Qui est Fabcaro, le scénariste de "L'Iris blanc" le 40e album d'Astérix?

Le scénariste Fabcaro, qui va signer le tome 40 d'Astérix - Christophe Guibbaud
Le scénariste Fabcaro, qui va signer le tome 40 d'Astérix - Christophe Guibbaud

Le prochain album de Fabcaro ne portera pas le fameux bandeau rouge, "Par l'auteur de Zaï zaï zaï zaï", qui le poursuit désormais. Et pour cause, Fabcaro s'attaque a un monument plus gros que sa BD à succès parue en 2015, Zaï zaï zaï zaï.

L'auteur signe en effet le scénario du prochain Astérix, le 40e, intitulé L'Iris blanc, toujours dessiné par Didier Conrad. Quatrième scénariste des aventures de l'irréductible Gaulois, après Goscinny, Uderzo et Jean-Yves Ferri, Fabcaro, 49 ans, a rencontré le succès avec Zaï zaï zaï zaï.

Cette satire à l'humour plein de non-sens racontait la fuite d'un dessinateur de BD pris à partie à la caisse d'une grande-surface pour avoir oublié sa carte de fidélité du magasin. Devenu un fugitif ultra-recherché et au centre de tous les débats de société, l'homme se lançait dans un road-movie burlesque teinté d'absurde.

Vendue à 300.000 exemplaires, la BD est devenue un film, sorti en salles en 2022, avec Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu et Ramzy Bedia. Zaï zaï zaï zaï a également été adapté en pièce de théâtre. Un an plus tôt, c'est Le Discours, son roman paru en 2018 qui était adapté à l'écran par Laurent Tirard et sur les planches par Simon Astier.

Une crise d'inspiration

Mais si Fabcaro perce en 2015 grâce à Zaï zaï zaï zaï, alors qu'il oscillait avant "entre 2.000 et 4.000 albums" vendus, il est un brin encombré par ce succès et l'exploitation qui en est faite. Il l'évoque dans son album suivant en 2017, intitulé Pause, qui raconte sa crise d'inspiration après Zaï zaï zaï zaï.

Après le succès, tous les autres éditeurs ont eu tendance à surfer dessus et on a posé le bandeau 'Par l’auteur de Zaï zaï zaï zaï'", expliquait-il ainsi à BFMTV.com en 2018.

"C’est pas que ça me gêne, je joue le jeu, mais je trouve ça limite ridicule. Dès que je sors un truc, il y a le bandeau. J’ai l’impression qu’il est de plus en plus gros. Je me suis même dit en rigolant que mon prochain album s'appellerait directement 'Par l’auteur de Zaï zaï zaï zaï'. Je ne suis pas hyper à l’aise avec cette histoire de bandeau: j’ai l’impression d’être comme ces artistes des années 1980, Jean-Pierre Mader ou Desireless qui font un tube et toute leur vie on leur en parle..."

Loin d'être l'homme d'un seul tube, Fabcaro a publié depuis de nombreux autres albums: Et si l'amour c'était aimer, parodie de roman-photo, irrigué de son humour absurde et décalé, Moins qu'hier (plus que demain), Open bar - 1ère tournée, Open Bar - 2e tournée, Formica - Une tragédie en trois actes, Moon River ou encore le roman-photo Guacamole Vaudou.

Il a également publié deux romans après Le Discours, Broadway et Samouraï, signé de son vrai nom, Fabrice Caro.

Hyper productif, Fabcaro ne supporte pas l'inactivité. "J’ai une moyenne de trois-quatre albums par an, c’est énorme, confiait-il en 2018. Faudrait que je lève le pied. Je vais commencer par soûler tout le monde à force".

"Tout est parti de là"

En une vingtaine d'années et une quarantaine d'albums et de romans, Fabcaro a su installer son univers nourri de non-sens, d'absurde, d'observation de la société, et de ses propres névroses. Celles d'un ancien grand timide, dont la plus grande crainte est de ne pas avoir sa carte de fidélité sur lui, ou d'être désigné dans le public d'un spectacle pour monter sur une scène.

"J’étais un gamin hypertimide et introverti, toujours dans ma bulle", livrait-il en octobre dernier au 'Monde'.

"Je passais mon temps dans les livres, je dessinais et j’écrivais déjà à longueur de journée". Après des études de physique qui ne l'emballent pas, lui qui rêvait d'études artistiques, il se destine à devenir professeur des écoles, mais "se saborde" en ne préparant pas l'examen de l'IUFM.

En 1996, à 23 ans, il se lance alors dans ce qui le passionne vraiment, le dessin. Il collabore à des magazines de BD comme Tchô! ou Psikopat, mais sans parvenir réellement à en vivre.

"J'ai vraiment débuté en 2005, un peu par chance", expliquait-il à Actualitté en 2017. La Cafetière m'a repéré alors que je me baladais au festival d'Angoulême avec mes pages sous le bras, et tout est parti de là."

Il publie alors sa première bande dessinée, Le Steack haché de Damoclès, un récit autobiographique qui recèle déjà les thèmes qui lui sont chers, et son goût pour l'absurde.

Dix-huit ans plus tard, ses talents d'observateur et son humour à plusieurs lectures sont désormais au service de l'un des héros les plus populaires de la BD. Une pression que Fabcaro semble bien vivre.

"Parfois il arrive que les auteurs disent: là j'ai pris un risque... En réalité, c'est un risque très relatif, il faut remettre les choses à leur place, on n'est pas non plus au front. Au pire, on dira que c'est moins drôle".

Astérix-compatible

S'il séduit un large public, l'humour de Fabcaro est-il pour autant Astérix-compatible? Il a en tout cas emballé Anne Goscinny, la fille du cocréateur d'Astérix.

"Quand j'ai lu le synopsis de Fabrice, j'ai été tout de suite embarquée dans cette histoire. D'abord parce qu'elle drôle et efficace, ensuite parce qu'elle me semblait extrêmement fidèle aux codes que mon père avait utilisés et posés", a-t-elle indiqué à l'AFP en décembre dernier, lorsqu'avait été annoncé le nom du prochain scénariste d'Astérix.

À partir du moment où on m'a proposé le projet, très vite j'ai commencé à gribouiller, à chercher des idées, à explorer des pistes, et c'est venu assez vite", expliquait de son côté l'auteur.

Didier Conrad, qui dessine les aventures des Gaulois, depuis 2013, avec Astérix chez les Pictes, est, lui aussi emballé par le scénario de Fabcaro, qu'il trouve "amusant sans être cynique". "Il apporte des idées nouvelles mais il est en même temps tout à fait dans la lignée des créateurs" Goscinny et Uderzo, a-t-il ainsi déclaré au Parisien.

Article original publié sur BFMTV.com