Face aux sanctions, l'Iran étend son programme balistique
DUBAI (Reuters) - Le président iranien Hassan Rohani a ordonné au ministre de la défense d'étendre le programme balistique de la république islamique, en réaction à la volonté prêtée à Washington de durcir ses sanctions contre Téhéran pour un tir de missile expérimental effectué en octobre par l'Iran. "Puisque le gouvernement américain continue à mener une politique hostile et illégale (...), les forces armées doivent accroître rapidement et de façon importante leurs capacités dans le domaine des missiles", dit-il dans une lettre adressée au ministre, Hossein Dehghan, reprise par l'agence de presse Irna. Selon le Wall Street Journal qui a révélé l'information mercredi, les sanctions américaines à l'étude visent une dizaine de sociétés et d'individus en Iran, à Hong Kong et aux Emirats arabes unis pour leur rôle présumé dans le développement du programme iranien. Le contentieux entre l'Iran et les Etats-Unis porte sur le type de missiles que Téhéran est autorisé à développer. Dans le cadre de l'accord de Vienne conclu en juillet dernier pour encadre le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales, l'Iran peut développer des missiles à condition qu'ils ne soient pas "capables de", ou "conçus pour", emporter des charges nucléaires. Selon un rapport d'experts de l'Onu consulté par Reuters le 15 décembre dernier, le missile Emad de moyenne portée testé par l'Iran le 10 octobre était un missile balistique susceptible d'emporter une charge nucléaire. Les missiles balistiques suivent une trajectoire haute en forme d'arc avant de retomber sur leur cible sous l'effet de la gravité, contrairement aux missiles de croisière qui volent à très basse altitude. Les tests de missiles balistiques sont interdits à l'Iran par la résolution 1929 du Conseil de sécurité, qui remonte à 2010 et reste valide jusqu'à l'entrée en vigueur de l'accord de Vienne. Ensuite, l'Iran sera toujours tenue de ne pas effectuer de travaux sur les missiles balistiques destinés à emporter des charges nucléaires pour une période maximum de huit ans, selon la résolution adoptée en juillet pour valider l'accord de Vienne. L'Iran estime que cette résolution 2231 n'interdit que les missiles "conçus" pour emporter une ogive nucléaire mais pas les missiles "capables" d'en emporter. L'Iran qualifie l'Emad de missile conventionnel. De sources gouvernementales iraniennes, on fait savoir que le guide suprême de la république islamique, Ali Khamenei, considérerait de nouvelles sanctions liées aux missiles comme une violation de l'accord du 14 juillet. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari, a condamné jeudi le projet américain d'imposer de nouvelles sanctions "arbitraires et illégales". (Sam Wilkin, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)