Fassbinder, tabous portants

Une rétrospective parisienne ainsi que des ressorties en salles et en DVD mettent à l’honneur le génial emblème du nouveau cinéma allemand. Puisant chez les plus grands - de Melville à Godard -, il n’aura eu de cesse d’interroger avec une frénésie créatrice les angoisses et les faux-semblants de la société allemande.

Dansle Secret de Veronika Voss, avant-dernier film de Rainer Werner Fassbinder (1945-1982), sorti un mois après sa mort prématurée, à 37 ans, d’un méchant cocktail surmenage, drogues et médicaments, le cinéaste faisait une dernière apparition sous les traits fatigués d’un spectateur dans une salle obscure. Caméo mélancolique faisant écho à son premier court métrage, le Petit Chaos (1966). Dans ce polar indolent sous influence godardienne, Rainer Werner Fassbinder campant un jeune malfrat se demandait comment il allait dépenser l’argent qu’il avait volé. Réponse enjouée : «J’irai au cinéma.»

Difficile de ne pas entendre dans ce programme la profession de foi d’un cinéaste boulimique dont le passage à la réalisation, outre l’expérience théâtrale avec sa troupe, l’Antiteater, aura autant été le prolongement impatient de sa jouissance cinéphile qu’une impérieuse nécessité de travailler sa filmographie comme on construit sa maison, d’y trouver refuge, tel l’enfant que sa mère traductrice envoyait au ciné pour avoir la paix.

D’un bout à l’autre d’une œuvre fulgurante et féconde (une quarantaine de films en quinze ans à peine) qui, ce printemps, fait l’objet d’une riche actualité - rétrospective à la Cinémathèque, reprises en salles, coffrets Blu-ray, série inédite -, Fassbinder se mettait donc en scène en ciné-fils. Il plaçait ainsi la question du regard, comme pulsion scopique, comme outil réfléchissant, ou comme dispositif maniériste, au cœur du processus de création et d’un cinéma qui, bien qu’absolument singulier par ses audaces formelles (surcadrages, morcellement de l’image, circonvolution des mouvements de caméra, tel le vertigineux travelling (...)

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