Féminicide en Italie : Meloni répond aux critiques qui l’accusent d’incarner la « culture patriarcale »

Féminicide en Italie : Meloni répond aux critiques qui l’accusent « d’incarner la culture patriarcale »
Simona Granati - Corbis / Corbis via Getty Images Féminicide en Italie : Meloni répond aux critiques qui l’accusent « d’incarner la culture patriarcale »

ITALIE - Ne parlez pas de féminisme à Meloni… mais ne lui parlez pas de patriarcat non plus. Le féminicide de la jeune Giulia Cecchettin, le 83e de l’année en Italie, émeut le pays depuis plusieurs semaines, avec des manifestations prévues à travers tout le pays cette semaine. Un sujet de société qui met la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni issue du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, sur la sellette.

Celle dont qui revendique le slogan fascite « Dieu, famille, patrie » a été pointée du doigt par la présentatrice italienne Lilli Gruber, qui se demandait si elle n’incarnait pas une forme de « culture patriarcale ». Sur le plateau de son émission Otto e mezzo, dont les audiences dépassent le million de téléspectateurs chaque soir, l’ancienne eurodéputée du Parti démocrate s’est montrée particulièrement critique.

« On ne peut nier qu’il existe, en Italie, une forte culture patriarcale et que cette droite au pouvoir ne s’y oppose pas vraiment », a-t-elle commenté, avant de questionner son interlocutrice : « Pour la première fois, nous avons une femme Première ministre qui tient pourtant à être appelée “Le Premier ministre”, c’est un mystère de foi pour moi, mais c’est aussi l’incarnation d’une culture patriarcale de droite… »

La réplique de Giorgia Meloni, qui se décrit comme une « femme mère de famille et chrétienne », ne s’est pas fait attendre. Sur ses réseaux sociaux, elle a partagé une photo prise il y a quelques années sur laquelle elle pose avec sa fille nouveau-née, sa mère et sa grand-mère.

« La nouvelle thèse bizarre soutenue par Lilli Gruber dans son émission hier soir est que je serais l’expression d’une culture patriarcale. Comme vous pouvez le voir clairement sur cette photo qui représente quatre générations de “culture patriarcale” dans ma famille », ironise Giorgia Meloni, accusant Lilli Gruber d’instrumentaliser le féminicide de Giulia Cecchettin.

« Le droit à une pensée libre et critique est toujours bien protégé »

La cheffe du gouvernement a reçu le soutien de plusieurs ministres, dont celui de Francesco Lollobrigida, son beau-frère, qui a tenu à saluer sur Radio 1 une Première ministre qui a brisé le « plafond de verre ».

Un argument qui a ses limites tant Giorgia Meloni n’a jamais évoqué elle-même son élection comme une « victoire féministe ». Ainsi que n’a pas manqué de le rappeler Vittoria Baldino, la vice-présidente du Mouvement cinq étoiles à l’Assemblée, Giorgia Meloni a, en revanche, déjà appeler les femmes « à ne pas se mettre en situation de se faire violer », sous-entendant que les victimes sont en partie responsables.

« Je pense au concept de la femme comme couveuse d’enfants au service de la “nation” qui, selon les mots de la Première ministre elle-même, “apporte une contribution essentielle à la société », a ajouté Vittoria Baldino auprès du Corriere Della Sera. « Je pense à l’indifférence totale envers toute forme de discrimination salariale et économique entre les femmes et les hommes. »

Ce week-end, la principale opposant au gouvernement, « l’anti-Meloni » Elly Schlein, a poussé pour remettre sur la table une proposition du Parti démocrate visant à instaurer des cours d’éducation affective dans les écoles. Sera-t-elle entendue ? Giorgia Meloni a promis une campagne de sensibilisation à l’échelon scolaire, et rappelé que le projet de loi contre les violences de genre serait débattu au Sénat mercredi.

Lilli Gruber a de son côté répondu à Giorgia Meloni, afin de la remercier de cette « attaque » personnelle qu’elle voit comme une « volonté d’ouvrir un dialogue constructif avec la presse, un exercice de démocratie auquel elle n’est pas habituée ». Et la présentatrice d’ajouter : « Il est toujours dangereux, pour le bon fonctionnement démocratique, qu’un Premier ministre s’en prenne directement à la presse et à des journalistes individuels. Heureusement, le droit à une pensée libre et critique est toujours bien protégé par notre Constitution. »

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