Evan Gershkovich emprisonné en Russie : le Wall Street Journal laisse sa Une blanche en hommage à son journaliste

Le journaliste américain Evan Gershkovich, arrêté pour espionnage, se tient dans la cage des accusés avant une audience, à Moscou, le 18 avril 2023.
NATALIA KOLESNIKOVA / AFP Le journaliste américain Evan Gershkovich, arrêté pour espionnage, se tient dans la cage des accusés avant une audience, à Moscou, le 18 avril 2023.

INTERNATIONAL - Une année « volée », décrit le prestigieux quotidien américain. Ce vendredi 29 mars, le Wall Street Journal a décidé de conserver sa Une blanche, afin de rendre hommage à Evan Gershkovich, son correspondant en Russie, détenu à Moscou depuis 365 jours pour « espionnage ».

Evan Gershkovich arrêté en Russie : ce que l’on sait sur cette affaire

Comme vous pouvez le voir ci-dessous, le journal économique et financier a choisi de retirer l’illustration principale de sa première page. Le rectangle blanc est surplombé par le titre suivant : « Son article aurait dû être ici ». Un sous-titre précise : « Un an dans une prison russe. Un an d’articles volés, de joies volées, de souvenirs volés. Un crime : le journalisme. »

Les services de sécurité russes du FSB ont arrêté Evan Gershkovich à Ekaterinbourg, quatrième plus grande ville de Russie, le 29 mars 2023 et « l’ont jeté dans une cellule de prison à Moscou », sur la base d’une « allégation d’espionnage », rappelle le Wall Street Journal. Premier journaliste accusé pour un tel grief depuis la chute de l’Union soviétique, Evan Gershkovich, sa rédaction, et le gouvernement américain nient ces faits avec véhémence.

Sujets sur Wagner et l’armement russe

À rebours de nombreux journalistes américains qui ont quitté la Russie dans la foulée du début de la guerre en Ukraine en février 2022, Evan Gershkovich a fait le choix de continuer ses reportages.

Attaché à décrire la façon dont les Russes vivaient le conflit, il s’est entretenu avec des proches de soldats tués, des détracteurs de Vladimir Poutine, ou s’est penché sur les effets des sanctions sur l’économie russe. Lors de son arrestation dans l’Oural, il semblait travailler sur des sujets sensibles : l’industrie de l’armement russe et le groupe paramilitaire Wagner.

Les accusations d’« espionnage » qui le visent sont punies de 20 ans de prison en Russie. Pour l’heure, les autorités locales n’ont jamais apporté publiquement d’élément de preuve, et l’ensemble de la procédure a été classée secrète. Malgré cela, la justice russe a de nouveau prolongé mardi le placement en détention provisoire du reporter, jusqu’au 30 juin.

Attente d’un échange de prisonniers

Les parents d’Evan Gershkovich ont pu lui parler brièvement en mai 2023 à Moscou, dans sa prison, puis lors d’une audience. « Le voir menotté, c’était dur à vivre », a raconté à l’AFP sa mère Ella Milman, dans un entretien publié fin février 2024, tandis que sa sœur, Danielle, a répété qu’il était « innocent ».

Ce vendredi, ses proches ont écrit une lettre aux lecteurs du Wall Street Journal, dans laquelle ils promettent de « continuer à se battre ». « Nous n’avons jamais envisagé qu’une telle situation arrive à notre fils et frère, et encore moins de passer une année entière dans l’incertitude », écrivent-ils.

La famille d’Evan Gershkovich a également rencontré cette semaine le président américain Joe Biden qui a promis de faire « tout ce qu’il faut » pour le retour du journaliste. Le locataire de la Maison blanche a assuré vendredi dans un communiqué « travailler sans relâche pour obtenir la libération » d’Evan Gershkovich.

« Nous continuerons à dénoncer les tentatives scandaleuses de la Russie d’utiliser des Américains comme monnaie d’échange et à prendre des sanctions » a aussi promis le président américain, qui a évoqué dans son message le cas d’un autre ressortissant américain détenu en Russie, Paul Whelan.

Ce jeudi 28 mars, à la veille du premier anniversaire de la détention du journaliste, le Kremlin a fait état de « contacts en cours » en vue d’un éventuel échange du prisonnier. Le président Vladimir Poutine s’était déjà dit disposé à échanger le journaliste contre Vadim Krassikov, un ressortissant russe emprisonné à vie en Allemagne pour le meurtre d’un opposant tchétchène à Berlin en 2019.

À voir également sur Le HuffPost :

Après l’attentat de Moscou, ce que l’on sait de la présence de l’État islamique du Khorasan en France

Otan : à 75 ans, l’alliance militaire sous le coup de menaces « multiples » avec la Russie en « fil rouge »