Féminicide de Giulia Cecchettin en Italie : les deux minutes de silence en son hommage muées en colère

Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire « Si demain c’est moi, si demain je ne reviens pas, mes sœurs, détruisez tout ! » lors d’une manifestation suite au féminicide présumé de Giulia Cecchettin, 22 ans, à Milan, le 22 novembre 2023.
PIERO CRUCIATTI / AFP Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire « Si demain c’est moi, si demain je ne reviens pas, mes sœurs, détruisez tout ! » lors d’une manifestation suite au féminicide présumé de Giulia Cecchettin, 22 ans, à Milan, le 22 novembre 2023.

COLÈRE - Les écoles de toute l’Italie ont observé le 22 novembre deux minutes de silence en hommage à Giulia Cecchettin. Ou plutôt une minute de bruit, ou « rumore » en italien. Le féminicide de la jeune femme de 22 ans, présumée tuée par son ex-compagnon, a créé un fort émoi dans tout le pays. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, les deux minutes de silence demandées par le ministre de l’Éducation Giuseppe Valditara se sont muées en bruit, symptomatique de la colère qui gronde.

Il faut dire que la sœur de la victime elle-même, Elena Cecchettin, avait appelé la veille à ce que « pour Giulia on ne fasse pas une minute de silence, mais qu’on brûle tout ». À Rome, Bologne, Aoste, Milan et partout dans le pays, les Italiens et les Italiennes ont crié leur mécontentement face au 102e féminicide, selon le Ministère de l’Intérieur italien, depuis le début de l’année.

Dans des établissements du secondaire, des images montrent des lycéens et des collégiens chantant en classe ou lors de happenings dans les escaliers.

Un mouvement qui touche tous les âges. La Rai se fait ainsi l’écho qui au moment de fêter ses 100 ans dans sa maison de repos, dans la province de Trévise, a demandé une minute de bruit « pour Giulia ».

« Nous sommes le bruit, nous sommes la révolte »

Des milliers de personnes sur la Piazza VIII Agosto, à Bologne, se sont réunies pour la manifestation « Non una di meno » (Pas une de plus) contre la violence faite aux femmes. « Pour Giulia, pour tous. Mais quel silence ? Nous sommes le bruit, nous sommes la révolte », ont scandé les manifestants. À Rome, des étudiants ont brûlé plusieurs feuilles sur lesquelles étaient inscrits les mots « Patriarcat » et « Fascisme ».

Même au parlement italien, les députés ont également fait du bruit pour rendre hommage à la jeune femme. Le président de la région, Luca Zaia, a déclaré qu’un jour de deuil serait fixé le jour des funérailles de Giulia Cecchettin. Il a aussi souhaité que le sujet des féminicides soit évoqué dans les écoles. Le Parlement a adopté cette semaine une nouvelle loi contre les violences faites aux femmes.

Cette affaire de féminicide mobilise les unes de la presse italienne depuis plusieurs jours. De nombreuses personnalités ont pris la parole. Entre août 2021 et juillet 2022, les meurtres de femmes ont augmenté en Italie de près de 16 %, selon le ministère de l’Intérieur.

La justice allemande a annoncé mercredi 22 novembre l’extradition prochaine de Filippo Turetta, étudiant italien de 22 ans arrêté en Allemagne et soupçonné d’avoir tué en Italie son ex-compagne. Le suspect avait été interpellé samedi près de Leipzig, dans l’est de l’Allemagne, et mis en détention provisoire, a déclaré le tribunal de Naumburg (est), sans le nommer. Il sera maintenu en arrestation jusqu’à sa remise aux mains de la justice italienne, a-t-il ajouté.

L’étudiant originaire de Padoue (nord de l’Italie) est soupçonné de l’avoir kidnappée et tuée. Samedi, le corps de Giulia Cecchettin a été retrouvé, dans un ravin près du lac Barcis, à une centaine de kilomètres au nord de Venise, la tête et le cou lardés de coups de couteau.

La mort de la jeune femme remonte vraisemblablement au dimanche 12 novembre. Des caméras de télésurveillance ont enregistré l’agression au couteau survenue sur le parking d’une zone industrielle de la région de Vénétie.

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