Fête des mères : on a demandé aux premières concernées ce qu’elles veulent de la part d’Emmanuel Macron

Pour la fête des mères, ces femmes réclament davantage de considération et des conditions meilleures pour élever leurs enfants et travailler.
Thanasis Zovoilis / Getty Images Pour la fête des mères, ces femmes réclament davantage de considération et des conditions meilleures pour élever leurs enfants et travailler.

FÊTE DES MÈRES - Pour la fête des mères, que veulent vraiment les femmes ? Loin des objets en pâte à sel et des colliers en coquillages, ce sont souvent des choses beaucoup plus élémentaires qu’elles désirent. Et qui de mieux pour le leur offrir que le chef de l’État, qui, entre son « réarmement démographique » et ses déclarations sur les familles monoparentales, semble avoir beaucoup d’opinions sur la parentalité ?

Ils sont contre la Fête des Mères et nous racontent pourquoi

Le HuffPost a demandé à des mères de faire la liste des choses qu’elles aimeraient demander à Emmanuel Macron pour la fête des mères. Certaines se prennent à rêver : « Obligation de débarrasser le lave-vaisselle trois fois par semaine pour les pères, descendre les poubelles sans deux heures de “quand même je suis formidable”, propose avec une touche d’humour Anne. Enseigner le fonctionnement du lave-linge en Seconde pour tous ! Arrêter de dire aux pères “d’aider” mais faire ! »

Solutions de garde, congé parental, santé reproductive… La plupart réclament avant tout davantage de considération et de meilleures conditions pour élever leurs enfants et travailler.

« De plates excuses »

Elles sont nombreuses à réclamer de « plates excuses » à Emmanuel Macron pour ses « propos scandaleux » sur le « réarmement démographique ». « Nos corps et nos vies ne sont pas des instruments d’une politique. Ce serait déjà pas mal d’avoir des meilleures conditions [pour les] mamans avant d’imaginer qu’on va toutes se transformer en soldates d’une politique nataliste », peste Mégane, 35 ans, maman d’un enfant de 3 ans.

Un statut pour les familles monoparentales

Même agacement chez les mères qui élèvent leurs enfants seules et réclament notamment la reconnaissance d’un statut pour les familles monoparentales. « Arrêtons de dire que toutes les mamans solos sont laxistes, dépassées par leurs enfants et incapables de les gérer en travaillant », souhaite Anne, 44 ans. Nadège, du Mouvement des Mères Isolées, abonde : « Le problème du gouvernement, c’est qu’il ne remet pas en cause les violences sociales subies par les mères isolées, il individualise le problème. Toutes leurs mesures vont dans ce sens-là. »

Des pensions alimentaires non imposables

En France, une famille sur quatre est une famille monoparentale et, dans 82 % des cas, c’est une femme qui est à sa tête. Selon l’Insee, la pauvreté touche 45 % des enfants qui vivent seuls avec leur mère. Et c’est ce que soulignent les premières concernées. « Si j’avais une baguette magique, ce serait déjà bien de faire quelque chose pour le coût de l’énergie », réclame par exemple une mère en réponse à notre message sur Facebook, tandis qu’une autre demande de « sortir les pensions alimentaires du revenu imposable ».

Une proposition de loi, déposée en mars par le député socialiste Philippe Brun et la députée LFI Sarah Legrain, visant à instaurer un « statut du parent isolé », propose notamment de ne plus soumettre les pensions alimentaires à l’impôt sur le revenu, dans la limite de 4 000 € par enfant, plafonnée à 12 000 € par an. Le texte prévoit aussi de ne plus prendre en compte la pension alimentaire dans le calcul des revenus ouvrant droit à des prestations et aides sociales. Une mission parlementaire a été créée sur ce sujet, dont les conclusions sont attendues cet été.

Des solutions de garde

Des conditions économiques optimales pour élever leurs enfants, c’est la priorité de la plupart des mères interrogées, notamment par le biais d’une refonte du système de mode de garde. « On veut des solutions de garde, des places en crèche, donner les moyens au secteur de la petite enfance », énumère Rose, qui tient le compte Instagram @mere_a_babord. « J’ajouterais également l’augmentation des salaires pour tous les animateurs en périscolaire et cantines », note Rachel sur Facebook.

Pour Nadège, du MMI, il ne suffit pas de créer des places supplémentaires. « Avoir accès à une place en crèche, si on ne peut pas la payer, ça n’a pas grand intérêt, souligne-t-elle. Le souci, ce sont les aides possibles pour y accéder et les horaires. »

Une sage-femme pour chaque patiente

Les mères réclament également plus de moyens pour les hôpitaux et les écoles publiques, une sage-femme pour une patiente, l’ouverture de maisons de naissance et la réouverture des petites maternités, ainsi que de pouvoir prendre rendez-vous chez le médecin plus facilement.

« Deux tiers des maternités en France ont fermé en 50 ans », expliquait en mars sur Le HuffPost Isabelle Derrendinger, présidente du Conseil National de l’Ordre des sages-femmes. Le métier de sage-femme, par manque d’attractivité, est en pénurie en France, ce qui a poussé certaines à dénoncer une « maltraitance » involontaire des patientes.

Un « vrai » congé parental

Un congé parental plus long, égalitaire et mieux rémunéré, qui participerait à réduire la charge mentale des femmes au sein de leur foyer, est également en haut de la liste.

L’allongement du congé paternité, présenté comme une avancée par le gouvernement, ne suffit pas, selon ces mères. Elles réclament qu’il soit obligatoire et totalement égal en durée et en rémunération à celui des mères.

Un vrai congé maternité pour les professions libérales

L’accès au congé maternité pour les femmes indépendantes - avocates, médecins libéraux, kinés, journalistes pigistes etc. - est aussi demandé. « Leurs charges peuvent être très élevées (bail, matériel, secrétaire, cotisations à l’ordre) si bien que sans une aide financière significative, elles sont obligées de reprendre le travail très vite », explique Sophie, doctorante en droit. « Ma maman, installée en indépendante en cabinet médical, a travaillé jusqu’à la veille de son accouchement et a dû reprendre le travail trois semaines plus tard », dénonce-t-elle.

Des jours « enfant malade » pour toutes

Des jours « enfant malade » sont aussi réclamés pour tous les parents, peu importe leur statut. « Les mêmes droits pour mamans indépendantes que pour les salariées. On cotise autant, mais on n’a pas les mêmes droits… », regrette Mégane, qui précise : « À chaque fois que je reste m’occuper de mon enfant, c’est une journée de travail en moins, non payée. »

« Lui demander de démissionner »

« Est-on vraiment censé demander quoi que ce soit à Macron, à une quelconque personne au pouvoir ou qui y prétend ? », s’interroge Violette, une internaute sur Facebook. Lorsque Le HuffPost demande à des mères d’adresser leurs souhaits à Emmanuel Macron pour la fête des mères, certaines admettent ne plus rien attendre du tout du chef de l’État.

« La réponse unanime, c’est lui demander de démissionner, lui et son gouvernement, renchérit Nadège, coprésidente du MMI. C’est ce dont on rêve, de manière très claire. » Pour elle, depuis le premier mandat du Président de la République, une « politique antisociale assez violente » est menée. Et la façon dont les mères et les femmes en général sont traitées ne va pas dans le bon sens.

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