Féminicide de Julie Douib: son ex-compagnon Bruno Garcia condamné en appel à la perpétuité

Bruno Garcia, 46 ans, a été condamné en appel, ce vendredi soir, à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une peine de sûreté de 22 ans, pour le meurtre de Julie Douib, son ex-compagne et mère de ses enfants, en mars 2019 à l'Île Rousse en Corse.

Il s'agit de la même peine qu'en première instance.

"La Cour vous condamne à la majorité de huit voix au moins à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans", a indiqué la présidente de la cour d'assises d'appel de Corse-du-Sud à Bruno Garcia-Cruciani.

La cour a reconnu coupable l'accusé d'assassinat et a écarté l'altération du discernement plaidée par la défense.

À l'énoncé du verdict, Bruno Garcia-Cruciani est resté imperturbable dans le box. La famille Douib a, elle, laissé percer son soulagement.

Une "exécution pure et simple"

Cette condamnation correspond aux réquisitions de Catherine Levy, l'avocate générale.

"C'est une exécution pure et simple", avait martelé la magistrate, rappelant qu'il "a traqué" la jeune femme de 34 ans avant de la tuer par balle le 3 mars 2019 à l'Ile Rousse, en Corse.

"Le seul fait de se présenter à la porte de quelqu'un avec une arme chargée constitue la préméditation", avait-elle également insisté.

Pour souligner encore cette préméditation, elle a égrainé les recherches sur internet effectuées avant les faits par l'accusé sur la "peine pour homicide" ou comment "partir vivre en Thaïlande". Circonstances également aggravantes, la vente de ses véhicules et le fait d'avoir confié les passeports des enfants à sa "tata de coeur" avant les faits.

Des éléments de préméditation que Maître Gilles Antomarchi et Maître Jean-Paul Eon, en défense, se sont attelés à démonter. Ils ont aussi défendu la thèse d'un premier tir accidentel, concédant un deuxième tir volontaire mais "pas d'exécution".

Quant à la peine de perpétuité requise, "c'est la peine des tueurs en série", s'est indigné Maître Antomarchi, dénonçant la pression de "la médiatisation".

Menaces de mort en détention

L'avocate générale a ensuite rappelé les menaces de mort proférées par l'accusé lors de sa détention après la mort de Julie Douib, contre des amies de la jeune femme, un entraineur de sport qu'elle fréquentait et son père.

"Rien ne l'arrête, même en détention", a résumé Catherine Levy.

Un état d'esprit belliqueux de l'accusé, avant, pendant et après les faits, que ses avocats ont attribué à sa consommation d'anabolisants stéroïdiens pouvant susciter "une paranoïa" et des "explosions de violences". Ils ont demandé aux jurés, en vain, de retenir "une abolition du discernement".

Plus tôt, Maître Francesca Seatelli, avocate des deux fils de 12 et 14 ans du couple, avait appelé la cour à les "protéger de leur père", décrivant des garçons "terrifiés à l'idée que leur père sorte de prison et vienne les chercher".

Retrait total de l'autorité parentale

Bruno Garcia-Cruciani, "un homme dangereux", a "constamment utilisé" ses enfants "comme un propriétaire" et veut "les récupérer pour lui, pas pour eux", a souligné l'avocate, assénant qu'il a fait d'eux "à perpétuité des fils d'assassin, à jamais des orphelins".

Elle a demandé à la cour de leur dire, par son jugement, "que ce n'est pas leur faute".

"Je voudrais avoir un mot pour Julie", a dit vendredi soir Bruno Garcia-Cruciani avant que la cour ne se retire.

"J'ai enlevé la vie de Julie", "la mère de mes enfants" et "je demande pardon", "je m'en excuse". Il a également "demandé pardon à la famille Douib", et concernant Lucien Douib, le père de Julie, il a dit: "S'il s'est senti menacé, je m'en excuse".

"Je ne suis pas allé pour enlever la vie de Julie", a-t-il aussi répété, rejetant la préméditation.

Quant à ses enfants, "je serai toujours là pour eux et je les laisserai jamais", a-t-il conclu en s'excusant. Dans la soirée, la cour a statué le "retrait total de l'autorité parentale" pour Bruno Garcia.

Pour Jean-Sébastien De Casalta, l'un des trois avocats de la famille Douib, "c'est le procès d'un féminicide devenu symbole", a-t-il lancé, qualifiant l'accusé de "voleur de vie", "voleur de rêves" et "voleur d'amour".

Article original publié sur BFMTV.com