Féminicides : 118 femmes tuées en 2022 en France, chiffre quasi stable par rapport à 2021
FÉMINICIDES - Cent dix-huit femmes ont été tuées en 2022 en France par leur conjoint ou leur ex-conjoint, soit quatre de moins par rapport à 2021, selon le bilan des « morts violentes au sein du couple » publié ce samedi 2 septembre par le ministère de l’Intérieur.
Cette étude est publiée deux jours après le meurtre à la machette d’une policière en pleine rue dans un village de Savoie. Son ancien mari, interpellé vendredi, a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte pour « assassinat ».
La semaine dernière, un homme suspecté d’avoir tué son amante le 26 août dans le Val-de-Marne a été écroué pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le mis en cause était déjà connu pour des faits de violences conjugales.
En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France.
Selon cette étude, 145 morts violentes au sein du couple ont été recensées en 2022, les décès de 118 femmes et 27 hommes (+6 par rapport à 2021), soit quasiment le même total que l’année précédente (143).
Les femmes représentent 81% du total des victimes de morts violentes au sein du couple en 2022 (145 personnes dont 118 femmes et 27 hommes) contre 85% en 2021, une part stable depuis 2006.
Le nombre de féminicides se situe dans la moyenne de la dernière décennie, marquée par un pic en 2019 (146 féminicides) suivie d’un point bas en 2020 (102), dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
Forte hausse des tentatives d’homicides
L’étude note en revanche une forte hausse des tentatives d’homicides au sein du couple (+45%), avec 366 faits (dont 267 victimes féminines) contre 251 en 2021.
« Le profil type de l’auteur n’a pas changé. Il est majoritairement masculin (84%), le plus souvent en couple, de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans et n’exerçant pas ou plus d’activité professionnelle », résume le ministère de l’Intérieur.
Les femmes victimes (81%) sont le plus souvent de nationalité française, âgées de 30 à 49 ans et sans emploi.
Sur les 118 féminicides, 37 femmes avaient déjà subi des violences par leur conjoint ou ex-conjoint avant leur décès, 24 d’entre elles avaient signalé les faits aux forces de l’ordre dont 16 avaient déposé plainte.
La dispute (26%) et le refus de la séparation (23%) demeurent les principaux mobiles du passage à l’acte. Les faits sont en majorité commis au domicile du couple, de la victime ou de l’auteur (87%), sans préméditation (92%), principalement avec une arme blanche (43%) ou une arme à feu (20%).
L’asphyxie, par strangulation ou étouffement, est le troisième mode opératoire (17%), exclusivement masculin.
« Des failles dans la réponse judiciaire »
Dans plus d’un cas sur trois (36%), la présence d’au moins une substance susceptible d’altérer le discernement de l’auteur et/ou de la victime (alcool, stupéfiants, médicaments psychotropes) est constatée au moment des faits.
Plus d’un tiers des auteurs (37%) se sont suicidés ou ont tenté de se suicider après les faits, en très large majorité des hommes (50 hommes, trois femmes)
Les départements qui enregistrent le plus de faits sont le Nord (sept victimes féminines et deux masculines), les Alpes-Maritimes et le Rhône (cinq victimes féminines chacun), puis la Seine-Saint-Denis (quatre victimes féminines et une masculine).
Comme en 2021, 12 enfants mineurs sont décédés dans la sphère familiale, victimes d’infanticides.
« Certaines femmes tuées avaient déjà signalé des faits de violence : il y a eu des failles dans la réponse judiciaire, pas assez de mesures de protection ou de suivi, beaucoup trop de plaintes sont classées sans suite. Les sanctions sont insuffisantes au regard des violences subies », a réagi Françoise Brié, présidente de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), association qui gère le numéro d’appel 3919.
« Les chiffres stables montrent que les efforts ne sont pas suffisants pour prévenir les violences et protéger les femmes victimes. Il faut en faire une priorité, comme ce fut le cas en 2020 », a réagi Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes à l’AFP.
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