Européennes : Marine Le Pen au défi d’exister dans la campagne de Jordan Bardella

Marine Le Pen (ici en septembre 2022 à Hénin-Beaumont) au défi d’exister dans la campagne européenne de Jordan Bardella
SAMEER AL-DOUMY / AFP Marine Le Pen (ici en septembre 2022 à Hénin-Beaumont) au défi d’exister dans la campagne européenne de Jordan Bardella

POLITIQUE - En manque de lumière ? Marine Le Pen est à Madrid ce dimanche 19 mai pour participer à un congrès de partis nationalistes à l’appel de la formation d’extrême droite en Espagne, Vox, trois semaines jour pour jour désormais avant les élections européennes.

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L’occasion pour elle de rencontrer la crème des dirigeants réactionnaires, qui œuvrent sur le continent mais pas seulement, et de parfaire un peu sa stature internationale. En un mot : d’exister dans la campagne de son poulain Jordan Bardella, dont la liste en vue du 9 juin domine outrageusement les intentions de vote.

Dès son arrivée sur place, Marine Le Pen a donc fustigé auprès de BFMTV « le modèle européen prôné par Valérie Hayer » qui entraînerait selon elle des conséquences « cataclysmiques en France. » De quoi donner le ton de sa prise de parole, dimanche après-midi. Et continuer à revenir sur le devant de la scène. Par petites touches.

Comment Le Pen s’incruste

Après avoir laissé les clefs à Jordan Bardella, force est de constater que la cheffe des députés RN s’investit crescendo dans la campagne des élections européennes. Relativement discrète, notamment dans les médias, Marine Le Pen a enchaîné en quelques jours un entretien dans la matinale de BFMTV et un autre en prime time sur France 2.

Sur le fond, elle a également occupé le terrain en annonçant un revirement spectaculaire de son camp sur le dossier éruptif de la Nouvelle-Calédonie - au prix d’une polémique sur son inconsistance. La voilà donc trois jours plus tard, en Espagne, aux côtés du Polonais Mateusz Morawiecki ou de l’Argentin Javier Milei pour disserter sur l’Europe des nations et attaquer l’Union telle qu’elle est actuellement.

Jordan Bardella, pourtant président du Rassemblement national est, lui, resté en France. Le signe d’une certaine reprise en main par la leader d’extrême droite ? Que nenni, répond l’état-major du Rassemblement national : Officiellement, l’implication de la triple candidate à la présidentielle était prévue de longue date à l’orée du sprint final.

« Il a toujours été prévu que Marine s’engage dans la dernière ligne droite de la campagne pour continuer à présenter le ticket présidente-premier ministre », assure ainsi le député du Pas-de-Calais Bruno Bilde, un proche de Marine Le Pen dans les colonnes du Monde. Et puis « Jordan ne peut pas tout faire », complète l’intéressée.

En réalité, il est difficile de ne pas voir derrière cette pro activité, la volonté de Marine Le Pen de ne pas disparaître… Et donc, de rester la candidate naturelle de son camp pour les prochaines échéances. Il faut dire que le jeune président du Rassemblement national dépasse toutes ses attentes pour ces européennes.

Que le duo ne devienne pas duel

Très exposé, dans les médias ou sur les réseaux sociaux, Jordan Bardella s’est forgé une popularité florissante que même les polémiques de campagne, régulières, n’atteignent pas. Au point de faire presque jeu égal avec Marine Le Pen dans les sondages pour la prochaine élection présidentielle. Dernier signal en date : le président du RN dépasse pour la première fois sa mentor dans le baromètre Ipsos pour « La Tribune Dimanche » ce 19 mai, et apparaît désormais comme le meilleur opposant de droite au gouvernement.

Pour l’instant, tous au sein de la formation lepéniste s’accordent à dire que le duo ne deviendra pas duel en vue de 2027. « Il n’y aura pas de Balladur - Chirac, de Marion (Maréchal) - Sarah (Knafo), on est sérieux, on travaille à la conquête de pouvoir », a par exemple assuré le porte-parole du parti Sébastien Chenu sur BFMTV ce dimanche, en insistant sur le fait que Jordan Bardella « se prépare » à devenir Premier ministre - et pas autre chose.

Il n’empêche. Marine Le Pen, toujours prompte à rappeler que la stratégie prévue l’envoie à l’Élysée et son dauphin à Matignon, ne se privera pas de reprendre rapidement la main, une fois les européennes passées, et sans doute réussie. C’est bien ce qu’elle a tenté de faire en profitant d’une idée lancée par la Macronie pour un nouveau débat avec Emmanuel Macron.

La cheffe des députés RN s’est d’abord montrée ouverte… S’il avait lieu au mois de septembre. Elle a ensuite posé des conditions qui rendent relativement impossible un tel exercice. Au défi d’exister donc. Mais sans se griller.

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