Le fait divers à Crépol est une nouvelle illustration de l’« ensauvagement » de la société pour Darmanin

« C’est une faillite générale de notre société », a dit Darmanin en estimant qu’il « y a à repenser le cadre de l’autorité ».

Le fait divers à Crépol est une nouvelle illustration de l’« ensauvagement » de la société pour Darmanin
Capture C à Vous Le fait divers à Crépol est une nouvelle illustration de l’« ensauvagement » de la société pour Darmanin

POLITIQUE - Gérald Darmanin a qualifié ce lundi 20 novembre d’« ignoble » et « inacceptable » le décès de Thomas, un jeune de 16 ans samedi 18 novembre soir pendant une rixe lors d’une fête locale dans le village de Crépol (Drôme), ajoutant : « Cela s’appelle l’ensauvagement ».

Invité de l’émission « C’ à vous » sur France 5, le ministre de l’Intérieur a précisé que la gendarmerie avait déjà procédé à « plus de 70 auditions ».

Samedi soir à Crépol, alors qu’un « bal de l’hiver » rassemblant 350 personnes était organisé, « un groupe d’individus extérieur » à cette commune de 532 habitants avait cherché à entrer dans la salle des fêtes, selon le procureur de la République de Valence Laurent de Caigny.

« Ensauvagement »

Il s’était ensuivi une « rixe générale » après que l’entrée de la salle avait été interdite à ces personnes. Un adolescent de 16 ans est décédé des suites de coups de couteau et deux autres jeunes hommes grièvement blessés ont été hospitalisés.

Au total, les secours ont dénombré 17 victimes âgées de 16 à 65 ans, en majorité des hommes. À ce stade, il n’y a pas eu d’interpellations. « Ce qui s’est passé est absolument ignoble et inacceptable », a réagi le ministre. « C’est une faillite générale de notre société », a-t-il dit, en estimant qu’il « y a à repenser le cadre de l’autorité ». « Nous devons remettre de l’autorité partout », a insisté Darmanin.

Il a ajouté : « Ce qui s’est passé n’est pas extrêmement clair ou alors trop clair : des gens qui viennent d’ailleurs et ont voulu forcer l’entrée de cette fête et des coups de couteaux sont partis. Ça s’appelle l’ensauvagement ».

Un terme que le ministre a eu l’habitude d’employer ces dernières années après des faits divers médiatisés, parfois à l’agacement même de sa propre majorité qui lui a reproché de reprendre cette expression chère à l’extrême droite.

L’identification des suspects en cours

Des suspects sont « en cours d’identification » après la rixe au cours de laquelle Thomas a été mortellement blessé, a indiqué lundi soir le parquet de Valence dans un communiqué à l’AFP. « Les enquêteurs procèdent très vite, laissant espérer une évolution opérationnelle rapide », précise Laurent de Caigny, le procureur de Valence, dans ce communiqué.

Une cinquantaine de témoins ont été déjà entendus par les gendarmes, autant doivent encore l’être, des analyses des connexions aux relais téléphoniques et des images des systèmes de vidéosurveillance sont en cours pour recueillir des éléments concordants sur les suspects possibles, selon la même source.

Au regard des avancées de l’enquête, il est « faux d’affirmer que le groupe hostile serait composé d’individus tous originaires de la même ville et du même quartier », souligne le procureur, alors que de nombreux messages ciblant « la racaille des cités » circulent sur les comptes de l’ultradroite.

« Les liens qui peuvent exister entre les suspects possibles et en cours d’identification ne semblent pas reposer sur de telles +logiques de territoire+ », souligne le communiqué du parquet.

Retour sur les faits

La rixe a éclaté samedi soir dans le village de Crépol, après l’irruption d’une dizaine de trouble-fêtes qui ont tenté au milieu de la nuit de pénétrer dans la salle des fêtes où quelque 400 personnes assistaient sur invitation à un « bal d’hiver ». Le groupe indésirable a été bloqué par un des quatre vigiles qui a été blessé à la main avec une arme blanche, selon le communiqué du parquet.

Certains des invités sont sortis pour lui prêter main-forte, s’est ensuivie la rixe qui s’est poursuivie à l’extérieur du bâtiment, selon le parquet de Valence.

Mortellement blessé par un coup de couteau pendant la bagarre, le jeune Thomas a rendu son dernier souffle alors que les secours l’emmenaient à l’hôpital à Lyon. Outre ce décès, la rixe a fait huit blessés dont deux jeunes de 23 et 28 ans hospitalisés dans un état d’urgence absolue. Le plus âgé des deux a reçu plusieurs coups de couteau dans le dos et au thorax, selon le parquet. En outre, plus d’une dizaine d’autres personnes ont « reçu des coups » à la « fuite » des agresseurs, selon la même source.

La venue du groupe hostile était « peut-être liée à un compte à régler avec quelqu’un » présent à la soirée, avait par ailleurs estimé le procureur un peu plus tôt dans la journée de lundi.

VIDÉO - Drôme : Ce que l'on sait sur la mort du jeune de 16 ans lors d'une « rixe » à Crépol