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Fabius contraint de clarifier la position française sur la Syrie

par John Irish PARIS (Reuters) - Laurent Fabius a été contraint vendredi de clarifier la position française quant à une éventuelle coopération avec les forces syriennes dans la lutte contre l'Etat islamique, après des déclarations ambiguës perçues comme une volte-face de Paris. "La coopération de toutes les forces syriennes, y compris de l’armée syrienne, contre Daech est évidemment souhaitable mais, comme je l’ai dit avec constance, elle ne sera envisageable que dans le cadre d’une transition politique crédible", écrit le chef de la diplomatie française dans un communiqué. "C'est l'objectif que nous poursuivons avec détermination." "La coopération de tous contre Daech est notre principal objectif", ajoute-t-il. "C’est le sens des démarches diplomatiques entreprises depuis les attentats de Paris". Dans la matinée, il avait évoqué sur RTL une possible alliance avec l'armée syrienne dans la lutte contre l'organisation djihadiste, qui a revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis. "Les forces au sol ne peuvent pas être les nôtres parce que ce serait complètement contre-productif", avait-il dit. "Mais des forces au sol doivent être à la fois des forces syriennes de l'Armée libre, des forces arabes et pourquoi pas des forces du régime (syrien) et des Kurdes, également." Ses propos ont été assimilés à un revirement de la France, jusque-là farouchement opposée à toute coopération avec le régime du président Bachar al Assad dont elle continue de réclamer le départ. Le ministre syrien des Affaires étrangères s'est notamment félicité des propos tenus par son homologue. "Si Fabius compte vraiment coopérer avec l'armée syrienne et avec les forces au sol qui combattent Daech, nous en sommes ravis, mais cela suppose un changement fondamental" de la politique de la France à l'égard de Damas, a déclaré Walid al Moualem, lors d'une conférence de presse organisée à Moscou. DIVERGENCE PERSISTANTE AVEC MOSCOU SUR ASSAD Cette confusion autour des déclarations de Laurent Fabius survient au lendemain d'une rencontre entre François Hollande et Vladimir Poutine à Moscou consacrée à la lutte contre l'Etat islamique. Les deux présidents ont affirmé leur souhait commun d'intensifier les échanges de renseignements pour être plus efficaces dans leurs frappes contre cette organisation en Syrie et de préserver les groupes armés locaux qui la combattent. "Il y a un point sur lequel, maintenant, je pense que tout le monde est d'accord, c'est l'objectif de neutraliser, d'éradiquer Daech (acronyme arabe de l'EI)", a dit Laurent Fabius sur RTL. "Là je pense que ça a progressé, notamment dans la conversation avec M. Poutine." Le président russe "nous a même demandé d'établir une carte des forces qui ne sont pas terroristes et qui combattent Daech et il s'est engagé, dès lors que nous lui fournissons cette carte, ce que nous allons faire, à ne pas (les) bombarder", a-t-il précisé. La question du départ de Bachar al Assad reste toutefois un point de divergence entre la France et la Russie. "Pour nous (...) c'est une question d'efficacité", a déclaré Laurent Fabius. "Nous ne disons pas que cela doit intervenir dès le début, aujourd'hui, mais nous disons que, à la fin (...), M. Bachar ne peut pas être l'avenir de son peuple." (avec Marine Pennetier et Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)