Européennes 2024 : Marine Le Pen tend la main à Giorgia Meloni (après l’avoir critiquée)

Marine Le Pen photographiée à Hénin-Beaumont vendredi 24 mai.
FRANCOIS LO PRESTI / AFP Marine Le Pen photographiée à Hénin-Beaumont vendredi 24 mai.

POLITIQUE - Encore un revirement spectaculaire du côté du Rassemblement national en vue des élections européennes. Dans des propos tenus auprès du quotidien italien Corriere della Sera, Marine Le Pen tend explicitement la main à la Première ministre italienne Giorgia Meloni, après une série de gestes amicaux entrepris dans le sillage du divorce entre le RN et l’AFD au Parlement européen.

Questionnée par le journal milanais sur le message qu’elle souhaiterait transmettre à la fondatrice du parti Fratelli d’Italia (qui a jusqu’ici topé avec Reconquête), la députée du Pas-de-Calais invite Giorgia Meloni à créer un « super-groupe » au Parlement européen à l’issue du scrutin du 9 juin. « C’est le moment de s’unir, ce serait vraiment utile. Si nous réussissons, nous pourrons devenir le deuxième groupe au Parlement européen. Je pense que nous ne devrions pas rater une opportunité comme celle-ci », estime Marine Le Pen.

Pourtant, c’est peu dire que la cheffe de file du RN, qui semble ici reléguer le président du parti Jordan Bardella au rang de spectateur, a souvent eu des mots durs à l’encontre de la Première ministre italienne. En meeting à Beaucaire au mois de septembre, Marine Le Pen, dont Matteo Salvini (La Ligue) est l’allié traditionnel du RN, avait raillé la position de Giorgia Meloni qui en appelle « à l’Union européenne pour résoudre la crise migratoire comme un enfant appelle maman quand il a un problème ». Sympa.

Contradictions politiques

Plus récemment, le 23 mars sur le réseau social X, la députée du Pas-de-Calais accusait la cheffe du gouvernement italien de se ranger derrière la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Mais ça, c’était avant que le divorce entre le RN et l’AFD oblige le parti lepéniste à revoir sa stratégie d’alliance au Parlement européen, sous peine d’isolement.

D’où ces appels du pied insistants à l’endroit de Giorgia Meloni. En dépit des contradictions politiques qui séparent Fratelli d’Italia du parti lepéniste malgré leurs convergences sur l’immigration. Atlantiste et pro-Otan, la responsable italienne a un logiciel diplomatique aux antipodes des orientations russophiles longtemps défendues au RN. Tout comme le parti de Marine Le Pen a une vision de l’économie bien plus étatiste que la Première ministre italienne.

En outre, que faire du PVV hollandais et de son leader Geert Wilders, lequel reste proche de Marine Le Pen, qui continue de prôner la sortie de l’UE, alors que le groupe dans lequel siège le parti de Giorgia Meloni est en quête de respectabilité au sein de l’institution européenne ? Et du FPO autrichien, en tête des sondages et qui multiplie les positions radicales et pros russes ? Autant de questions politiques que Marine Le Pen aura à dénouer pour aboutir au « deuxième groupe » dont elle rêve au Parlement européen.

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