Européennes : plusieurs partis d'opposition critiquent l'interview prévue de Macron

Européennes : plusieurs partis d'opposition critiquent l'interview prévue de Macron

Plusieurs partis politiques français ont déclaré lundi qu'ils allaient saisir l'autorité nationale de régulation des médias (ARCOM) au sujet d'une interview télévisée que le président Emmanuel Macron prévoit de donner à une heure de grande écoute, quelques jours seulement avant les élections européennes, où son parti devrait être battu.

Au moins trois partis — la France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS) et Les Républicains (LR) — ont déclaré qu'ils demanderaient à l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique de décider si l'interview de M. Macron doit être déduite du temps de parole du candidat principal de son parti pour les élections du 9 juin.

La liste du parti centriste de M. Macron, Renaissance, dirigée par Valérie Hayer, devrait arriver très loin derrière le parti d'extrême droite, le Rassemblement national (RN). Selon le Centre de sondage d'Euronews, Renaissance devrait obtenir 16,6 % des voix, tandis que le RN est en passe d'obtenir 31,5 % des voix.

L'Élysée a annoncé dimanche soir que M. Macron serait interviewé en direct à 20 heures CET par les deux principales chaînes de télévision, TF1 et France 2, le jeudi suivant les commémorations du jour J. Il abordera des sujets tels que la situation en Ukraine et à Gaza, ainsi que les élections européennes.

"C'est quand même gênant"

Pour Raphaël Glucksmann, candidat principal du PS, l'intervention de M. Macron, prévue trois jours avant l'ouverture du scrutin dans toute la France pour élire les 81 membres du Parlement européen, s'apparente à de la "propagande électorale".

"S'il parlait simplement des commémorations du débarquement... et du 80ᵉ anniversaire et de l'importance de ça a dans notre histoire, je ne vois aucun problème à cela, évidemment. Mais ils annoncent déjà qu'il va évoquer la situation internationale et qu'il va parler des européennes !", a déclaré M. Glucksmann à la radio France Inter lundi matin.

"Mais à trois jours du scrutin, mais dans quel pays européen ça pourrait se passer comme ça? Chez aucun de nos voisins on n'aurait un chef d'Etat qui convoque l'ensemble des médias pour faire de la propagande électorale, à trois jours du scrutin", a-t-il ajouté.

Manon Aubry, tête de liste de LFI, a également déclaré à RTL que "c'est quand même gênant, juste avant la clôture d'une campagne pour les élections européennes, il va avoir droit à un prime time sur TF1 et France 2".

"Donc, on va saisir l'ARCOM pour demander à ce que son temps d'antenne soit décompté du temps de campagne de Valérie Hayer. Je crois qu'en démocratie, il n'y a pas de candidature officielle, donc il faut respecter les règles", a-t-elle déclaré.

Le leader de LR a, quant à lui, envoyé une lettre au régulateur dans laquelle il écrit que "la situation est très grave", selon le journal Le Figaro, qui a eu accès à la correspondance.

"Jamais sans doute au cours d'une campagne électorale les interventions médiatiques n'auront été aussi déséquilibrées en faveur de l'exécutif en place et au détriment des oppositions", a-t-il ajouté.

Les thèmes abordés par M. Macron "ont un lien direct avec l'élection européenne du 9 juin et l'intervention de M. Emmanuel Macron ne peut être regardée comme l'action habituelle d'un Président de la République", écrit-il.

"Il doit par conséquent être considéré comme un soutien d'une liste", poursuit-il, ajoutant : "Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir décompter du temps de parole de la liste conduite par Mme Valérie Hayer, l'intégralité du temps de parole de M. Emmanuel Macron lors de son passage journaux télévisés de 20 heures de France 2 et de TF1 du jeudi 6 juin."

"Un vent de panique"

Renaissance peine actuellement à conserver sa deuxième position dans les sondages, ayant perdu trois pourcents au cours du dernier mois, alors que le PS se rapproche et que le RN accroît son avance.

Pour endiguer l'hémorragie, le numéro 2 de M. Macron, le Premier ministre Gabriel Attal, a participé la semaine dernière à un débat télévisé à une heure de grande écoute contre Jordan Bardella, qui dirige la liste du RN. Ce face-à-face a été qualifié d'antidémocratique par les autres partis qui n'ont pas été invités à y participer, mais il a également dérouté certains commentateurs, car il a mis de côté M. Hayer, le candidat principal de Renaissance.

Lundi, M. Attal a également interrompu une interview individuelle de Mme Hayer enregistrée sur Radio France devant un large public composé de jeunes électeurs, arguant qu'il voulait "encourager Valérie".

Sa brève intervention a été rapidement décriée par les partis d'opposition, M. Ciotti la qualifiant d'"humiliante" pour Mme Hayer et indiquant "un vent de panique" au sein de la formation centriste à l'approche du plébiscite à l'échelle européenne.