Facebook a fourni les échanges privés d’une mère et sa fille accusée d’avortement illégal

Celeste Burgess et sa mère Jessica sont accusées d’avortement illégal. Au coeur de l’enquête, des échanges privés que Facebook a fourni à la police.

ÉTATS-UNIS - Une adolescente est poursuivie par la police pour avortement illégal après que des échanges privés entre elle et sa mère ont été transmis par Facebook aux autorités. Le groupe Meta est désormais sous le feu des critiques et les défenseurs du droit à l’IVG s’inquiètent que ce cas ne soit que le premier d’une longue série.

Comme l’indique Forbes dans un article publié le 8 août, Celeste Burgess, 17 ans, et jugée en tant qu’adulte avec sa mère Jessica Burgess, attend son procès devant le tribunal de district du comté de Madison pour avoir enfreint une loi du Nebraska interdisant les avortements après 20 semaines, soit quatre semaines après la date légale.

Selon Forbes, les autorités ont reçu un « tuyau » indiquant que Céleste avait fait une fausse couche en avril et enterré le fœtus en secret. Pendant leur enquête un mandat de perquisition a été délivré pour accéder aux comptes Facebook de Celeste et Jessica. Ils ont ensuite trouvé des messages entre la mère et la fille expliquant en détail comment Celeste avait subi un avortement réalisé par sa maman. Mère et fille sont ainsi accusées depuis juillet d’avoir eu recours à un avortement illégal, puis d’avoir brûlé et enterré le fœtus.

Pour Facebook, il n’était pas question d’avortement dans le mandat

Dans cette histoire, c’est surtout la question de la confidentialité des données des utilisateurs du réseau social qui fait débat. Facebook a répondu à la polémique en assurant avoir répondu à une requête judiciaire sans savoir qu’il était question d’avortement.

Selon un communiqué du porte-parole de Meta, Andy Stone, « rien dans les mandats que nous avons reçus des forces de l’ordre début juin, avant la décision de la Cour suprême [le 24 juin, Ndlr], ne mentionnait un avortement ». « Les mandats concernaient des accusations liées à une enquête criminelle et les documents judiciaires indiquent que la police à l’époque enquêtait sur le cas d’un bébé mort-né qui a été brûlé et enterré, et non sur une décision d’avorter », déclare la société, qui explique avoir été jusque-là soumise à des obligations de non-divulgation qui ont depuis été levées.

Il s’agit de l’un des premiers cas où l’activité Facebook d’une personne est utilisée pour l’incriminer dans un État où l’accès à l’avortement est restreint depuis que la très conservatrice Cour suprême des États-Unis a enterré le 24 juin un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter. Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973, quand chaque État était libre de les autoriser ou non. Au Nebraska en l’occurrence, il est interdit d’avorter après 20 semaines de grossesse.

Google efface ses données sur les visites de cliniques spécialisées

Pour rappel, la plupart des informations des utilisateurs de Facebook sont stockées sur des serveurs accessibles par l’entreprise. Il est néanmoins possible de bénéficier, depuis 2016, d’un cryptage des messages.

Si Meta est pointé du doigt pour sa position sur la question, Google a très vite choisi d’agir : le groupe californien a annoncé le 1er juillet, soit une semaine après la décision de la Cour suprême, que les données de localisation des utilisateurs seraient automatiquement supprimées en cas de visite d’une clinique spécialisée dans les avortements.

« Si nos systèmes identifient qu’une personne s’est rendue dans un établissement (sensible), nous supprimerons ces entrées de l’historique de localisation peu après leur visite », a déclaré Jen Fitzpatrick, une vice-présidente du groupe californien, dans un communiqué.

VIDÉO - États-Unis: l'avortement déjà interdit dans 7 États

undefined