Mais que fait Jair Bolsonaro en Floride depuis décembre ?

L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro à Doral, en Floride, le 3 février.
JOE RAEDLE / Getty Images via AFP L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro à Doral, en Floride, le 3 février.

BRÉSIL - C’est une rencontre pour souligner un « engagement partagé » pour la démocratie et l’environnement. Ce vendredi 10 février, le président américain Joe Biden reçoit à Washington son homologue brésilien Lula, investi début janvier. L’occasion pour les deux pays de donner une autre direction à leurs relations bilatérales, après quatre ans de rapports pour le moins compliqués durant le mandat de Jair Bolsonaro.

Ce dernier se trouve d’ailleurs sur le territoire américain, en Floride, depuis la fin du mois de décembre. Celui qui dirigeait la plus importante puissance économique d’Amérique latine et ses 214 millions d’habitants vit désormais dans une zone pavillonnaire près de Disney World et mange seul dans une chaîne de restauration rapide.

Sous le coup d’une enquête au Brésil

L’ancien dirigeant d’extrême droite s’est en effet réfugié aux États-Unis quelques jours avant que ses partisans, mécontents de la victoire de son rival de gauche Lula lors de l’élection présidentielle d’octobre, envahissent et vandalisent le palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême du Brésil. Des scènes rappelant l’assaut du Capitole à Washington en janvier 2021 par des fidèles de Donald Trump qui protestaient contre la victoire de Joe Biden.

S’il a condamné les violences, Jair Bolsonaro fait l’objet d’une enquête par la Cour suprême de son pays pour déterminer son rôle dans l’assaut des institutions nationales à Brasília le 8 janvier. Mais Washington n’a pour l’heure reçu aucune « demande » particulière des autorités brésiliennes à son sujet, a indiqué un haut responsable de la Maison Blanche lors d’un échange avec des journalistes.

Habitué au luxueux palais présidentiel brésilien, le « Trump des Tropiques », comme il est parfois surnommé, vit aujourd’hui dans une petite maison qui appartient à l’ancien combattant brésilien d’arts martiaux José Aldo.

La maison dans laquelle est installé Jair Bolsonaro à Kissimmee, en Floride, photographiée le 10 janvier.
JOE RAEDLE / Getty Images via AFP La maison dans laquelle est installé Jair Bolsonaro à Kissimmee, en Floride, photographiée le 10 janvier.

Des discours en tant qu’ex-président

Jair Bolsonaro a fait profil bas lors de ses premières semaines en Floride, ses seules activités connues consistant en une sortie au supermarché et une autre pour manger seul du poulet frit dans un restaurant KFC.

Mais l’ancien dirigeant est sorti de sa réserve au début du mois, prononçant deux discours à quelques jours d’intervalle. Le 3 février, l’ancien homme fort du Brésil qui déplaçait les foules s’est exprimé à Doral, au nord de Miami, devant quelque 400 personnes lors d’un événement organisé par l’association conservatrice américaine Turning Point USA, au sein d’un hôtel de luxe de l’ex-président Donald Trump, allié et modèle de Bolsonaro lorsqu’il était au pouvoir.

« Il n’y a pas de satisfaction plus grande que celle du devoir accompli », a-t-il déclaré en référence à son mandat (2019-2023) dans un discours aux airs de meeting électoral, s’adressant à un public conquis qui était sur son trente-et-un et aux couleurs du Brésil.

Le 31 janvier, Jair Bolsonaro avait pris la parole dans un restaurant d’un centre commercial lors d’une réception donnée par la communauté brésilienne de Floride, où il a continué de remettre en question le résultat du scrutin d’octobre. À ces deux occasions, Bolsonaro a été accueilli chaleureusement par ses plus fidèles partisans qui ont pris des photos avec lui et l’ont acclamé.

Un visa prolongé de six mois

Mais le futur de l’ex-dirigeant brésilien reste incertain. Après avoir assuré à la presse qu’il comptait rentrer au Brésil à la fin du mois de janvier, Jair Bolsonaro a demandé un visa de six mois pour prolonger son séjour aux États-Unis. Un de ses enfants, le sénateur Flavio Bolsonaro, a expliqué que l’ex-président n’avait pas de date de retour. « Cela pourrait être demain ou dans six mois ou il pourrait ne jamais revenir », a-t-il dit à la presse.

Sa présence sur le territoire américain ne plaît toutefois pas à tout le monde. Début janvier, des élus démocrates avaient appelé à ce que Joe Biden révoque le visa de Jair Bolsonaro, refusant que les États-Unis servent de refuge à l’ancien dirigeant. « Nous ne devons pas permettre à monsieur Bolsonaro ou à tout autre ancien responsable brésilien de trouver refuge aux États-Unis afin d’échapper à la justice pour tout éventuel crime commis durant son mandat », écrivaient ces 41 élus, tous du parti démocrate, dans une lettre ouverte au président Biden. « J’ai 67 ans et j’entends rester actif dans la politique brésilienne », a toutefois martelé Jair Bolsonaro à Orlando le 31 janvier.

Reste à savoir s’il continuera à faire profil bas comme à son arrivée en Floride ou à prononcer des discours dans son pays d’accueil auquel il a rendu hommage à Doral. « J’ai toujours été un grand admirateur du peuple américain. Ses libertés, son patriotisme et son amour du drapeau », a-t-il souligné.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi