“Expéditions anti-Swatch” : les autorités malaisiennes saisissent des montres arc-en-ciel

Les 13 et 14 mai, les autorités malaisiennes ont procédé à la saisie de 164 montres de la marque suisse Swatch dans 11 magasins. Ce que certains journaux appellent déjà les “expéditions anti-Swatch” s’explique par le fait que les produits portaient des symboles de la communauté LGBTQI, dans un pays où l’homosexualité est sévèrement réprimée. “Le mandat spécifiait que cette collection allait à l’encontre de la loi sur la presse et les publications de 1984. Selon cette loi, les marques qui vendent des objets considérés comme portant atteinte à la morale, ou pouvant porter atteinte à la morale, seraient poursuivies par la justice”, explique le quotidien malaisien The Star.

La collection “Swatch Pride” a été lancée le 4 mai en prévision du “mois des fiertés” en juin. Elle consiste en un modèle de montres décliné en six coloris, correspondant aux six couleurs du drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTQI. La montre est agrémentée du drapeau en question figurant sur le bracelet.

CAPTURE D’ÉCRAN SWATCH.COM
CAPTURE D’ÉCRAN SWATCH.COM

Le gouvernement n’a pas commenté cette saisie. Le Malay Mail a contacté les responsables de la marque pour leur demander si des confiscations de montres avaient été observées ailleurs. La réponse était des plus claires : la Malaisie est le seul pays à avoir pris de telles mesures. Le PDG de Swatch, Nick Hayek Jr., a fait état de sa consternation et déclaré espérer le retour des stocks.

Selon The Star, des membres de la Chambre des représentants ont pressé le ministère de l’Intérieur de s’exprimer sur cette affaire. La représentante Amira Aisya Abdul Aziz s’est ainsi fendue d’un message sur Twitter : “Ma plus grande inquiétude concerne cette ambiguïté sur ce qui est considéré comme portant atteinte à la morale. C’est très dangereux. Allons-nous perquisitionner toutes les boutiques qui vendent des objets avec un drapeau arc-en-ciel ? Même les plus petites ? C’est le meilleur moyen de dissuader les marques et les entreprises d’investir en Malaisie.”

Comme le rappelle le quotidien britannique The Times, les actes homosexuels sont illégaux dans ce pays marqué par le conservatisme islamique. Les peines peuvent aller des châtiments corporels à la prison. L’actuel Premier ministre, Anwar Ibrahim, a lui-même fait face à des accusations – et à une condamnation finalement annulée – d’homosexualité. Certains partis ont récemment réclamé l’annulation d’un concert de Coldplay, prévu en novembre prochain. Le groupe britannique a maintes fois affiché son soutien à la cause LGBTQI.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :