Européennes: le politologue Jérôme Fourquet rappelle que des "surprises" sont possibles en raison de l'indécision des électeurs

Un scrutin encore indécis. Le politologue et directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise de l'IFOP Jérôme Fourquet, invité de BFM Politique ce dimanche 26 mai, rappelle que l'issue des élections européennes le 9 juin, soit dans deux semaines, reste incertaine, même si tous les sondages donnent le Rassemblement national en première position.

"Sur les intentions de vote, soyons prudents et modestes", rappelle le politologue.

"On a une abstention qui va être importante et le fait que les électeurs participent ou s'abstiennent, c'est la variable que nous sondeurs avons le plus de mal à estimer", explique Jérôme Fourquet. "Tout ça peut faire jouer les chiffres dans un sens ou dans un autre d'ici le scrutin".

"Des hésitations nombreuses"

Le politologue met notamment en avant l'indécision qui touche de nombreux électeurs des différents camps politiques.

"Sur une élection comme les européennes, le nombre de candidats et de listes est important et les hésitations peuvent être nombreuses", souligne-t-il.

"On voit comment l'électorat de centre-gauche, qui a pu à un moment donné voter pour Emmanuel Macron, est aujourd'hui, notamment sur la question européenne et la question ukrainienne, tenté par le vote (pour Raphaël) Glucksmann", analyse Jérôme Fourquet.

"En fonction du choix final de cet électorat de centre-gauche on peut avoir un certain nombre de surprises sur l'ordre d'arrivée (des listes)", estime-t-il.

"De l'autre côté, le bloc nationaliste, un électeur plutôt de sensibilité zemourienne, mais qui regarde les sondages, (peut) se dire: 'est-ce que ma voix ne serait pas plus utile (pour la liste RN de Jordan Bardella ou LR de François-Xavier Bellamy)?", avance encore le sondeur, évoquant un possible vote dit utile.

Le score du RN particulièrement scruté

"Sur les derniers scrutins européens, les instituts de sondage, en termes d'intentions de vote, avaient un peu surcoté le RN par rapport à ce qu'il avait réellement obtenu dans les urnes du fait de cette un peu plus faible mobilisation qu'attendue de leur électorat", rappelle-t-il.

"Ce n'est pas encore forcément garanti que le RN franchisse la barre symbolique des 30% (...). Mais même à 28 ou 29%, on serait à un score qui serait historiquement élevé", dit-il.

Le sondeur estime que l'ordre d'arrivée du RN, déjà premier lors des dernières élections européennes (23%), mais seulement d'un point devant la liste de la majorité présidentielle (22%), devra être particulièrement scruté, ainsi que son score.

Selon le dernier sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune dimanche paru samedi 25 mai, la liste du RN est donnée en tête des intentions de vote à 33%. Les listes de Renaissance (15,5%) et du PS (13%) arrivent loin derrière.

Pour autant, "on ne voit pas aujourd'hui, compte tenu de l'état du paysage politique et du pays, (...) sauf accident industriel majeur de campagne (...) comment le RN pourrait ne pas être en tête et loin devant le 9 juin au soir", dit-il.

Article original publié sur BFMTV.com