Européennes : Marion Maréchal prend la pose avec Giorgia Meloni en Italie (et c’est lourd de sens)

Des photos de Giorgia Meloni et Marion Maréchal publiées sur le compte X de la tête de liste Reconquête.
Marion Maréchal/X Des photos de Giorgia Meloni et Marion Maréchal publiées sur le compte X de la tête de liste Reconquête.

POLITIQUE - C’est un peu un match dans le match à l’extrême droite. Alors que Marion Maréchal ne peut pas rivaliser dans les sondages avec la liste conduite par Jordan Bardella, elle s’avère être une concurrente sérieuse au jeu des alliances au Parlement européen. En témoigne cette série de photos publiée dans la soirée du lundi 3 juin sur X (anciennement Twitter) par la tête de liste Reconquête. Des clichés qui la montrent en toute complicité avec la Première ministre italienne, Giorgia Meloni.

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Cette même cheffe de gouvernement que cherche à séduire Marine Le Pen depuis le divorce entre le RN et l’AfD allemand, qui oblige la formation lepéniste à trouver d’autres alliés sur la scène européenne, sous peine d’isolement. D’où les manœuvres entreprises par la députée du Pas-de-Calais pour tenter le rapprochement avec Giorgia Meloni, qu’elle avait pourtant auparavant ouvertement critiquée.

Ce qui ne manquait pas d’irriter au sein de Reconquête, seule formation française représentée au sein du groupe ECR, où siègent les eurodéputés de Fratelli d’Italia, le parti de la première ministre italienne. Un mouvement qui, sur le papier, est bien plus proche des idées (identitaires, conservatrices et libérales sur le plan économique) défendues par Reconquête que de celles (europhobes et étatistes) défendues par Marine Le Pen.

Pied de nez

Alors forcément, la virée italienne de Marion Maréchal vise à rappeler que son parti est l’unique allié français de Giorgia Meloni. « Ensemble, nous allons faire basculer l’Europe à droite ! », a commenté l’ancienne députée du Vaucluse, comme un pied de nez aux efforts déployés par sa tante pour conclure avec la Première ministre italienne.

Sur le plan politique, l’initiative de Marion Maréchal vise aussi à répondre à l’argument du vote utile martelé par Jordan Berdella qui appelle ouvertement les électeurs zemmouristes à choisir sa candidature afin d’infliger la plus grosse défaite possible au chef de l’État. « Se disperser sur d’autres listes, c’est renforcer Macron. À ceux qui seraient tentés de voter pour des candidats qui ne peuvent pas gagner, je vous le dis solennellement : l’heure est trop grave pour se disperser », a-t-il insisté ce dimanche 2 juin au Dôme de Paris.

Une attaque que Marion Maréchal souhaite rendre inopérante à travers ce rappel d’alliance. « Le seul vote utile à droite, c’est Reconquête. Puisque le groupe conservateur deviendra la force centrale à droite du Parlement européen, et sera le seul groupe en mesure de réorganiser cette majorité », a répliqué ce mardi 4 juin la candidate depuis Rome, avant de souligner que le Rassemblement national était « très isolé » voire « marginalisé » au Parlement européen. Comprendre : trois élus zemmouristes pèseraient plus que 20 eurodéputés RN. Alors que sa liste flirte avec la ligne de flottaison des 5 % (le seuil au-delà duquel un parti se voit attribuer un nombre de sièges proportionnel à son classement), ce rappel est capital pour Marion Maréchal.

Autre intérêt de cette visite romaine, montrer au RN (mais aussi aux électeurs d’extrême droite) la solidité des liens entre Reconquête et Fratelli d’Italia. On rappellera à toutes fins utiles que Marion Maréchal est mariée à l’eurodéputé Vincenzo Sofo, lui-même membre du parti de Giorgia Meloni siégeant au sein du groupe ECR. Une donnée à laquelle ne peut être insensible Marine Le Pen : qui d’autre qu’elle connaît mieux l’avantage des liens familiaux en politique ?

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