Européennes: la Bretagne place le RN en tête pour la première fois à une élection

La Bretagne a, pour la première fois, placé le Rassemblement national en tête lors d'une élection ce dimanche. La liste de Jordan Bardella obtient 25,58% des voix dans cette région qui a longtemps été un soutien affirmé à Emmanuel Macron.

Des résultats qui feront date. Pour la première fois, la Bretagne, rétive jusqu'à présent à l'extrême droite et longtemps soutien affirmé du président de la République, a placé le Rassemblement national (RN) en tête dimanche lors des élections européennes.

La liste de Jordan Bardella obtient 25,58% (mais plus de 28% dans les Côtes d'Armor et le Morbihan) contre 17,32% aux européennes de 2019. Le RN réalise même le grand chelem, arrivant en tête dans les quatre départements de la région (Finistère, Ille-et-Vilaine, Morbihan et Côtes-d'Armor).

Raphaël Glucksmann (PS-Place publique) termine en deuxième position au niveau régional, juste devant la tête de liste de la majorité présidentielle Valérie Hayer (18,44% contre 17,41%). Le RN récolte toutefois moins de suffrages en Bretagne qu'au niveau national, où il s'établit à 31,47%.

Pour rappel, en 2022, Marine Le Pen avait obtenu en Bretagne, au premier tour de la présidentielle, 19,53%, soit quatre points de moins qu'au niveau national, et 33,42% au second tour, contre un score national de 41,45%.

"C'est un véritable tremblement de terre! Pour la première fois, les électeurs ont mis le Rassemblement National en tête en Bretagne", s'est félicité dans un communiqué le parti d'extrême droite qui, il y a quelques années encore, qualifiait la Bretagne de "terre de mission".

L'examen de la carte électorale révèle que le vote RN provient principalement des zones rurales, dont le centre-Bretagne, où s'observent les taux de pauvreté les plus importants de la région.

Parallèlement, cette terre historiquement modérée, qui avait adhéré massivement au candidat Emmanuel Macron en 2017 et lui avait renouvelé sa confiance en 2022, a clairement exprimé son désaveu à la politique menée dans la période récente par le parti présidentiel. Et ce, malgré la figure tutélaire de l'ancien baron du PS, Jean-Yves Le Drian, rallié au président de la République dès avant son élection en 2017 et qui fut son Ministre de la Défense pendant cinq ans.

Jean-Yves Le Drian avait décliné la proposition de prendre la tête de la liste présidentielle pour ces européennes, mais il en présidait le comité de soutien. "Il faut faire en sorte que la Bretagne reste fidèle à son histoire", que "nous soyons fiers d'avoir évité (...) que ce soit le RN qui soit en tête en Bretagne. C'est ça l'enjeu", avait notamment déclaré l'ancien ministre début juin.

En 2019, la Bretagne avait largement plébiscité la liste de la majorité présidentielle (25,64%) aux européennes, plaçant le RN en deuxième position, avec 17,32%, un chiffre pratiquement équivalent à celui obtenu au même scrutin cinq ans plus tôt (17,09%). Quant aux Ecologistes (EELV), ils avaient récolté en Bretagne en 2019 un score supérieur de trois points à la moyenne nationale, obtenant 16,21%, contre 7,27% en 2024.

"Soit on laisse exploser notre colère, notre haine, notre peur (...) Soit, nous choisissons le chemin d'un projet porteur d'espoir, cohérent et sincère, pour bâtir un avenir commun, démocratique, pro-européen et écologique. Ce sera mon combat", a écrit dimanche soir le président de la région, Loïg Chesnais-Girard (DVG).

Article original publié sur BFMTV.com