“Fatigués”, “isolés”, “mal aimés” : ces nomades numériques qui déchantent

Après quelques années passées à courir le monde tout en travaillant à distance, des nomades numériques expliquent au quotidien britannique “The Telegraph” pourquoi ils ont maintenant envie d’autre chose.

Bex Band et son mari s’avouent quelque peu désenchantés après deux ans et demi passés à voyager entre Israël et la Tanzanie tout en travaillant à distance dans le marketing. “Je suis fatiguée des voyages incessants. J’ai fini par avoir envie de dormir dans mon propre lit et dans ma chambre”, confie Bex au Telegraph.

Au début pourtant, quand ils ont décidé de quitter Londres, le couple était enchanté de la flexibilité totale dans le travail et de la liberté de mouvement retrouvée. C’était “un rêve devenu réalité”, “des vacances sans fin”, reconnaît Bex. Mais à quelques problèmes de santé (“J’avais du mal à maintenir une vie saine alors que j’étais tout le temps en train de déménager”) s’est bientôt mêlé un sentiment croissant d’isolement. “Je me sentais éloignée de mes amis. Ce n’était pas seulement une question de distance. Il est devenu difficile de rester en contact avec certains d’entre eux parce que notre mode de vie était très différent.”

“Bouger tout le temps était excitant au début. C’est finalement devenu ennuyeux”, expliquent de leur côté les Américains Mindi et Daryl Hirsch, créateurs du site 2foodtrippers. Trois ans plus tard et après avoir posé leurs sacs à dos dans une trentaine de pays, ils avouent :

Nous étions tout le temps fatigués, nos vêtements et nos bagages ont commencé à avoir l’air miteux, et Airbnb avait changé au point que trouver un logement d’un bon rapport qualité-prix était devenu un défi”.

Ils ont fini par s’installer pour de bon à Lisbonne en 2019.

“Une existence vide”

Fin 2022, on estimait le nombre de nomades numériques à environ 35 millions de personnes – à comparer aux chiffres antérieurs à la pandémie : en 2019, ils étaient un peu plus de 10 millions à revendiquer ce mode de vie, rappelle The Telegraph. Des chiffres impressionnants, mais l’histoire que racontent aujourd’hui certains “anciens combattants” est plus nuancée “et plus honnête” que celle suggérée par les chiffres, constate le journal.

En 2021, l’écrivain voyageur et blogueur américain Tom Kuegler dénonçait déjà le mode de vie des nomades numériques comme “une existence vide”. “Et je crois que beaucoup s’en rendent compte assez vite”, ajoutait-il. Bex Band reconnaît de son côté :

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