Européennes 2024 : Pour ces militants insoumis, le scrutin ne changera pas grand-chose à gauche pour 2027
POLITIQUE - Et après ? Après le 9 juin, quand la campagne sera passée, les résultats tombés, qui sera le grand gagnant à gauche ? Dans les intentions de vote à deux semaines du scrutin, Raphaël Glucksmann et ses 14 % font la course en tête. Le candidat soutenu par le PS fait quasiment deux fois mieux que Manon Aubry, la tête de liste LFI.
Mais au meeting insoumis ce samedi 25 mai à Aubervilliers, personne n’imagine que le résultat des européennes bouleversera le leadership insoumis sur la gauche, instauré par le score de Jean-Luc Mélenchon en 2022. D’abord parce que les cadres de la France insoumise assurent que rien n’est joué.
« C’est le moment où la campagne va vraiment démarrer » et « l’objectif, c’est d’être deuxième », déclarait Manon Aubry à la presse, il y a quelques jours. « Vous savez comme moi que tout peut se jouer dans les quatre derniers jours », redit Manuel Bompard. Le coordinateur national du mouvement, selon qui une marge de cinq points existe entre les sondages et le score réel, estime même que sa liste « va se qualifier pour la finale ».
Le même espoir a-t-il infusé chez les militants ? « Pourquoi pas » la deuxième place, répondent aussi Adrien et Jonathan, sortis prendre l’air entre deux discours. Pour déjouer les sondages, ils misent sur la campagne contre la non et la mal inscription sur les listes électorales lancée il y a plusieurs mois par les Insoumis. Et évoquent le cas de Marseille, où, selon le mouvement, plus de 12 000 personnes se sont inscrites depuis. Dans cette ville où les Insoumis ont réalisé des bons scores en 2022, (Manuel Bompard a été élu très confortablement en 2022, à la suite de Jean-Luc Mélenchon), on espère que la dynamique sera favorable.
« Pour moi, ça ne change rien »
Oui mais l’espoir ne fait pas le résultat. Et « le résultat jouera forcément » sur le rapport de force pour la suite à gauche, reconnaissent les deux militants qui se souviennent de la présidentielle 2022 et de la construction de la NUPES qui s’en est suivie avec aux législatives une nette domination insoumise sur les investitures.
En décembre 2023, alors que la NUPES était déjà morte, la secrétaire nationale des Verts Marine Tondelier disait dans un entretien au Figaro « aspirer à ce que, au lendemain des Européennes, on reconstruise une alliance entre la gauche et les écologistes, sur un rapport de force différent (de la présidentielle de 2022, ndlr), celui des Européennes ». Mais elle ne pourra pas compter sur ces militants insoumis. « En aucune raison on se soc-démocratisera », tranchent-ils. Peu importe quel est le rapport de force au sortir d’élections, on restera sur le programme de la NUPES avec ceux et celle qui le veulent. »
Mounir, 47 ans, est un insoumis récent mais tout aussi convaincu. « Pour moi, le résultat des européennes ne change rien. Il n’y a que LFI qui peut porter les sujets qui me tiennent à cœur », affirme-t-il. Maël, photographe de 21 ans venu de Tours est plus hésitant. Mais il rappelle qu’« en l’état actuel, LFI a été depuis le début porteur de l’union. » À bon entendeur.
« Ceux qui sentent pousser des ailes, qu’ils se sentent pousser des ailes »
Manon Aubry n’a pas entendu ces prises de paroles, mais elle sait sur quel levier appuyer pour parler à ses troupes. Sur scène, l’eurodéputée conclut son discours en vantant sa constance. Elle dit sa « fierté » de se retrouver sur la même scène qui, deux ans plus tôt, voyait naître la NUPES. Et tacle à tout va ses alliés de l’époque. « Le nouveau PS est différent de l’ancien. Avant ils attendaient d’arriver au pouvoir pour renier leur programme. Maintenant ils n’attendent même pas avant de s’asseoir dessus », étrille-t-elle, raillant ceux qui ont « promis la retraite à 60 ans en 2022 pour l’abandonner en 2024 », dans une référence à une récente déclaration de Raphaël Glucksmann.
« Revenir proposer ce que fait Hollande, ce n’est pas ce que l’urgence commande aujourd’hui et les gens n’ont plus confiance », abonde le député LFI Louis Boyard auprès du HuffPost. « Tout prouve aujourd’hui que c’est notre programme qui a raison » assure-t-il, serein quant à la suite des évènements. Manuel Bompard, lui, sourit : « Ceux qui sentent pousser des ailes, qu’ils se sentent pousser des ailes, ça ne me dérange aucunement. »
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