ExxonMobil règle à l’amiable une affaire de complicité de torture en Indonésie

“Nos clients ont eu le courage d’affronter l’une des entreprises les plus grandes et les plus rentables du monde. Nous sommes très heureux d’avoir pu obtenir justice pour eux et leurs familles”, a déclaré à BBC News Indonesia Agnieszka Fryszman, qui fait partie de l’équipe d’avocats des 11 villageois ayant déposé une plainte contre ExxonMobil en 2001. Ces derniers accusaient la société pétrolière et gazière américaine de complicité présumée dans des cas de tortures et de meurtres commis par des soldats.

Entre 1999 et 2015, la firme exploitait le gisement de gaz d’Arun, dans la province d’Aceh, sur l’île de Sumatra, décrit par certains responsables comme le “joyau de la Couronne pour l’entreprise”. “Mais au début des années 2000, ce joyau [s’est retrouvé] menacé” par le Mouvement pour un Aceh libre (GAM), militant depuis les années 1970 pour l’indépendance de la province et procédant à des enlèvements et à des attaques contre des employés d’ExxonMobil, note le site de BBC News Indonesia.

Selon certains documents judiciaires, ExxonMobil aurait “engagé des soldats indonésiens afin de maintenir la sécurité pour un montant de 500 000 dollars par mois”. En février 2001, “5 500 soldats étaient déployés à Aceh, et 1 000 d’entre eux étaient employés pour garder [le site d’] ExxonMobil”, rapporte le média britannique sur son site en langue indonésienne.

“Moment extraordinaire”

Les plaignants racontent comment des membres de leurs familles ont été pris au piège. Soupçonnés d’être impliqués dans les actions du GAM, des femmes ont été violées, et des hommes ont été électrocutés et sauvagement torturés avant d’être brûlés ou exécutés.

Par mesure de sécurité, l’anonymat des 11 villageois a été préservé pendant plus de vingt ans. Le montant de leurs compensations n’a pas non plus été divulgué. Les victimes de ces exactions pourraient être plus nombreuses.

Michel Paradis, avocat spécialisé dans les droits humains et professeur à la Columbia Law School, à New York, a qualifié le règlement de l’affaire de “moment extraordinaire” : “[les plaignants] et leurs avocats doivent être très satisfaits parce que non seulement ils ont obtenu gain de cause, mais en plus ils ont contribué à des changements majeurs dans la façon dont les entreprises se gouvernent, ce qui empêchera que ce genre de choses se reproduise.”

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