Evelyne Thomas : "Je suis malheureuse quand je ne travaille pas"

Evelyne Thomas entame la troisième saison de “C’est mon choix” sur Chérie 25. L’animatrice assume le virage divertissant de son émission créée sur France 3 il y a 18 ans. Quitte à donner de sa personne et à se mettre en scène. Un retour tonitruant après plusieurs années passées loin des plateaux télé.

Crédit : Twitter
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Avez-vous toujours cru au retour de “C’est mon choix” ?

Quand on m’a proposé le projet pour Chérie 25, je n’y croyais pas. En tous cas, je ne voulais pas refaire “C’est mon choix” comme il y a 15 ans. Je voyais à peu près comment il fallait le faire alors je leur ai demandé de me faire confiance. Finalement on ne s’est pas trompé sur une ligne éditoriale que je voulais plus divertissante.

Avez-vous l’impression de prendre une revanche après la traversée du désert que vous avez connue ?

Je n’aime pas trop ce mot de traversée du désert. J’ai fait le choix d’avoir un parcours atypique. Quand on monte, il faut bien redescendre, ce sont les lois de la nature ! Il faut simplement y être préparée. Ce n’est donc pas une revanche parce que quand j’ai arrêté la télé il n’était pas question de reprendre “C’est mon choix”. La télévision reste aléatoire, tout peut s’arrêter très vite. Donc pas question de crier victoire.

Vous trouviez ça injuste de ne plus être à l’antenne ?

J’aime mon métier par dessus tout. Ce que je n’ai pas aimé c’est d’être privé de mon travail alors que j’avais encore des choses à dire. Mais c’est le cas de tous les gens qui sont au chômage ou pas bien exploités. C’est rageant. Mais la télévision ce n’est pas que l’antenne. J’ai été directrice éditoriale, rédactrice en chef, productrice. Quand vous arrivez à un certain niveau ce n’est pas toujours évident de retrouver du travail et ce n’est pas toujours juste. C’est vrai que je suis assez malheureuse quand je ne travaille pas.

Vous faites de bonnes audiences pour Chérie 25 (record à 184 000 téléspectateurs atteint cette semaine) mais nettement en dessous des audiences de France 3 à l’époque. N’êtes-vous pas en manque d’une plus grande exposition ?

Absolument pas. Je n’ai pas le culte de l’exposition médiatique. Les scores de “C’est mon choix” sont bien au-dessus de la moyenne de Chérie 25 et c’est ce qui m’intéresse. L’idée c’est de faire connaître la chaine et de la faire grandir. De toute manière il n’y a plus de grandes et de petites chaines, ça ne veut plus rien dire.

N’auriez-vous pas envie de faire des choses sur NRJ 12 (qui appartient au même groupe que Chérie 25) ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je suis déjà très présente sur Chérie 25 avec les multiples rediffusions de “C’est mon choix”. L’émission est très identifiée sur la chaine, ce n’est pas le moment de brouiller les pistes. Et puis qu’irais-je faire sur NRJ 12 ? De toute manière on ne me l’a pas proposé.

“C’est mon choix” est produit par Réservoir Prod, comme “Ça commence aujourd’hui” de Faustine Bollaert sur France 2. Y a-t-il une concurrence entre les deux émissions ?

Je ne crois pas. Ce sont deux magazines de témoignages mais on ne traite pas du tout des mêmes thèmes. Je suis davantage dans la légèreté, dans les happenings et le côté ludique. Le divertissement est notre parti-pris éditorial.

Vous avez fait un régime devant les caméras l’année dernière, vous avez participé à un “dating” au début de la saison. Vous assumez tout ?

J’assume de me mettre en scène : je n’hésite pas à me déguiser, à me montrer telle que je suis. Avec la maturité j’ai envie de me lâcher sur un plateau de télé. Pour le “dating”, je voulais comprendre ce phénomène de société des applis et des sites de rencontre. Je n’aurais jamais pu me permettre de faire ça dans ma vraie vie. En fait je montre aux téléspectateurs que je suis comme eux. C’est totalement assumé. Et de toute manière si il y a des choses que je n’ai pas envie de faire, je ne les fais pas !

La célébrité est-elle un inconvénient pour trouver l’amour ?

Je suis une femme comme les autres : je fais mon ménage, je fais mes courses. Mais je ne saurais plus jamais si on m’aime pour moi ou pour la Evelyne Thomas de la télé. Cette situation est parfois difficile à gérer. Je suis aussi une femme libre qui s’assume, ça a pu dérouter certains hommes…

Vous avez été parmi les premières à parler d’homosexualité à la télévision. Pensez-vous que “C’est mon choix” a amélioré la visibilité des homos à la télé ?

Ce serait très prétentieux de le dire mais c’est une cause qui me touche. Il y a 15 ans on recevait régulièrement des homosexuels sur le plateau de “C’est mon choix”. Récemment on a encore fait un thème sur le coming-out. Il y a eu ces dernières années une sorte de banalisation de l’homosexualité en sous-entendant que les homos n’avaient plus de problème. Mais c’est très parisien comme réflexion. Les jeunes que j’ai reçus sur mon plateau n’arrivent toujours pas à annoncer à leurs parents qu’ils sont homos. La cause des gays a avancé mais il y a encore beaucoup de choses à faire.

Vous avez commencé en présentant le JT sur France 3 Paris Ile-de-France. Vous pourriez encore présenter le journal télévisé ?

(Rires) Le problème en France c’est qu’on a des étiquettes. Moi mon étiquette c’est “C’est mon choix” mais finalement mieux vaut mieux avoir une étiquette que pas d’étiquette du tout. Je pense que ce serait extrêmement difficile de faire avaler aux dirigeants de chaines que je puisse présenter un JT. Et en même temps quand je présentais le journal, je me sentais très à l’étroit derrière mon petit bureau et mon prompteur. Aujourd’hui je préfère cavaler sur mon plateau et interroger nos témoins, ça m’amuse beaucoup plus.

Thomas Joubert