations avec son voisinage. Selon une étude menée par YouGov pour Se Loger, parue en février 2023, 65 % des Français entretiennent de bonnes relations avec leurs voisins. Ils seraient même plus de 7 sur 10 à s’être déjà lié d’amitié avec l’un d’entre eux.

« Contrairement à certaines idées reçues, le voisinage n’est pas en crise. (...) Les relations de voisinage restent extrêmement stables depuis les années 1980. Elles occupent une place importante parmi les liens sociaux des individus, à côté des relations familiales, amicales et professionnelles », estime Joanie Cayouette-Remblière, sociologue spécialiste des relations de voisinage à l’Ined, interrogée dans un article de 20 Minutes.

Services rendus et apéros

Romain s’est même lié d’amitié avec son voisin d’en face. « Au début, c’était une relation pratique. Maintenant, c’est amical. Il m’a amené dans son club de foot. On y va ensemble. On a aussi installé une tyrolienne entre nos balcons pour se faire passer du sel, du jus d’orange ou des confitures », raconte le jeune homme qui travaille à la mairie de Toulouse.

Il reconnaît quand même un risque à ces relations : le côté intrusif. « Parfois, ma copine en a marre quand on regarde cinq matchs de foot tous les deux pendant le week-end. Mais il faut juste s’en parler », admet-il. Selon YouGov, l’intrusivité des voisins est une nuisance pour 53 % des personnes interrogées.

C’est avec leurs deux voisines du dessus que Morgane et son colocataire se sont liés d’amitié. Cette étudiante Lyonnaise de 25 ans raconte leur rencontre : « On a déposé un mot sur leur porte pour les inviter chez nous. Elles sont venues et on s’est bien entendus. On a rencontré leurs amis, on prévoit de faire de la randonnée cet été… Je soupçonne même mon coloc et ma voisine d’avoir des atomes très crochus. »

Elle y voit aussi beaucoup d’avantages, comme les apéros en pyjama, la spontanéité des moments partagés, les services rendus… « Il y avait peut-être un peu de calcul au début. On se disait que c’était mieux d’être en bons termes avec elles. Mais ça a vraiment débouché sur quelque chose de sincère et c’est encore mieux », raconte-t-elle.

Mais elle se questionne : « Quand tu te lies d’amitié avec quelqu’un qui habite très proche de toi, tu te dis aussi : si on se fâche, est-ce que ça ne va pas me pourrir la vie ? » Alors, Morgane, son coloc et ses voisines prennent leurs précautions. Ils ne débarquent jamais à l’improviste sans envoyer un petit message avant, via le groupe WhatsApp qu’ils ont en commun, qui fonctionne comme… une conversation entre potes.

Coups de dictionnaire

Valentine* partage également un groupe WhatsApp avec les propriétaires des appartements de son immeuble du 20e arrondissement de Paris. Un groupe actif pour les travaux de copropriété… Mais « qui sert aussi à se plaindre », admet-elle. Elle n’a pas hésité à rapporter à la propriétaire de l’appartement au-dessus du sien les soirées récurrentes de ses locataires : « C’était pendant trois jours d’affilée, jusqu’à 6 heures du matin, plusieurs fois… J’ai dit que je n’en pouvais plus. Ils faisaient trop du bruit, je ne dormais pas… La propriétaire s’est excusée en me disant qu’elle les appellerait. Depuis, ils n’ont plus fait de soirée. »

Malgré des tentatives de dialogues, les relations avec ces voisins-là ne sont pas au beau fixe : « On se croise, on ne se dit pas bonjour », raconte celle qui n’a pas hésité à tambouriner à leur porte le matin pour les réveiller avec… un dictionnaire. « Je n’ai pas essayé de les connaître. Ils ont fait la fête dès le début… Je pourrais pourquoi pas essayer d’enclencher le dialogue à nouveau. Leurs soirées ont quand même l’air cool… Ça serait aussi sympa d’y être invitée ! Après, j’ai mes amis, je n’en ressens pas la nécessité », explique-t-elle.

Feront-ils un repas tous ensemble pour la fête des voisins ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, s’il y en a bien un qui se réjouit de cette fête, c’est Romain : « S’il y a un repas, je serai un moteur. Je rêve de faire un taboulé géant », s’amuse-t-il.

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