Européennes : La crise en Nouvelle-Calédonie bouscule le camp Macron au plus mauvais moment

La crise en Nouvelle-Calédonie bouscule le camp Macron au plus mauvais moment (photo prise le 17 avril)
LUDOVIC MARIN / AFP La crise en Nouvelle-Calédonie bouscule le camp Macron au plus mauvais moment (photo prise le 17 avril)

POLITIQUE - Des haies imprévues sur le parcours du sprint final. Alors que la campagne des élections européennes entre dans une nouvelle phase, à trois semaines du scrutin, l’irruption brutale de la crise calédonienne - six personnes sont mortes après six nuits d’émeutes - n’est pas sans conséquences politiques.

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La situation reste très tendue en Nouvelle-Calédonie, où le camp indépendantiste rejette la réforme constitutionnelle du corps électoral soutenue par Emmanuel Macron. En parallèle, la pression peine à retomber sur l’exécutif après un week-end qui a vu se succéder les prises de parole pour réclamer le report du Congrès censé entériner la révision décriée.

Une situation qui bouscule inévitablement le camp présidentiel. Outre les premiers signes de division sur la stratégie à adopter pour sortir de la crise, cette flambée de violence impose des nouveaux thèmes - pas forcément favorables - dans le débat et contraint l’exécutif à rester sur la défensive. Pas simple, à quelques marches d’une élection aussi cruciale que risquée.

Macron contraint de stopper sa campagne

De fait, rien ne se passe comme prévu. Selon le plan initial du côté de Renaissance, Emmanuel Macron devait s’investir crescendo dans la course pour mobiliser les électeurs dans les dernières semaines de la campagne. Ce moment crucial où les indécis choisissent le bulletin qu’ils glisseront dans l’urne.

Méthode Coué pour relativiser des sondages en berne ? Ou véritable stratégie pour renverser la table ? C’est quoi qu’il en soit mal parti. Emmanuel Macron qui avait lui même promis début mai de « s’impliquer » davantage « pour soutenir la liste qui défend l’Europe » dans un entretien à La Tribune, se voit contraint de stopper sa campagne parallèle naissante au mauvais moment.

La semaine dernière, le président de la République voulait vanter sa politique énergétique - et donner corps à son projet estampillé « souveraineté » - après avoir accueilli des grands patrons internationaux (et leurs milliards) en grande pompe à Versailles. Il devait donc inaugurer mercredi un parc éolien en mer, au large des côtes normandes. Puis, participer le lendemain au chargement du combustible de la fameuse centrale nucléaire de Flamanville, avant sa mise en service. Raté.

La séquence devait être une tournée des « bonnes nouvelles », selon ses conseillers. Elle a été annulée au dernier moment, et s’est transformée en conseil de Défense à l’Élysée pour instaurer l’État d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Symbole supplémentaire de ces difficultés : selon L’Opinion, Emmanuel Macron devait profiter de ces déplacements pour faire une visite surprise dans une réunion militante de son parti. Il faudra encore attendre.

Campagne très nationale

Depuis ces réunions au palais présidentiel, le chef de l’État se fait donc discret. Alors qu’il a répété son souhait mercredi de convoquer les députés et sénateurs en congrès fin juin faute d’accord global entre les parties prenantes en Nouvelle-Calédonie, il est pressé de toutes parts de trouver une solution à la crise. Avec une question épineuse : faut-il ou non entériner la réforme constitutionnelle dans ce délai, relativement court ?

Autant de préoccupations qui empêchent pour l’instant Emmanuel Macron de s’impliquer davantage dans la campagne de Valérie Hayer. Difficile, effectivement, pour le président de la République de participer à un meeting de campagne quand défilent à la télévision les images du chaos à Nouméa.

Problème : Dans le sillage du président de la République, tenu pour responsable de la situation par les oppositions, la marche de Valérie Hayer est elle aussi contrariée. La candidate macroniste a dû annuler un déplacement de campagne avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu vendredi, tandis que la participation de Gabriel Attal à certains de ses meetings pourrait être menacée en fonction de la situation en Nouvelle-Calédonie.

Surtout, elle est sans cesse ramenée aux enjeux nationaux et à la politique du gouvernement en France. « Je ne suis pas le ventriloque du président de la République », a-t-elle soufflé, presque agacée ce dimanche sur France 3 d’avoir à répondre des récentes déclarations d’Emmanuel Macron. Les enjeux calédoniens ne dérogent pas à cette règle.

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