Eurovision 2023 : avant la fête, polémique autour d'une intervention du président ukrainien

Avant de laisser la place à l'extravagance et aux paillettes, l'Eurovision s'est retrouvée prise vendredi dans l'une de ces polémiques qui ont marqué son histoire, en raison du refus opposé à Volodymyr Zelensky qui voulait s'exprimer lors de la finale samedi.

Faute de pouvoir organiser le concours, règne de la pop et du kitsch, à cause de l'invasion russe malgré sa victoire l'an dernier, l'Ukraine a délégué l'organisation au Royaume-Uni, deuxième.

Mais si le show à Liverpool (nord-ouest de l'Angleterre) s'annonce très ukrainien, pas question de laisser le président du pays s'y exprimer par message vidéo comme il l'a fait dans de nombreux événements, ont tranché jeudi soir les organisateurs.

L'European Broadcasting Union (EBU), organisation des diffuseurs qui organise le concours, a expliqué avoir rejeté sa demande au nom de "la nature non-politique de l'évènement": "Ce principe interdit les déclarations politiques ou assimilées durant le concours", a expliqué l'EBU dans un communiqué.

"Cela briserait les règles de l'évènement"

"La requête de M. Zelensky de s'adresser au public du concours Eurovision de la chanson, bien que faite avec des intentions louables, ne peut à regret être acceptée car cela briserait les règles de l'évènement", a ajouté l'EBU.

"Les valeurs et libertés pour lesquelles le président Zelensky et le peuple ukrainien se battent en Ukraine ne sont pas politiques, mais fondamentales", a regretté un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak, affirmant que le gouvernement était "déçu" par cette décision.

Downing Street a noté que les organisateurs de l'Eurovision avait eux-mêmes l'an dernier décidé d'exclure la Russie du concours après l'invasion de l'Ukraine.

La Russie est également bannie cette année, alors que des parlementaires britanniques ont fait part de leur inquiétude sur d'éventuelles cyberattaques de pirates pro-russes durant l'évènement, comme celles qui leur ont été attribuées l'an dernier.

L'ex-Premier ministre Boris Johnson, qui s'est rendu souvent en Ukraine y compris depuis son départ de Downing Street, a également critiqué la décision de l'EBU: "La seule raison pour laquelle le concours n'est pas organisé en Ukraine, c'est la guerre illégale de Poutine".

Hommage appuyé

Dans un entretien à la BBC cette semaine, Volodymyr Zelensky avait affirmé que malgré le "grand respect" qu'il a pour le Royaume-Uni, il aurait préféré que le concours soit organisé cette année par un pays partageant une frontière avec l'Ukraine.

L'EBU a fait valoir que même sans message de Volodymyr Zelensky, le concours prévoit un hommage appuyé à l'Ukraine durant la finale samedi soir, avec la présence de onze artistes ukrainiens sur scène, dont Kalush Orchestra, le gagnant de l'an dernier.

Des clips vidéos diffusés durant la soirée donneront à voir différents endroits du pays et les couleurs bleu et jaune du drapeau ukrainien devraient flotter en masse dans la salle.

"Ce n'est assurément pas un spectacle britannique. Il a lieu au Royaume-Uni, mais nous nous tenons aux côtés de l'Ukraine", a aussi défendu Tim Routledge, responsable des lumières du concours dans le journal Metro.

"Evidemment" dans le top 5

La finale de cette 67e édition du concours verra s'affronter 26 pays, dont l'Ukraine et les cinq principaux pays contributeurs financiers au concours (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), qualifiés d'office.

Jeudi soir, lors de la deuxième demi-finale, dix derniers pays ont décroché leur ticket pour la finale, dont la Belgique, la Pologne et l'Australie.

La France, qui n'a plus remporté le concours depuis Marie Myriam en 1977, est représentée par la Québécoise La Zarra avec Evidemment.

Les bookmakers la classent dans le "top 5" des favoris derrière la Suède, la Finlande, l'Ukraine. Belgique, Israël et Espagne sont aussi cités parmi les favoris.

Article original publié sur BFMTV.com