Face aux violences en Nouvelle-Calédonie, ces mots de Louis Le Franc en disent long sur la stupéfaction des autorités

NOUVELLE-CALÉDONIE - « Ce territoire va basculer dans l’apocalypse. » Voici les mots prononcés ce mercredi 15 mai par le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, face aux questions des journalistes au sujet des émeutes en Nouvelle-Calédonie. Dans la nuit de mardi à mercredi, les violences se sont multipliées, en particulier à Nouméa, et deux personnes sont mortes, dont une tuée par balle.

Nouvelle-Calédonie : deux morts au cours d’une nouvelle nuit de violences

Lors d’une conférence de presse ce mercredi, celui qui représente l’autorité de l’État en Nouvelle-Calédonie est apparu alarmé et dépité. Il a lancé à une dizaine de reprises des « appels au calme » à l’attention de la population, comme vous pouvez l’entendre dans la vidéo en tête de cet article. Et ce alors que l’adoption mardi soir par l’Assemblée du projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections dans ce territoire français d’outre-mer a fait exploser la colère de certains habitants.

Pompiers débordés, des renforts de forces de l’ordre attendus

Ainsi, dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs infrastructures publiques, notamment des écoles, ont été brûlées. Or les violences sont telles que les autorités sont dépassées. « Nos pompiers ne se déplacent qu’à la condition que leurs convois soient escortés et sécurisés. Et comme on ne peut pas tout faire, ils ne vont pas éteindre les incendies », déplore ainsi Louis Le Franc, abasourdi.

Les émeutes et la situation qu’il qualifie d’« insurrectionnelle » lui font craindre des problèmes « pour la santé et l’alimentation », car de nombreux bâtiments ont été endommagés, certains magasins pillés, et plusieurs routes ne sont plus praticables en raison de voitures accidentées ou brûlées qui n’ont pas encore pu être évacuées. « J’ai besoin d’un soutien en matière de santé, d’alimentation, de sécurité civile », résume le Haut-commissaire de la République.

Des renforts pour les forces de l’ordre doivent arriver dès jeudi, tandis que les forces armées ont été déployées pour protéger les bases civiles et aériennes de l’aéroport de La Tontouta. Dans un soupir, Louis Le Franc met ainsi en garde : « Que personne ne se risque à des mouvements sur l’aéroport, ou alors ce sera à leurs risques et périls. »

« Il n’y a pas d’autres solutions d’urgence »

Alors que plusieurs responsables politiques, de droite et d’extrême droite notamment, réclament l’instauration de l’état d’urgence, Louis Le Franc rétorque : « Pour le mettre en place il faut avoir des moyens, la seule solution à ce stade c’est l’appel au calme. » Avant d’ajouter, sur un ton plus explicite : « Stop, c’est fini, chacun rentre chez soi ».

« Il n’y a pas d’autres solutions d’urgence que celle-là, sinon c’est la route vers l’inconnu et l’inconnu c’est la route du pire », a-t-il insisté, sans cacher son inquiétude. « On sait que quand quelqu’un meurt par balle ça appelle à une vengeance, et c’est la spirale mortelle. Ceux qui ont connu 1984 ou 1988 savent de quoi je parle », a-t-il conclu, en référence à la quasi-guerre civile qu’a connue l’archipel pour des désaccords politiques similaires, avec notamment le drame de la grotte d’Ouvéa qui s’est dénoué dans le sang.

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