F1: "J’avais ça dans un coin de ma tête depuis très longtemps", Frédéric Vasseur raconte la nouvelle collaboration avec Lewis Hamilton

F1: "J’avais ça dans un coin de ma tête depuis très longtemps", Frédéric Vasseur raconte la nouvelle collaboration avec Lewis Hamilton

Pouvez-vous nous décrire les nouveautés présentes sur la SF-24, on imagine que c’est pour vous un grand sentiment de satisfaction (les performances aux essais hivernaux)?

Il faut tempérer un peu parce que les essais hivernaux c’est un peu l’école des fans. On est un peu aveugle sur ce que font les autres, en termes de quantité d’essence, de réglages moteur, donc ce n’est pas forcément révélateur de ce que sera la première qualification de la saison à Bahreïn (Charles Leclerc a décroché la 2e place, Sainz la 4e).

Le premier feeling était plutôt bon, on a fait une voiture qui, je pense, comme nos concurrents, était complètement différente parce qu’on a entre 95 et 98% des pièces qui sont neuves sur la voiture. On ne peut pas la comparer à la voiture de l’année dernière. Ce qu’on peut comparer ce sont les premières sensations de Charles (Leclerc) et Carlos (Sainz). L’année dernière après trois jours de test ils étaient inquiets du comportement de la voiture. Cette année c’est rentré dans l’ordre, ils ont plus l’impression d’emmener la voiture que de se faire emmener donc c’est un bon point de départ pour les premières courses et pour le développement sur la saison mais il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives après les essais (hivernaux).

Quels enseignements tirez-vous de ces nouvelles monoplaces?

On est dans un système d’amélioration permanente où on veut toujours faire mieux demain qu’hier, on est déjà tournés vers les premiers développements de l’année. D’un point de vue général, les essais de Bahreïn se sont bien passés, on n’a pas eu de soucis majeurs de fiabilité. On a pu faire énormément de kilomètres, c’est toujours important pour enregistrer des informations et pour pouvoir construire quelque chose. Pour ce qui est du comportement général, on a eu quelque chose qui était comme sur le plan, proche de ce qu’on avait eu au simulateur avant. On a une très bonne corrélation entre le calcul du simulateur et la piste. Ce n’est pas une garantie de performance mais c’est une garantie de pouvoir développer, d’avoir des bons outils et que ce soit une bonne base pour commencer la saison.

Etes-vous d'accord avec les propos de Fernando Alonso qui disait il y'a quelques jours : "19 pilotes savent qu'ils ne seront pas champion", sous-entendu le champion sera Max Verstappen?

Je ne suis pas là pour commenter les propos de Fernando, chacun fait la course automobile comme il veut. C’est sûr que, sur le papier, ils partent avec un avantage important, car ils ont archi dominé l’année dernière et on a la même réglementation technique en 2024 qu’en 2023. Sauf s’ils font des erreurs, il n’y a pas de raisons qu’on les atomise cette année.

Ce qui est clair, c’est qu’on avait bien rattrapé le train des Red Bull en fin d’année. On fait cinq poles sur les sept ou huit dernières courses, on est capables de se battre avec eux sur trois ou quatre events. En fin d’année dernière, on avait un peu remis le pied à l’étrier. Si on a fait du bon travail cette année, on espère être un peu plus proches de la Red Bull. Il n’y a qu'en les mettant sous pression qu’ils commenceront à faire des erreurs. Il ne faut pas partir battus. Jamais. Quand je vois le chemin qu’on a fait l’année dernière entre les deux ou trois premières courses, où on prenait sept à huit dixièmes par tour, et la fin de l’année, où on était capable de faire quelques poles, le chemin et le championnat sont longs donc il faudra garder la même approche, la même détermination que celle dont on a fait preuve la saison dernière.

Quels sont vos objectifs pour la saison 2024?

L’état d’esprit, quand on fait de la course, doit être le même qu’on soit chez Ferrari, chez Red Bull ou dans une équipe de fin de plateau. Ce n’est pas l’histoire de se dire qu’on y va pour gagner, faire deuxième ou quatrième. Le but, c’est de faire de son mieux, de continuer à améliorer la voiture, l’équipe, la stratégie. Avoir cette détermination et cette application. Les objectifs? Je ne me dis pas qu'il faut gagner X courses dans l’année, qu'il faut faire ci, qu'il faut faire ça. Jouer le titre? Je ne me pose jamais cette question. J’essaye juste de développer la voiture, d’avoir le meilleur package, de recruter là où on est un peu plus faibles et de s’améliorer au fur et à mesure. C’est ce qu’on a très bien fait l’année dernière. Et puis les résultats viendront.

Il ne faut pas se concentrer sur un objectif de gain de temps au tour et, une fois qu’on l’a atteint, se reposer et partir en vacances. L’état d’esprit doit toujours être de faire mieux. Les gens autour de nous, que ce soit Red Bull, Mercedes, McLaren ou autres, ils auront cet état d’esprit. Donc même si ça se passe bien, il ne faut surtout pas qu’on se relâche. Et si ça se passe mal, on a prouvé l’année dernière qu’on pouvait revenir donc voilà il faut juste qu’on garde l’ensemble des personnes de l’équipe, l’ensemble des intervenants, partenaires et partenaires techniques motivés, avec un seul objectif qui est de progresser et après les résultats viendront je ne suis pas inquiet.

Est-ce que c’est une anomalie que Ferrari n’ait pas gagné de titre depuis si longtemps (dernier titre constructeur en 2008)?

Une anomalie, je ne suis pas sûr que ce soit le mot. La situation n’est pas agréable et clairement on a l’ensemble de l’entreprise, l’ensemble de la Scuderia, l’ensemble de l’Italie qui pousse pour qu’on revienne et qu’on regagne le championnat. On en est bien conscient et on fait tous les efforts pour y arriver, après ce n’est pas parce qu’on s’appelle Ferrari qu’on va freiner plus tard au premier virage, j’essaie de rappeler ça à tout le monde. Si on freine plus tard au premier virage, c’est qu’on aura fait du meilleur travail, qu’on aura une meilleure voiture mais le nom (Ferrari), le fait qu’on ait fait 70 championnats n’y fera rien. Il faut juste se concentrer sur le travail, le développement, sur ce qu’on met en place et ce n’est en rien lié avec l’historique, le passé ou quoi que ce soit d’autre.

Il y avait quelques réticences des tifosi à votre arrivée, est-ce une satisfaction d'avoir gagné leur confiance désormais, chose que tout le monde n'a réussi pas à faire?

Ce n’est pas le genre de question que je me pose le matin. Je n’ai pas eu le sentiment au départ que c’était difficile, peut-être que le fait de ne pas parler italien faisait que je ne les comprenais pas. Honnêtement, le fait de ne pas parler italien c’est aussi une bonne façon de se préserver des médias et de la pression de la presse italienne. J’ai l’impression que l’équipe, je la connaissais bien avant parce que j’étais client via Alfa Romeo pendant de nombreuses années, que j’ai côtoyé la Scuderia à de nombreuses reprises dans le passé donc je ne suis pas arrivé en terrain inconnu. Je pense qu’on ne peut pas anticiper ce qui va se passer quand on arrive chez Ferrari parce qu’il y a une telle ferveur qu’il n’y a nulle part ailleurs.

J’ai fait 32 ans de course maintenant, c’est la première fois de ma vie que je vois des gens attendre le matin en dehors de l’usine pour une photo et le soir quand on part ils sont encore là pour une seconde photo. On a ça dans aucune équipe et cette ferveur est vraie partout en Italie. Ce n’est pas une pression, c’est peut-être un peu plus de responsabilités parce qu’on se dit tous les jours quand on se balade dans la rue que les gens le vivent et le vivent à fond. On a l’impression qu’on leur doit quelque chose, c’est un sentiment plutôt positif je trouve et c’est vrai pour les salariés et les membres de l’équipe. Il y a en plus une composante latine chez Ferrari qu’il n’y a pas dans les équipes qui sont en Angleterre, les gens vivent ça à fond. Je me souviens quand j’étais en Angleterre, des fois on arrivait le lundi matin et on avait du mal à voir sur les visages de l’équipe si on avait fait un bon week-end ou pas.

On a l’impression que vous abordez ça avec beaucoup de tranquillité?

Je savais en venant ici qu’il y avait un vrai challenge. La compétition autour de nous est hyper relevée. Autour de nous sur la grille, Red Bull a été champion 7 fois sur les 10/15 dernières années, Mercedes 5 ou 6 fois, on a des gens qui sont rôdés, structurés, qui ont beaucoup investi. On doit être dans cet état d’esprit de recherche de la performance, de toujours tout améliorer. La pression je l’ai toujours eue dans ma vie. Au départ chez Alfa Romeo c’était une question de survie de l’équipe, chez Renault c’était pareil au départ il fallait lancer quelque chose. La pression on l’a, il n’y a pas de degré de pression plus ou moins élevé. Je fais de la course pour gagner et la pression je n’ai pas besoin des autres pour me la mettre. On l’extériorise, on le vit, on le montre différemment. Il y a des gens qui sont beaucoup plus démonstratifs que moi mais ce n’est pas pour ça qu’ils ont plus ou moins de pression, on la gère différemment c’est tout.

Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon patron chez Ferrari?

Ce qui est assez bizarre dans mon métier, c’est qu’il y a 10 team principal en F1 et qu’il n’y en a pas deux qui ont le même cursus. Il y a des gens qui viennent de la finance, certains sont des anciens pilotes, d’autres des anciens patrons d’équipe de junior séries donc il y a vraiment des profils complètement différents. Je dirai qu’il n’y a rien de gravé dans le marbre, rien d’écrit à l’avance. Ce qui est important je pense, c’est le rapport à l’émotion, on est un métier comme tous les métiers du monde où on a des sanctions liées à nos résultats. La différence c’est qu’on est exposé très souvent, on n’a pas un rapport trimestriel, on a un rapport hebdomadaire. En qualification, en course, on passe dans les médias du champion du monde au dernier des nuls quand on a un problème et inversement. Cette émotion il faut la gérer pour nous mais aussi et surtout pour les quelque mille personnes qui gèrent l’équipe parce que eux aussi ils vivent la course à travers la presse, à travers des émotions.

J’essaie toujours un peu de prendre le contrepied du mood ambiant, d’essayer de remotiver les gens quand on est au fond du trou, de les calmer quand ça va bien, pour avoir une approche à peu près constante toute l’année. Sur la façon de gérer des gens, des pilotes, je me rends compte aussi que j’ai l’avantage pour certains d’entre eux de les avoir connus très jeunes puisque Charles (Leclerc), on l’avait eu en karting il y a 10/12 ans peut-être et ça c’est vrai que ça crée des relations différentes avec les pilotes. Je ne les vois pas comme des champions plein d’ego, je les vois comme des pilotes qui rentrent chez nous et qui sont passionnés de ce qu’ils font, qui veulent des résultats, qui ont la même motivation que l’ensemble de l’équipe, qui font parti du projet et je ne les mets surtout pas sur un piédestal ce serait une erreur grave.

Après Monza 2023, les pilotes ont-ils compris comment ils doivent se comporter sur la piste désormais?

C’est un problème qui se reproduira à l’avenir forcément parce que les pilotes sont des champions. Il y a ça dans toutes les équipes sauf quand on a deux pilotes avec des niveaux très différents mais je pense que c'est une valeur ajoutée pour une équipe d’avoir deux pilotes compétitifs donc je resterai sur ce format là. Ce qui s’est passé l’année dernière ce n’est pas exceptionnel. A Monza je ne les ai pas arrêtés parce que j’avais une énorme confiance en eux et je pense qu’à ce moment de la saison ça aurait été très mal vécu, très difficile à gérer pour l’avenir que de donner des consignes. Effectivement ça a été un peu loin parce qu’ils se sont laissés emmener chacun dans son coin à en faire un peu plus et on est passé pas loin de la boulette donc effectivement on s’était vu mais il n’y avait pas mort d’homme. On fait un débrief après chaque course, je leur ai dit ce que j’en pensais, ils n'ont pas moufté (rires). C’était clair en plus, il n’y avait pas à polémiquer.

Je pense que ça a été assez constructeur dans notre retour de fin de saison, le fait qu’il n’y ait pas eu de consignes, on n’a pas décidé qui est premier, qui est deuxième. On les a laissés se battre, heureusement ça n’a pas mal tourné. Je leur faisais énormément confiance, c’est toujours le cas et ils ont senti ce jour-là qu’on leur faisait confiance et je pense que ça a fait partie de notre capacité à revenir sur la fin de l’année puisqu’à partir de là je crois qu’on a fait 80% des poles. Je pense que c’était un bon moment de l’année et effectivement la course suivante, à Singapour, ça n’a pas été que de demander à Charles de faire un écart sur Carlos parce qu’on l’a aussi fait partir en pneus soft pour qu’il soit capable de doubler Russell au départ et de rester devant. Toute la stratégie de course des deux voitures avait été bâtie autour d’un travail d’équipe, c’est pour ça que je trouve que la victoire de Singapour a été une superbe étape dans notre saison parce que ça été à la fois en terme de performances, pôle et victoire, ça a été un super travail d’équipe, une super démonstration de lucidité de Carlos (Sainz) en course et ça aurait pu faire 1 et 2 si Charles (Leclerc) n'avait pas été bloqué au pit-stop. Je pense que la course de Monza en elle-même a été la base de la construction de l’équipe sur la fin d’année.

Pouvez-nous donner des détails sur l'arrivée de Lewis Hamilton, le transfert du siècle, qui a même fait bondir l'action Ferrari à Wall Street?

Le bond de l’action Ferrari était avant tout lié au fait que le même jour on a publié des résultats financiers exceptionnels (rires). Comment ça s’est fait ? Lewis a roulé pour moi il y a une vingtaine d’années maintenant en F3 et en F2. On avait gagné les deux titres ensemble et on est resté tout aussi proches au fil des années. J’avais ça dans un coin de ma tête depuis très longtemps mais ça n’avait pas de sens d’imaginer Lewis Hamilton rouler chez Sauber donc il y a un moment où les planètes se sont alignées, moi en arrivant chez Ferrari, lui à la fin de son contrat avec Mercedes. Je pense qu’on avait tous les deux la volonté de retravailler ensemble et que Lewis avait la volonté depuis qu’il a commencé de rouler pour Ferrari et ça, je pense que tous les pilotes ont envie de le faire. Après, c'est aussi l'occasion qui a fait le larron mais je ne donnerai pas de détails sur les discussions (rires).

A quel moment avez-vous commencé à croire à son arrivée, y’a t-il eu une bascule?

Honnêtement non car ce genre de discussion peut échouer à la dernière minute. Comme vous pouvez l’imaginer ce sont des contrats assez larges, complexes, je ne me suis jamais dit ‘aller c’est bon, ça va le faire’. Je me suis juste dit que c’était une superbe opportunité pour l’équipe pour pleins de raisons et qu’il fallait y travailler de la même façon qu’on développe la voiture mais jusqu’au bout essayer de tout aligner pour que ça se passe bien et puis j’ai senti très vite chez Lewis (Hamilton) une réelle motivation de faire parce qu’il était persuadé que, peut-être après Red Bull, on était sa meilleure chance d’avoir le titre, et ça c’était pour lui la motivation numéro 1.

Lewis Hamilton a déclaré "ma venue chez Ferrari ne serait pas arrivée sans Frédéric Vasseur", cette déclaration fait plaisir on l'imagine?

Je préfère qu’il dise ça que le contraire (rires). Encore une fois j’en reviens au fait que quand on a eu la chance de travailler, je l’ai eu avec Lewis (Hamilton) quand il avait entre 18 et 20 ans à l’époque, les relations sont différentes et depuis le début qu’on discute, après mon anniversaire, il y a plus une volonté commune de faire quelque chose et lui il rêve de ça depuis le début. Ferrari ça a toujours été son objectif quelque part et voilà je pense que c’est juste une manière de dire que les planètes s’alignent bien. On est à un moment donné où on est en train de rebâtir quelque chose, on est remonté en performance, je le connais bien et je sais ce qu’il attend, ce qu’il a envie de faire à tout prix. Il y a un moment donné, avec les contrats qu’on a, les engagements qu’on a, les planètes s’alignent et que ce moment-là j'ai la chance de le vivre.

Son attente est-elle de gagner un 8e titre avec vous chez Ferrari?

C’est là que je dis que les planètes sont alignées parce qu’il a une archi motivation de gagner. Je pense que c’est un méga champion qui, malgré ses 103 victoires, a toujours la même rage que quand il en avait 0. Il est archi motivé, fait pleins d’efforts, est super exigeant avec lui-même et les gens qui l’entourent. Il a gardé la dynamique du champion, qui est commune à tous les sportifs et ça aujourd’hui quand il fait le tour, il se dit que s'il veut être champion, pour aller chez Red Bull ça risque d'être compliqué parce qu’ils ne sont pas en relation d’amitié profonde. Derrière Red Bull, pour lui, la meilleure option c’est certainement Ferrari et en même temps ça rejoint un rêve d’enfant qu’il a, il sait que c’est probablement son dernier contrat donc il faut qu’il fasse les bons choix et ça l’a gentiment amené à discuter de ça.

Vous rêvez du 8e titre de Lewis Hamilton chez Ferrari?

Mon rêve? Non, je n’en rêve pas non plus la nuit, il faut se calmer. C’est sûr que ce serait exceptionnel mais ça le serait tout autant avec Charles Leclerc ou Carlos Sainz, un titre en soi est magique. C’est sûr que si Lewis vient à gagner un huitième titre avec nous ou avec un autre, ça restera dans l’histoire comme quelque chose d’exceptionnel de toute façon mais c’est sûr qu’avec nous ce serait encore plus beau.

Est ce qu'en interne on parle déjà du départ de Carlos Sainz ou on pensera à l'arrivée de Lewis Hamilton plus tard?

Les gens étaient surpris du timing de l’annonce, je l’ai fait exprès parce que je pense que c’était obligatoire d’avoir une vague de KO autour de l’annonce de Lewis (Hamilton) pour lui mais aussi pour Carlos (Sainz) et l’équipe. C’était beaucoup plus facile à gérer début février qu’entre Imola et Monaco ou Silverstone et je ne sais quoi. On a pris la décision de l’annoncer assez tôt, c’est aussi une forme de respect pour Carlos, ça le met dans de bonnes dispositions pour trouver un siège l’année prochaine, si je l’avais annoncé plus tard ça aurait été plus compliqué pour lui. Surtout, j’ai un profond pour Carlos, pour ce qu’il a fait pour nous, ce qu’il a fait pour Ferrari ses dernières années en tant que pilote, en tant qu’être humain.

C’est quelqu’un que j’apprécie énormément, la décision n’a pas été facile vous l’imaginez mais elle a été prise, il a fallu que je lui annonce. Ce n’était pas le moment le plus jouissif de l’année mais voilà, c’est derrière nous et j’ai particulièrement apprécié l’attitude de Carlos. Forcément, ça n’a pas été une bonne nouvelle pour lui mais après ça il a tourné la page et il m’a dit ‘Bon Fred, il nous reste 10 mois de collaboration et je pousserai jusqu’au dernier virage du dernier tour de la dernière course’ et je lui ai assuré que de notre côté on ferait de même car je me souviendrai toujours que c’est lui qui m’a amené sur mon premier podium. Il peut être assuré du fait que toute l’équipe poussera tout ce qu’on peut jusqu’à la fin de l’année. Je pense que c’était mieux de l’annoncer très tôt, ça nous a permis de digérer ça et d’arriver à Bahreïn où au moins entre nous, ce n’était plus un sujet et ça c’était important.

Comment va être la gestion de la saison? Est-elle plus difficile pour Lewis Hamilton dans une autre écurie ou pour Ferrari?

Je ne pense pas qu’il y a des saisons faciles à gérer, ce qui se passe entre Lewis et Mercedes ce n’est pas mon problème, j’aime bien les deux, je respecte les deux mais chacun vit sa saison. Je pense que même pour Lewis c’était plutôt bien de faire l’annonce assez tôt. Il est concentré sur ce qu’il fait, nous le sommes aussi et on n’a pas d'interaction à avoir entre nous. Je pense que c’était de très loin la façon la plus respectueuse de gérer ça même si ça a surpris les gens.

Concernant Charles Leclerc, quelle a été sa réaction concernant l’arrivée de Lewis Hamilton?

Charles a fait partie des personnes au courant des discussions assez tôt car c’était important pour moi d’avoir tout le monde à bord donc très très vite je me suis renseigné sur son état d’esprit et il vivait ça très bien dans le sens où comme vous le disiez, un pilote, par définition, est persuadé qu’il n’a pas à rougir de son coéquipier et heureusement. Il est aussi conscient qu’il a énormément à apprendre de Lewis, de son expérience, de sa faculté à gérer tout ce qui se passe en dehors de la voiture et je pense que là-dessus c’est une opportunité pour Charles aussi. Ce n’est pas tous les jours qu’on a un septuple champion du monde à ses côtés et il le vit comme tel. C’est une réaction archi positive de Charles et une vraie bonne opportunité pour lui.

Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter pour cette saison?

Qu’on ait la même application, la même progression que l’année dernière et puis je suis sûr que les résultats viendront.

Article original publié sur RMC Sport