Expulsion de Mahjoub Mahjoubi : la juge des référés valide le départ de l’imam du Gard vers la Tunisie

L’imam de Bagnols-sur-Cèze avait été expulsé vers la Tunisie le 22 février, après des prêches polémiques qui ont attiré l’attention du ministère de l’Intérieur.
FETHI BELAID / AFP L’imam de Bagnols-sur-Cèze avait été expulsé vers la Tunisie le 22 février, après des prêches polémiques qui ont attiré l’attention du ministère de l’Intérieur.

JUSTICE - Départ pour la Tunisie validé. Attendue depuis la fin de semaine dernière, la décision concernant l’expulsion vers la Tunisie de Mahjoub Mahjoubi, imam de Bagnols-sur-Cèze, a été rendue ce lundi 4 mars. Une décision d’expulsion finalement validée par la juge des référés du tribunal administratif de Paris.

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La juge a donc choisi de rejeter la procédure d’urgence déposée par l’avocat de Mahjoub Mahjoubi afin de contester l’arrêté d’expulsion pris par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. L’imam avait été interpellé dans le Gard le 22 février puis expulsé vers la Tunisie après avoir été accusé d’appels à la haine visant notamment les femmes et les juifs dans ses prêches.

En l’état, la juge n’a donc pas trouvé de motif valable pour casser cette décision, ne voyant pas d’« atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir » de l’imam, comme l’indique le document du tribunal administratif. D’autant plus que ses propos « sont soit de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’État, soit constituent des actes de provocation explicite à la haine, ou à la violence », et « sont suffisamment graves pour justifier son expulsion hors de France, alors même que la durée de sa résidence et ses attaches y sont fortes ».

Dans sa décision, la juge observe aussi un « discours théorisant la soumission de la femme à l’homme » et pointe « les propos contre les principes de la République », faisant ici référence au « drapeau tricolore » comparé à un « drapeau satanique ».

Installé en France depuis le milieu des années 1980, l’imam Mahjoub Mahjoubi était dans la ligne de mire du ministre de l’Intérieur, qui avait demandé, quelques jours avant son expulsion, le retrait de son titre de séjour.

Un discours « très patriarcal »

Gérald Darmanin s’est félicité sur X (ex-Twitter) de cette nouvelle concernant l’imam qui « incitait clairement au séparatisme et insultait notre drapeau ». Le ministre a également précisé qu’il continuerait « grâce à nos nouvelles lois, à lutter avec efficacité contre tous les prêcheurs de haine ».

Vendredi lors de l’audience devant le tribunal administratif, Me Samir Hamroun avait souhaité dénoncer « une violation des droits inouïe » et « une procédure inédite en termes de célérité » contre son client qui « a été privé de pouvoir faire entendre sa cause devant un juge et laisse derrière lui une situation familiale dramatique, puisqu’il a des enfants mineurs, scolarisés, dont un est atteint d’un cancer assez grave ».

En guise de réponse, le ministère de l’Intérieur avait jugé cette mesure « nécessaire, adaptée et proportionnée » car permettant de prévenir « la réitération de propos particulièrement graves par ses prêches ». Il était notamment reproché à Mahjoub Mahjoubi la diffusion d’une vidéo dans laquelle il qualifiait le « drapeau tricolore » de « drapeau satanique » qui n’aurait « aucune valeur auprès d’Allah ». Ce qui avait d’ailleurs motivé l’ouverture d’une enquête de la justice française.

« Il ne voulait pas parler du drapeau tricolore. Il ne maîtrise pas parfaitement la langue française », avait alors répliqué l’avocat. Cette version des faits avait déjà été vivement critiquée par le préfet du Gard, qui parlait alors d’« appels à la haine ».

L’avocat avait également tenté de minimiser le rôle de l’imam dans son département, où il ne disposait pas d’un « rôle influent ». Quant aux prêches, principale motivation pour le ministre de l’Intérieur, l’avocat avait concédé un discours « très patriarcal » et l’expression d’« une liberté d’opinion qui peut être contestable », mais qui restait très éloignée de la « visée terroriste » mise en avant par Gérald Darmanin.

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