Européennes : Attal fustige le « ton » de Bardella qui « fait la leçon » au directeur de la gendarmerie

POLITIQUE - Un « ton condescendant » qui ne passe pas. À quelques jours des élections européennes, le Premier ministre Gabriel Attal a soutenu Christian Rodriguez, le directeur de la gendarmerie nationale, cible de critiques venues du Rassemblement national et notamment de Jordan Bardella.

À l’origine de la dispute : un visuel de campagne du parti d’extrême droite qui contrevient à la réserve militaire et qui a fortement déplu au numéro 1 de la gendarmerie. Repris donc de volée par Christian Rodriguez, directeur général de la force armée, Jordan Bardella a répliqué en l’accusant de « prendre à partie publiquement un mouvement politique en pleine campagne officielle. »

« Comment est-ce qu’on peut, à un général de gendarmerie, à monsieur Rodriguez qui a donné sa vie à la protection des Français en risquant sa vie, lui faire la leçon en lui expliquant qu’il ne respecte pas sa fonction ? », s’est indigné Gabriel Attal sur franceinfo ce lundi 3 juin, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. « On ne peut pas en permanence dire qu’il faut respecter l’autorité, que nos jeunes respectent autorité et gendarmes et, quand on est un responsable politique, s’adresser avec une telle condescendance à un général de gendarmerie », a ajouté le Premier ministre, évoquant en parallèle l’âge de Jordan Bardella, 28 ans. « Le directeur général de la gendarmerie nationale a dédié sa vie aux Français. Il a démarré dans la gendarmerie mobile, Jordan Bardella et moi on n’était pas nés », a poursuivi le chef du gouvernement âgé de 35 ans.

Le RN veut évacuer une « polémique ridicule »

Outre Gabriel Attal, plusieurs figures de la majorité ont déploré l’attitude de la tête de liste du RN pour le scrutin européen, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin le qualifiant de « politicien insultant ». « Scandaleux », a aussi jugé la tête de liste Renaissance Valérie Hayer. Elle a dénoncé des « méthodes de voyous », des « attaques à l’institution, au chef de l’institution » et assuré que « quand on s’attaque à l’institution, on s’attaque à la France, à la démocratie ».

Le Rassemblement national, pour sa part, persiste. Jordan Bardella, interrogé ce lundi sur franceinfoTV nie le caractère illégal du visuel et demande « Quel texte de loi nous en empêche ? ». Il s’en est également pris à nouveau au directeur de la gendarmerie nationale qui l’accuse de sortir de « son droit de réserve ».

Il a aussi contre-attaqué en accusant Grégory Allione, candidat placé en huitième position sur la liste de la majorité d’avoir « utilisé les canaux internes de la fédération des sapeurs pompiers pour faire la publicité de sa liste ». À noter que cette affirmation est invérifiable en l’état par le HuffPost.

De même, Sébastien Chenu, député et vice-président du parti a voulu balayer sur Public Sénat ce lundi une « polémique ridicule », assurant que le devoir de réserve individuel était « respecté ». Les gendarmes « votent majoritairement pour le Rassemblement national », a affirmé le député, citant des études pour étayer son propos. « Ce n’est pas un agent qui sort de son droit de réserve, c’est une façon de dire à tous ces professionnels de la sécurité (...) de se mobiliser » pour la liste RN, a-t-il ajouté.

À sept jours du scrutin, la liste d’extrême droite se maintient en tête des intentions de vote avec en moyenne un score de 32 %, selon notre compilateur. Loin, très loin devant la liste Renaissance, qui figure en deuxième position avec 15,4 %.

Une position de force qui compte sans doute dans le fait que le RN n’entende pas retirer son tweet, comme l’a fait savoir Sébastien Chenu. Et l’élu de conclure : « Chacun fait ce qu’il croit devoir faire (...) Que ce grand professionnel s’occupe de ses fonctions, je pense qu’il le fait très bien », a-t-il ajouté à l’attention de Christian Rodriguez. Ce qui ne fera sans doute pas retomber le procès en condescendance.

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