Les expatriés français sont orphelins de la bossa-nova

Quand ils savent qu’ils vont résider pour un temps à Rio de Janeiro, les expatriés français se réjouissent. “Chouette, on va pouvoir écouter de la bonne musique brésilienne : Rio n’est pas la capitale de la bossa-nova pour rien !”

La bossa, un succès international

Illusion, hélas ! Qui devient une grande déception : la bossa-nova, ici, à Rio, c’est du passé ! Et du passé déjà bien lointain, quasi oublié. Sauf par un dernier carré de fidèles nostalgiques. On la ressort juste de temps en temps pour faire plaisir aux gringos qui, eux, continuent de la vénérer ! Les chiffres de YouTube le confirment : on écoute toujours beaucoup João Gilberto à Paris, New York ou Tokyo, mais plus tellement à Rio.

Ce malentendu franco brésilien autour de la bossa n’est pas nouveau : il date du film Orfeu Negro, qui a contribué, en 1959, à faire découvrir cette musique au monde entier. Cette musique mélodieuse, sophistiquée, sensuelle, swingante devint définitivement pour tous les Français LA musique brésilienne, la seule, la grande, la vraie, l’unique. Le trio des créateurs, João Gilberto, Antonio Carlos Jobim et Vinicius de Moraes, est érigé en Sainte Trinité de la bossa-nova. Le jazz nord-américain s’en saisit, Stan Getz en tête, pour en faire un succès international inédit.

La bossa, une musique brésilienne

Son histoire brésilienne est différente. Elle est courte (1958-1964) et se limite aux beaux quartiers de Rio, entre Copacabana et Ipanema. Ce n’est pas du tout une musique populaire, comme peut l’être la samba. Mais elle devient une référence essentielle et marquante pour toute la nouvelle génération qui suit : celle de la M.P.B. (Musique Populaire Brésilienne), qui va abondamment s’en nourrir, comme Caetano Veloso, Elis Regina ou Chico Buarque.

La bossa, aujourd’hui, c’est d’abord et avant tout, un fabuleux répertoire avec de nombreux petits bijoux musicaux, repris et remis à toutes les sauces !

À la recherche de la bossa…

À Rio, les amoureux de la bossa peuvent toutefois faire un parcours de ses endroits mythiques, histoire d’alimenter leur nostalgie. Là où ont habité leurs idoles, le club pionnier du Beco das Garrafas à Copacabana, la statue de Jobim en bord de plage, la librairie 100 % bossa Toca do Vinicius, mais surtout le fameux bar où, en train de siroter leurs bières, Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim virent passer la fatale “garota d’Ipanema” au corps doré et en firent une chanson devenue un tube international ! Tout un programme.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :