Attentat suicide à la fin d'un concert à Manchester, 22 morts

par Michael Holden et David Milliken MANCHESTER, Grande-Bretagne (Reuters) - La police britannique a annoncé mardi que l'auteur présumé de l'attentat qui a fait lundi soir au moins 22 morts, dont des mineurs, à la sortie d'un concert à Manchester, s'appelait Salman Abedi et a également arrêté un homme de 23 ans dans le cadre de l'enquête. L'attentat suicide perpétré à la fin d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande dans la ville du nord de l'Angleterre est l'attaque la plus meurtrière sur le sol britannique depuis les attentats de Londres en juillet 2005. Se faisant l'écho de l'émoi international causé par cet attentat, qui a aussi fait 59 blessés, la Première ministre britannique, Theresa May, a dénoncé un acte ignoble visant des enfants et des adolescents. L'organisation Etat islamique (EI), qui ne cesse de perdre du terrain en Irak et en Syrie, a revendiqué cet attentat mais les éléments qu'elle fournit dans deux messages contradictoires diffèrent de la version des faits donnée par la police britannique, ce qui suscite des interrogations parmi les experts occidentaux des questions de sécurité. Outre les 22 morts, de nombreux blessés dans un état très grave ont été placés en soins intensifs et plus d'une dizaine d'enfants ont été hospitalisés, ont indiqué les services sanitaires de Manchester et de sa région. S'exprimant devant ses bureaux de Downing Street à Londres après une réunion avec les responsables des services de sécurité et de renseignement britanniques, Theresa May a déclaré que les enquêteurs pensaient avoir établi l'identité de l'auteur de l'attentat, survenu moins de trois semaines avant des élections législatives en Grande-Bretagne. Il s'agit de Salman Abedi, qui était âgé de 22 ans, a par la suite déclaré le chef de la police de Manchester, Ian Hopkins. Le policier n'a pas voulu fournir davantage de précisions mais de sources proches des services de sécurité américains, on indique que le jeune homme est né à Manchester en 1994 de parents d'origine libyenne. Si le kamikaze semble avoir agi seul à la Manchester Arena, les autorités cherchent à savoir s'il n'a pas bénéficié du soutien d'un réseau, a déclaré Ian Hopkins. EXPLOSION CONTRÔLÉE La police britannique a annoncé l'arrestation d'un homme de 23 ans, au sujet duquel elle n'a fourni aucun autre détail mais qui pourrait être, selon des médias britanniques, le frère de Salman Abedi. Elle s'est aussi déployée dans des quartiers du sud de Manchester, Whalley Range et Fallowfield, où elle a procédé à une explosion contrôlée dans le cadre d'une perquisition. La famille de Salman Abedi vivait à Fallowfield dans les années 1990. Des témoins à Whalley Range ont rapporté que des policiers armés avaient encerclé un ensemble résidentiel récemment construit dans une rue habituellement calme. Cette attaque à Manchester est la plus meurtrière commise sur le sol britannique depuis les attentats de juillet 2005 dans les transports publics londoniens et dans lesquels 52 personnes ont péri. L'explosion s'est produite à proximité immédiate de la Manchester Arena, qui revendique le statut de plus grande salle de concert d'Europe avec une capacité de 21.000 spectateurs, alors que le concert se terminait. D'après la police des transports, le kamikaze a activé sa charge au niveau des accès reliant la salle de concert au réseau de transports en commun de Manchester. Selon une source proche de l'enquête, des pièces métalliques et des boulons avaient été ajoutés à la charge pour amplifier les conséquences de l'explosion. Des images de panique à l'intérieur et à l'extérieur de la salle sont rapidement apparues sur les réseaux sociaux, sur lesquels de nombreux parents affolés se sont précipités pour tenter d'obtenir des nouvelles de leurs enfants présents au concert. Ariana Grande n'a pas été touchée. CONTRADICTIONS De nombreux dirigeants à travers le monde, dont le président français Emmanuel Macron, ont adressé des messages de solidarité à la Grande-Bretagne. Cet attentat a notamment ravivé en France le souvenir des attaques du 13 novembre 2015 à Paris, elles aussi revendiquées par l'EI, au cours desquelles 90 personnes ont notamment été tuées dans la salle de spectacles du Bataclan. Dans le cas de Manchester, la revendication de l'organisation Etat islamique diffusée sur la messagerie Telegram paraît contredire la version de la police britannique, qui parle d'un attentat suicide. L'EI évoque pour sa part des engins explosifs déposés "au milieu d'un rassemblement de Croisés". L'EI, qui a revendiqué une série d'attaques commises sur le sol européen, comme à Paris, à Nice le 14 juillet dernier ou bien encore à Bruxelles, Saint-Pétersbourg, Berlin et Londres, ne nomme pas cette fois l'auteur de l'attaque, contrairement à ses habitudes. L'organisation semble aussi contredire un autre message publié sur son organe de communication, Amaq, dans lequel est évoqué un "groupe d'assaillants". Cette dernière formule a par la suite été retirée. Dan Coats, le directeur du Renseignement national aux Etats-Unis, a déclaré que les services américains ne pouvaient pas confirmer dans l'immédiat l'implication de l'EI dans les événements survenus à Manchester. (avec Alistair Smout, Kate Holton, Elizabeth Piper, Paul Sandle et Costas Pitas à Londres; Nicolas Delame, Henri-Pierre André, Bertrand Boucey et Tangi Salaün pour le service français)