«Félicité», l’éclat ordinaire

Félicité (Véro Tshanda Beya) et son fils, Samo (Gaetan Claudia).

Brillant par sa simplicité et son intensité, le nouveau film du Franco-Sénégalais Alain Gomis dépeint le quotidien d’une femme, chanteuse dans un bar de Kinshasa, face aux coups du sort.

Aujourd’hui, l’avant-dernier film d’Alain Gomis (ceux qui l’ont vu s’en souviennent pour la vie), décrivait la journée d’adieux d’un homme destiné par quelque force inexpliquée à mourir le soir même. Le dernier, Félicité, s’il ne jette pas à son héroïne le même sort, partage avec son prédécesseur cette clarté obscure du conte ou de la fable. Qui nous parle du sort : c’est autre chose que la destinée ou la fatalité, autre chose aussi que la vie ou le hasard. Le sort d’un être serait cet interrègne où les lois de la prédestination ne s’appliquent pas complètement, mais qui n’est pas pour autant entièrement remis à l’aléatoire. Pour cette raison, le sort de Félicité - c’est le nom du personnage principal - n’aurait sans doute pas pu être raconté autrement que sous la forme d’un film, car les films sont bien, à leur tour, ce genre de zones intermédiaires entre ce qui est joué (d’avance comme on dit) et ce qui se joue.

Lyrisme cosmique

Les chansons aussi le sont, à leur manière. Félicité, la magnifique, chante les soirs dans un bar de Kinshasa avec le groupe des Kasai Allstars. Ça joue à fond et c’est très beau, ça scande le film, de folles montées en folles descentes. C’est quand elle chante et qu’ils jouent qu’il n’y a plus du tout, pour elle ni pour le film et ses spectateurs, de questions qui tiennent sur la distinction entre la trame et l’improvisation, la partition et le jeu, le rythme et la durée, l’écrit et l’inattendu. Dans la vie hors du cabaret, dans la ville, c’est plus compliqué. Des événements se produisent - comiques, quand un frigo tombe en panne, tragiques, quand un accident de voiture précipite le récit vers un pur drame suivi d’un nouvel apaisement - comme des coups du sort où la marge de liberté se resserre. On pourrait dire qu’une vraie question du cinéma (...)

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