EXCLUSIF – Les confidences de Salman Rushdie

Salman Rushdie dans les rues de Manhattan, à New York, le 14 juin 2023. « Les livres peuvent encore ouvrir le monde. Je reste optimiste. »   - Credit:AARON KOTOWSKI/RÉA POUR « LE POINT »
Salman Rushdie dans les rues de Manhattan, à New York, le 14 juin 2023. « Les livres peuvent encore ouvrir le monde. Je reste optimiste. » - Credit:AARON KOTOWSKI/RÉA POUR « LE POINT »

C'est un survivant qui s'avance vers vous, dans ce couloir d'un building de Manhattan où son agent, le célèbre Andrew Wylie, veille sur les destinées des œuvres du Prix Nobel Orhan Pamuk ou de feu Philip Roth. Et vous avez envie de le prendre dans vos bras tant vous êtes heureux, en ce jour de juin, de le revoir debout et souriant, malgré le verre noir qui cache son œil mort. Vous le faites, d'ailleurs, et, dans ce hug amical, vos mains vous confirment l'amaigrissement dû au long chemin de croix hospitalier parcouru après la lâche et violente agression dont il a été la victime, il y a un an, le 12 août 2022. « Désolé, c'est le mieux qu'on a pu faire ! » dira-t-il quelques minutes plus tard, avec sa joyeuse ironie, intacte sous la voix désormais légèrement voilée.

Douze coups de couteau. En vingt-sept secondes. Un supplice, puis un miracle : pas mal, pour un athée… Car voilà Salman Rushdie de retour, tel qu'en lui-même, et c'est une formidable nouvelle. Pour la littérature, puisqu'il publie un nouveau roman, La Cité de la victoire (Actes Sud), et que c'est l'un de ses meilleurs : l'histoire d'une jeune Indienne qui, révulsée par la coutume qui veut que les épouses se jettent dans le bûcher funéraire de leur mari, se met en tête de bâtir, au XIVe siècle, un empire égalitaire entre les hommes et les femmes, dont les ruines s'élèvent encore fièrement du côté de Hampi, dans le sud de l'Inde.

Gagner la « bataille du récit »

Une formidable nouvelle aussi pour la lib [...] Lire la suite