Européennes : Comment la Macronie tente de mobiliser son camp pour éviter la déroute

La Macronie tente l’engueulade pour mobiliser son camp et éviter la déroute (photo de Macron prise le 27 mai à Dresde en Allemagne)
RONNY HARTMANN / AFP La Macronie tente l’engueulade pour mobiliser son camp et éviter la déroute (photo de Macron prise le 27 mai à Dresde en Allemagne)

POLITIQUE - « Eh oh l’Europe ! » Fut un temps, en 2016, où les soutiens du président François Hollande ont essayé de réveiller la gauche avec une formule largement moquée. Dix ans plus tard, Emmanuel Macron pourrait être tenté de la remettre au goût du jour pour brusquer les électeurs proeuropéens et les inciter à sauver Valérie Hayer.

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Après un début de campagne difficile et des sondages d’intentions de vote en berne à désormais 10 jours des élections européennes, le camp présidentiel semble effectivement tenté d’éprouver une nouvelle stratégie derrière leur tête de liste. En deux mots : dramatisation et avertissement.

Une façon de mettre la pression sur les électeurs macronistes dans un scrutin marqué par l’abstention et où il est primordial de mobiliser sa base. Quitte à les engueuler pour éviter la déroute promise par tous les sondeurs ?

« Réveillez-vous ! »

Emmanuel Macron est le premier dans ce registre. Le président de la République a profité d’une visite d’État de trois jours en Allemagne pour donner un discours devant la jeunesse lundi 27 mai. Une allocution en forme de meeting de campagne pour appeler au sursaut face à l’extrême droite. Ou, plutôt, au « réveil démocratique. »

Durant près de 45 minutes le chef de l’État a enflammé son public en multipliant les envolées sur la démocratie, tantôt en français, tantôt en allemand, alors que souffle à nouveau « un vent mauvais » sur le continent. « Regardons autour de nous la fascination pour les régimes autoritaires, regardons en Europe le moment illibéral que nous vivons », a-t-il lancé, avant de scander à plusieurs reprises : « Réveillons-nous ! »

Un message tout droit adressé à ses électeurs, proeuropéens, qui boudent la candidature de Valérie Hayer. L’eurodéputée, qui se présente en unique chantre de l’UE face au tenant d’un « frexit en pièces détachés », Jordan Bardella, peine effectivement à faire le plein chez les soutiens du président de la République à en croire les sondages.

Selon OpinionWay, seules 50 % des personnes qui ont glissé un bulletin Emmanuel Macron dans l’urne en 2022 s’apprêtent, pour l’instant, à voter pour le camp présidentiel le 9 juin prochain. Fâcheux pour un scrutin censé répondre à l’engagement viscéral du chef de l’État pour la construction européenne.

Le sermon de Bruno Le Maire

L’heure est donc à la mobilisation des sceptiques. Dans le sillage du locataire de l’Élysée, Bruno Le Maire a usé du même vocabulaire ce mardi sur CNews… Avec supplément sermon. Le ministre de l’Économie, relativement discret depuis le début de la campagne, a exhorté les électeurs macronistes à « se réveiller » et à ne pas « aller à la pêche » le 9 juin. « Après il sera trop tard », a-t-il prévenu.

« Si ceux qui croient à la place de la France dans l’Europe, à la capacité à faire bouger les lignes pour défendre nos usines, nos ouvriers, l’innovation (…) Restent dormir le 9 juin ou partent à la pêche ou partent en week-end, on est mal barré », a résumé sans ambages le locataire de Bercy, avant d’ajouter, sur le même ton : « réveillez-vous ! Vous croyez en l’Europe ? En une France forte qui fait jeu égal avec la Chine et les États-Unis ? Prenez au moins deux minutes pour voter et nous soutenir. »

Le ministre de l’Économie a également estimé que « si, après vous n’êtes pas content parce que l’Europe ne fait pas ce que vous souhaitez (...) vous n’aurez à vous en prendre qu’à vous, parce que vous n’êtes pas allé voter. » Message reçu ?

Il faut dire que l’heure est grave pour le camp présidentiel. Largement distancée par le Rassemblement national de Jordan Bardella, Valérie Hayer est sous la menace directe de la tête de liste Parti socialiste et Place Publique Raphaël Glucksmann, un autre candidat proeuropéen. Lui parle plutôt « d’espoir qui se lève » autour de son projet. Cruelle différence.

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