Les fantômes du peuple grec

Manif anti-austérité devant le Parlement à Athènes, vendredi.

De l’occupation à la dictature des colonels, cette jeune nation est hantée par les divisions qu’elle a vécues depuis son indépendance, en 1830.

Il y avait ceux qui ont choisi le oui, comme Gioanna, 29 ans, qui, drapeau grec en main, autocollant «Nai» («oui») et badge européen sur la poitrine, attendait le discours de l’animateur franco-grec de télévision Nikos Aliagas lors d’un meeting, vendredi. «Je manifeste pour rester dans l’euro et dans l’Union européenne. Il faut signer l’accord. Sinon, qu’aurons-nous ? Un coup d’Etat ? Nous devons accepter les sacrifices exigés par les Européens», expliquait-elle tout en s’inquiétant d’un référendum qui «divise le pays». Dimitris, professeur à la retraite, milite pour le non. «Nous ne pouvons pas continuer ainsi, avec des politiques imposées, et signer un accord qui ne fonctionne pas», se justifiait-il. Deux votes, deux camps, quatre mêmes peurs : division, signature d’un accord déséquilibré, renversement, domination. Elles hantent la mémoire collective grecque, façonnent les clivages politiques et ont resurgi depuis que le Premier ministre, Aléxis Tsípras, et son gouvernement ont décidé d’en référer au peuple.

Héritiers

«La crainte de la division est très profonde en Grèce. Elle renvoie à la Première Guerre mondiale, lorsque s’affrontaient d’un côté les royalistes pro-allemands et de l’autre les démocrates favorables aux Alliés. Une guerre perdue pour tout le monde au final», explique l’anthropologue Panagiotis Grigoriou (1). Et un mot revient dans les discussions, «dichasmos» («division»), souligne l’historien Olivier Delorme (2) : «Il a servi à qualifier la période 14-18 et renvoie à cette guerre civile larvée.» Larvée à l’époque, mais réelle entre 1946 et 1949. Elle est le premier exemple d’une insurrection communiste après la Seconde Guerre mondiale. Autant dire que ce fantôme resurgit depuis l’arrivée au pouvoir de Syriza,coalition de gauche radicale devenue parti, structuré autour d’ex-partisans de l’eurocommunisme.

La (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Le «coup d’Etat financier» des créanciers d’Athènes
La zone euro, une «maison inachevée»
Argentine : depuis la faillite, une éclaircie de courte durée
Les grands patrons sur la réserve
«C’est moins sur le montant que sur la nature des efforts à fournir qu’il y a de vraies divergences»