Un féminicide à Saint-Laurent-d’Arce, en Gironde, l’auteur avait un très lourd passif

Après le féminicide de Saint-Laurent-d’Arce, un profil très inquiétant se dessine pour l’auteur, notamment condamné pour « tentative d’assassinat » sur une ancienne compagne (photo d’illustration prise en mars 2018 à Lille).
Après le féminicide de Saint-Laurent-d’Arce, un profil très inquiétant se dessine pour l’auteur, notamment condamné pour « tentative d’assassinat » sur une ancienne compagne (photo d’illustration prise en mars 2018 à Lille).

VIOLENCES FAITES AUX FEMMES - C’est un drame effroyable, qui ne devrait pas manquer de raviver les interrogations quant à la gestion des violences conjugales en France. Vendredi 3 mars, une femme de 54 ans a été tuée à l’arme blanche par son ex-conjoint à Saint-Laurent-d’Arce, en Gironde, comme l’a annoncé le parquet de Libourne, confirmant une information de Sud Ouest. Un événement tragique qui a poussé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé une enquête à l’IGGN.

Comme le rapporte franceinfo, la femme, née en 1968, se sentait menacée, au point qu’elle avait prévenu son nouveau compagnon par téléphone à la mi-journée. Nos confrères précisent que « plus proche géographiquement », c’est finalement la sœur de la victime qui s’est rendue sur place et qui a découvert le corps. La quinquagénaire « a été égorgée et a reçu 24 coups de couteau », ajoute la chaîne de radio publique.

« Tentative d’assassinat » et plaintes successives

L’homme, un temps recherché par les gendarmes, s’est quant à lui « donné la mort par pendaison » et a été retrouvé dans un garage verrouillé, a précisé à l’AFP un porte-parole du parquet. Les enquêteurs ont été contraints de forcer la porte du garage avec un pied-de-biche pour y accéder. Sexagénaire, l’homme habitant à Montendre, en Charente-Maritime, à une trentaine de kilomètres de Saint-Laurent-d’Arce.

Mais c’est surtout son profil et le déroulé des dernières semaines qui interpelle. D’après Actu17 et l’antenne locale de France Bleu, l’homme avait effectivement un très, très lourd passif. En 2005, il avait ainsi été condamné à 20 ans de prison pour « tentative d’assassinat » sur son épouse de l’époque.

Libéré en 2017, il n’avait fait l’objet d’aucun suivi particulier au terme de sa détention, précisent nos confrères. Il avait seulement l’interdiction de paraître en Gironde. Malgré cela, il avait donc entamé, après sa sortie de prison, une relation dans le département avec sa victime de vendredi.

Des dysfonctionnements ?

Mais ces dernières semaines, après leur séparation, celle-ci avait donc pris peur, allant jusqu’à déposer deux plaintes dans le courant du mois de février à la gendarmerie de Saint-André-de-Cubzac. Franceinfo précise que la première portait sur des faits de « violences sans incapacité » et la seconde pour « diffusion d’images portant atteinte à l’intimité de la vie privée », le 23 février. Mais il semble qu’aucune des deux n’ait fait l’objet d’une remontée au parquet de Libourne. Avec une issue tragique à la clé.

En conséquence, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donc demandé une enquête administrative de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), pour faire le jour sur d’éventuels dysfonctionnements.

En 2021, le nombre de féminicides a augmenté de 20 % en France par rapport à l’année précédente, avec 122 femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 en 2020, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

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