Fête des grands-mères : ces mamies qui ne veulent pas être les « baby-sitters » de leurs petits-enfants

« Je m’imaginais être aussi présente que ma mère l’avait été pour ma fille, mais la situation est différente » raconte Mona, 56 ans.
Morsa Images / Getty Images « Je m’imaginais être aussi présente que ma mère l’avait été pour ma fille, mais la situation est différente » raconte Mona, 56 ans.

FAMILLE - « Je crois que le concept de mamie gâteau, c’est pas son truc », explique Juliette* pour décrire la relation entre sa mère et ses deux fils de 5 et 2 ans. Si la trentenaire a passé une bonne partie de son enfance chez sa propre grand-mère, qui la gardait tous les mercredis après midi et une partie des vacances scolaires, pour ses enfants, les choses sont différentes. « Je ne lui en veux pas du tout mais c’est vrai que les siestes, les repas, les contraintes des enfants en bas âge, ça ne l’enthousiasme pas. »

Fête des grands-mères : entre grands-parents et parents, l’éducation peut différer et ce n’est pas grave du tout

Il faut dire que sa mère occupe un poste à responsabilités, et son emploi du temps peut être assez chargé. « Mais même si elle était à la retraite, je pense qu’elle aurait envie de voyager, de passer du temps avec ses amis, poursuit-elle. Je ne pense pas qu’elle les prendrait pendant la moitié des vacances scolaires. »

La mère de Juliette n’est pas la seule à avoir envie d’être une grand-mère un peu moins « gâteau » : à l’occasion de la fête des grands-mères, nous republions les confessions de plusieurs d’entres elles sur les galères de la grand parentalité.

« Quand on est devenus grands-parents, tout le monde nous a mis en garde »

Mona a 56 ans, et elle garde son petit-fils de 6 ans depuis qu’il a 6 mois. « J’imaginais que quand je serais grand-mère, je retrouverais l’attitude et tout le bonheur que j’ai eu à être maman. Prendre une part de responsabilité dans l’éducation de l’enfant, transmettre, donner de l’amour… Ma mère a beaucoup gardé ma fille, et je me voyais être un peu pareille. »

Dans la pratique, depuis que Mona est devenue grand-mère, les choses se passent différemment. « La situation n’est pas la même, explique-t-elle. J’ai un travail plus prenant que celui de ma mère à l’époque, et mon conjoint et moi ne pouvons pas garder notre petit-fils très souvent. Avoir un enfant en bas âge à la maison, ça génère beaucoup de fatigue et moi, le week-end, j’ai besoin de me reposer ! »

Elle n’est pas la seule à mentionner cette fatigue. Ainsi, quand Séverine* a annoncé à ses amis qu’elle allait être grand-mère, ceux d’entre eux qui avaient déjà endossé ce rôle lui ont recommandé de ne pas trop s’engager. « On nous a passé le mot : tout le monde nous a mis en garde en nous disant de ne surtout pas promettre de prendre les petits-enfants une fois par semaine parce que sinon, Ce serait vite très lourd. »

Des frictions autour des différences d’éducation

Quand les petits-enfants sont nombreux, les choses peuvent vite devenir encore plus intenses. À 63 ans, Aline*, grand-mère de sept petits enfants, en sait quelque chose. L’été, ils viennent souvent passer quelques semaines chez elle et son mari. La période est toujours agréable, mais exigeante. « Dans ces moments-là, on ne vit que pour eux ! Il ne faut pas s’imaginer pouvoir faire autre chose, lire un livre ou se poser ».

Pour elle, la plus grande difficulté réside dans la différence d’éducation qui se joue entre parents et grands-parents et qui peut parfois créer des frictions, ou des frustrations. Mona* abonde en son sens. « Mon petit-fils ne supporte pas qu’on lui dise non, et je dois beaucoup plus négocier avec lui que ce que je ne l’ai fait avec ma fille. Il y a une confrontation entre deux sortes d’éducations différentes. Ce n’est pas grave, mais ça peut rendre la tâche complexe. »

Elle regrette de ne pas avoir un peu plus de place dans l’éducation de son petit-fils. « C’est comme si on était là par défaut, seulement parce que les parents ne peuvent pas garder leur enfant. Ce qu’ils attendent de nous, c’est d’être des baby-sitters’, mais pas forcément de lui apporter quelque chose de spécial. » Alors, même si elle et son conjoint s’imaginaient être très présents pour leur petit-fils, ils espacent un peu les moments ensemble. « S’adapter à des principes éducatifs qu’on n’aurait pas donnés soi-même, ça demande de se suradapter, c’est épuisant. »

La culpabilité de dire « non »

Tous les grands-parents interrogés le soulignent, ils aiment passer du temps avec leurs petits-enfants et les aiment énormément. Pour autant, leur naissance n’a pas changé l’organisation de leur quotidien. Séverine le rappelle : « On ne va pas tout abandonner pour nos petits enfants… enfin, ce n’est pas tout à fait vrai, s’interrompt-elle. Il y a des rendez-vous ou des appels qui doivent parfois être décalés, on s’adapte avec mon mari. Mais globalement, on continue à vivre comme avant. On s’organise pour aider les parents et passer du temps avec elle, mais si on a un concert de prévu, on ne va pas l’annuler pour garder notre petite-fille ! »

Parfois, dire « non » pour pouvoir se reposer, ou pour pouvoir profiter d’un événement s’accompagne de culpabilité. « Ce n’est pas facile à assumer, explique Mona. Beaucoup ont en tête l’image des grands-parents qui ne vivent que pour leurs petits-enfants. »

Du côté des parents, Juliette confie parfois ressentir une pointe d’envie quand elle observe d’autres grands-parents un peu plus investis avec leurs petits-enfants. « C’est vrai que quand j’entends des amis qui n’ont jamais de problème de garde et qui ont des parents qui sont disponibles toutes les semaines… Je me dis que ce serait bien qu’on puisse aussi avoir un peu de relais quand on est crevés. »

L’art d’être grand-parent

La question de la garde est toutefois loin d’être la seule abordée, et toutes les personnes interrogées mettent l’accent sur l’importance de la relation entre grands-parents et petits-enfants. « J’ai eu une grand-mère dont j’ai été très proche, surtout dans l’enfance. J’ai beaucoup de souvenirs d’elle, elle m’a donné beaucoup d’affection et a beaucoup compté pour moi », raconte Juliette. Un lien que Séverine, Aline et Mona ont plaisir à construire.

« On voit notre petite-fille grandir, notre fille être mère… L’art d’être grand-parent, c’est formidable ! » s’enthousiasme Séverine. « Même quand on est fatigués, on passe des beaux moments et on redécouvre le monde à travers eux », sourit Mona.

Parfois, Juliette trouve dommage de ne pas voir ce lien se construire entre ses parents et ses enfants. Mais elle tempère : « Je sais que leur temps n’est pas un dû et l’essentiel, c’est l’éducation qu’ils nous ont donnée. En tant que parents, ils sont là pour moi et je pense qu’ils seront plus présents quand leurs petits enfants seront plus grands. Il ne faut pas nier que ça peut être difficile : parfois, les nuits sont merdiques ou les enfants pètent un câble sans explications… Et puis, honnêtement, quand je serai vieille et que mes enfants auront des enfants, je ne sais pas si j’aurai envie de les prendre trois semaines en vacances ! »

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